🎙 À la rencontre de Frédéric Dugand, nouveau coach des U17 de l'ASSE

Formation | Publié le par Joris | 0 commentaire

Après le départ de Jean-Luc Dogon cet été, Patrick Moreau est monté d'une catégorie pour coacher les U19 Nationaux du club. C'est Frédéric Dugand jusqu'alors affecté à la préformation qui récupère cette saison les U17 Nationaux. Dans un entretien réalisé cette semaine, il s'est présenté à nous et a évoqué la saison qui se profile pour ses joueurs. 

Bonjour Frédéric, vous reprenez cette saison le groupe des U17 Nationaux qu’avait jusqu’alors Patrick Moreau. Pouvez-vous tout d’abord vous présenter pour le grand public ?
Je ne suis pas nouveau au club. J’ai fait toute ma formation de joueur ici jusqu’à stagiaire. Je suis revenu en tant qu’éducateur, ça fait sept ans maintenant. J’attaque ma huitième année. J’étais sur la préformation auparavant et cette année je suis en charge des U17 Nationaux. C’est un beau challenge mais les rouages du club, je les connais bien, je sais comment ça fonctionne. Ce n’est pas une nouveauté non plus : j’ai entrainé des séniors pendant quatre ans, j’ai été entraineur et joueur en National 2. Même si on m’a catalogué un petit peu "préformation" pendant six ou sept ans, le milieu adulte et début adulte, c’est quelque chose que je connais très bien.

Précédemment, l’ASSE a mis en place les groupes avenir, formation, réserve, comment avez-vous vécu ça de l’intérieur ? Qu’est-ce que cela a changé ?
L’année dernière c’était déjà en place. Ce sont des groupes de travail. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’on travaille avec deux générations quand on est dans le groupe de la préformation. Il y a des 2007, des 2006, ce sont des groupes enrichissants à travailler pour les joueurs. Cela leur permet de jouer et d’évoluer en plus grand nombre. Le reste, ça ne change pas fondamentalement le système d’entrainement.


"La différence avec la préformation c’est qu’on travaille en staff"

Qu’est-ce que la prise d’un groupe U17 National va changer pour vous, dans votre coaching ?
La différence avec la préformation c’est qu’on travaille en staff. Ça c’est vraiment une chose de différente. On travaille en staff avec la vidéo, la préparation physique, avec un deuxième entraineur parce que Patrick Moreau qui est coach des U19, on travaille sur les mêmes séances ensemble. Il y a juste une coordination à mettre en place. On prend nos marques, c’est très intéressant.

Vous allez d’ailleurs retrouver pas mal de joueurs que vous avez eus par le passé…
Je leur ai dit exactement ce message : je redécouvre mes joueurs. Je les connais tous mais je les redécouvre tous parce qu’ils ont deux ou trois ans de plus que lorsque je les avais. Ça me permet de voir leur évolution aussi, ça me permet d’aller un peu plus vite puisque je connais les postes, les attitudes, les adolescents. On gagne du temps là-dessus mais il ne faut pas rester sur des préjugés qu’on a eus à 14 ans alors que le joueur a évolué et que maintenant il joue en U17. Il faut laisser cette place à l’évolution.

Pouvez-vous d’ailleurs nous parler de l’effectif que vous allez avoir à votre disposition ?
Les effectifs changent. On joue avec des U16, des U17, on joue assez jeune. L’effectif que j’ai une journée ne sera pas le même la journée suivante. On entraine un effectif, un groupe. On va piocher, on va faire des équipes compétitives le week-end mais l’équipe type se dessine en fonction des aléas du dessus et ça se retranscrit sur nous. Il n’y a pas d’équipe type à proprement parler. On a des joueurs phares mais on va piocher en dessous et au dessus, ils auront besoin de certains de nos joueurs.

Comment s’est déroulé la préparation ?
On a fait une grosse préparation. On a jonglé avec la chaleur : on s’est entrainé le matin, les après-midis de temps en temps. Une grosse charge de travail a été mise en place, les joueurs l’ont assez bien digérée a priori. On n’a pas eu trop de blessés. Quand on arrive en fin de préparation sans trop de blessés, on se dit que la préparation s’est assez bien passée. Les gamins ont été attentifs. À cet âge-là, ça court dans tous les sens (sourire). On peut leur demander n’importe quoi, il y a beaucoup d’entrain.


"L’objectif est bien-sûr de former le joueur. Quoiqu’il arrive, on reste dans la formation, c’est ce qui nous intéresse avant tout" 

Quels objectifs on se fixe à l’aube d’une nouvelle saison quand on est entraineur des U17 Nationaux de l’ASSE ?
L’objectif est bien-sûr de former le joueur. Quoiqu’il arrive, on reste dans la formation, c’est ce qui nous intéresse avant tout. Parallèlement, on va créer une équipe. Pour nous, si on arrive à sortir deux, trois, quatre, cinq joueurs, on aura fait notre boulot. Après, bien-sûr, il y a un championnat, un classement, il ne faut pas le négliger, on ne le fera pas, on essayera de faire au mieux. On n’a pas d’objectif à proprement parlé puisqu’on reste dans de la formation de joueurs mais bien-sûr que l’objectif c’est que nos joueurs jouent à leur meilleur niveau et qu’on soit le plus haut possible dans le classement.

Il y a tout de même cette envie de former des compétiteurs et l’ASSE n’a pas été très loin des plays-offs les saisons précédentes. Est-ce que cela vous trotte dans la tête ?
Oui (sourire). Après ça reste méthodique, on ne peut pas se dire en début d’année qu’on va les jouer. Ce n’est pas possible. Je vous tiendrais ce discours à cinq matchs de la fin, si on est encore dans le coup. Les joueurs sont compétiteurs, nous aussi, c’est évident. Maintenant, encore une fois, on reste dans de la formation de joueurs. C’est ça qui est important.

Un sujet revient sur le devant de la scène du côté des supporters : le 3-5-2 utilisé par Laurent Batlles. Razik Nedder nous expliquait le mettre en place en réserve pour faciliter la passerelle entre les deux groupes, qu’en est-il dans les catégories en dessous ?
C’est un système qui nous parle bien. Comme nous sommes dans la formation de joueurs, il faut que ces derniers sachent défendre à trois et à quatre. On n’a pas un système type par contre on leur fait découvrir un système en 4-3-3 avec une pointe basse, un système en 3-5-2 ou encore en inversant le triangle au milieu… On n’est pas dans un schéma tactique aussi proche des pros comme le fait la réserve, on est encore dans l’apprentissage des systèmes. Si on arrive à avoir deux systèmes de jeu où les joueurs ont tout de suite leurs repères, quand on arrive à changer de système en cours de match, c’est déjà du bon travail.

Ce n’est plus possible désormais, à l’image d’Auxerre il y a quelques dizaines d’années, de faire jouer toutes les catégories du club dans un même schéma de jeu ?
Le football a évolué, ça va vite. Il faut vite s’adapter aux systèmes de jeu, aussi aux équipes adverses. C’est vrai qu’on pourrait avoir une organisation type des pros jusqu’aux U14 ou U15 mais on recrute des joueurs et en fonction de ces joueurs recrutés, on va adapter notre système de jeu. Je pense qu’un joueur doit être intelligent et l’intelligence c’est la capacité de pouvoir jouer dans n’importe quel système de jeu. S’il reste à l’ASSE et qu’on joue dans un certain système c’est bien, mais s’il est amené à partir ailleurs, il faudra qu’il découvre un autre système. S’il n’est pas habitué, ce sera un manque pour lui. C’est important que nos joueurs arrivent à jouer dans des systèmes différents.


"Le derby ? Ça s’aborde comme en pros ! Ce sont des matchs avec beaucoup d’engouement (...) C’est un match où le contenu, on ne sait même pas si c’est important"

L’ASSE retrouve l’OL cette saison dans sa poule, comment aborde-t-on ce match à la saveur si particulière en jeunes ?
En jeunes, ça s’aborde comme en pros ! Ce sont des matchs avec beaucoup d’engouement. On vient d’en disputer un, le week-end dernier (match nul 3-3, ndlr). C’est un match particulier parce qu’il y a de la rivalité que ce soit chez eux ou chez nous. C’est un match où le contenu, on ne sait même pas si c’est important. Ce qui est important c’est le résultat mais nous on reste quand même dans une préparation de match où on garde cette notion de derby mais ce qui nous intéresse c’est la haute intensité de ces matchs-là. On le cultive bien-sûr parce que moi je suis Stéphanois et quand j’étais joueur à Saint-Étienne, je la connaissais cette notion de derby. Automatiquement elle est dans mes gènes et dans ceux du club. Que ce soit en pros ou en jeunes, ce sont des matchs particuliers.

Que pouvons-nous vous souhaiter cette saison ?
J’ai une grosse saison, je passe le diplôme formateur aussi. Il faut me souhaiter la réussite dans cela et puis qu’on fasse un beau championnat en U17.

Comment convaincre les supporters de venir voir jouer les jeunes le week-end ?
L’argument c’est qu’on bosse bien à la formation. On essaye de faire évoluer nos jeunes, de créer du jeu, de travailler avec les outils à notre disposition comme la vidéo, la préparation mentale. Nos staffs de formation sont assez riches pour pouvoir être capables de sortir des joueurs et ceux qui intègrent le centre de formation à partir de 16 ans ont vraiment de la qualité. Ce sont vraiment ces joueurs-là qui font l’avenir de l’AS Saint-Étienne. On l’a vu sur les derniers joueurs qui ont pu évoluer, qui ont pu être vendus. Ce n’est pas anodin si on arrive à sortir des joueurs de haut niveau. On travaille, discrètement, méthodiquement. Moi qui suis passé de la préformation à la formation, je me suis rendu compte qu’il y avait un vrai travail qui nous fait comprendre pourquoi on a pu sortir des joueurs comme ça.

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