🚨Exclu - Hognon : "Saint-Étienne c'est fabuleux !"
Vincent Hognon s'est confié pour nous sur ses années à l'ASSE. Celui qui a évolué cinq saisons sous le maillot Vert est revenu sur ses souvenirs mais également sur la période compliquée que traverse le club. Ex-entraineur de Metz, le Nancéen de naissance a également évoqué le prochain adversaire des Verts. Une chose est sûre, Vincent Hognon a bien gardé Saint-Étienne dans son coeur.
Comment allez-vous et comment se passe votre carrière d’entraineur ?
Ça va bien. Comme tous les entraîneurs, il y a des périodes où cela se passe bien, d’autres moins. J’avais signé au Luxembourg mais je ne m’y plaisais pas du tout donc cela s’est très vite arrêté malgré des résultats positifs. Cela ne me convenait pas donc je suis parti. Je suis libre et tranquille (rires). J’attends le bon projet.
C’était au niveau de l’environnement que cela ne vous plaisait pas ?
Oui, il y a plein de choses. Je ne vais pas rentré dans les détails mais ce n’était pas ce que j’espérais.
Quelle analyse faites-vous du début de saison des Verts ?
Je n’ai pas vu tous les matchs. Évidemment j’en ai vu quelques-uns, notamment des très bons sur lesquels ils n’ont pas été récompensés. Je pense au derby, au match contre Angers. Il y a eu pas mal de matchs comme ça où cela n’a pas tourné pour eux donc forcément quand tu n’as pas gagné depuis autant de journées ce n’est pas facile, il y a une crise de confiance. Il y a un manque de confiance chez les joueurs. C’est un tout. Ce sont des périodes difficiles qu’il faut savoir traverser pour espérer des jours meilleurs. Il faut réagir et gagner rapidement.
"C'est incroyable quand la réussite vous fuit"
Saint-Étienne est-il capable de s'extirper de cette situation selon vous ?
Oui, la chance qu’a le club malgré les difficultés actuelles, c’est qu’il y a d’autres équipes qui sont très proches au niveau du classement. Évidemment il y a ce match face à Metz déjà extrêmement important pour les deux formations. Des équipes ne sont pas loin, ils sont capables de remonter la pente. Ils ont un effectif plutôt jeune qui a donc une marge de progression plus importante. Ils ont un entraîneur, même s’il est décrié, qui est plus que chevronné, qui a un palmarès. Donc oui, ils peuvent s’extirper de cette situation, il y a des joueurs intéressants mais après, pour le moment, ils n’arrivent pas à valider leurs temps forts et sur les temps faibles, ils prennent tout de suite des buts. Le match d’Angers, est terrible pour eux. Je l’ai regardé en intégralité, c’est dur pour eux. Heureusement qu’ils reviennent, c’est incroyable quand la réussite vous fuit… C’est difficile, mais il faut être persévérant et résilient pour faire tourner les choses.
Vous qui connaissez bien Metz également, qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans cette formation ?
Il y a une forme de continuité pourtant. Ils ont eu pas mal de blessés ces derniers temps… Je pense que c’est une équipe qui est en dessous de ce qu’elle peut faire puisqu’elle a acquis une certaine expérience de la première division. Les joueurs sont là depuis un moment, se connaissent. Comme pour Saint-Étienne, ils ont raté le coche sur deux ou trois matchs. Ils sont aussi dans la continuité de la fin de saison dernière, sur cette fin de saison dernière ils étaient sur cette même dynamique. Ce n’est pas toujours simple de casser une dynamique.
Pour vous ces deux formations souffrent des mêmes maux ?
Des mêmes maux je ne sais pas. En tout cas Metz prend trop de buts ça c’est une évidence. Au niveau de l’arbitrage, c’est vrai qu’il y a parfois des éléments contraires. Par exemple pour Saint-Étienne, face à Strasbourg, l’expulsion, avec également le but contre son camp juste avant… Cela fait beaucoup de faits contraires. Mais c’est le lot de toutes les équipes mal classées. Quand il y a une décision arbitrale, cela tourne rarement en votre faveur. Les réussites se provoquent aussi, il faut faire tourner les choses. Être persévérant, travailler, progresser pour les faire tourner. Vous verrez qu’à partir de ce moment-là, les victoires appelleront d’autres victoires. C’est vrai qu’il y a des maux en commun : la spirale négative, ce sont également deux équipes qui doutent.
Les deux équipes étant dans une spirale négative, une rencontre comme celle de samedi se jouera-t-elle avant tout sur l'aspect psychologique ?
Ce qui est sûr c’est que c’est un aspect important. L’engagement, la détermination, car au-delà du manque de confiance des deux équipes, elles ont un besoin impératif de gagner. Cela va se jouer sur la détermination, cela va dépendre également de quelle équipe va réussir à imposer son jeu. La détermination et le combat c’est bien, mais il faut aussi jouer au foot pour gagner des matchs. La force mentale influera sur la qualité du jeu de l’équipe. Celle qui maitrisera le mieux l’environnement, la situation, aura plus de chance de l’emporter.
"Saint-Étienne c'est fabuleux ! C'est un club où tout le monde a envie de jouer"
Vous qui connaissez bien le public stéphanois, qu’avez-vous pensé à la suite des évènements survenus en marge du match face à Angers ?
J’étais devant la télé, j’attendais que cela démarre. Cela a démarré bien tard… (rires) C’est compliqué parce que Saint-Étienne c’est fabuleux ! C’est un club où tout le monde a envie de venir jouer. Moi j’ai envie d’y revenir un jour, c’est une évidence. C’est fantastique de jouer avec ce public-là. Cela vous aide beaucoup. En ce moment, on se rend compte que dans le foot, il y a beaucoup plus de débordements qu’auparavant. À la fois on peut comprendre : le manque de résultats provoque une forme de colère, il y a des choses qui ne vont pas forcément. Mais en même temps, est-ce que c’est la bonne réponse ? Comment peut-on aider le club du mieux possible quand on est supporter ?
Le prochain match au stade Geoffroy-Guichard va se jouer à huis-clos contre Clermont en attendant les décisions ultérieures. Malheureusement, cela pénalise. Après, on a vu que les joueurs ont tout de même été soutenus pendant le match, et c’est presque dommage d'avoir vu ça parce que les joueurs vont au bout d’eux-mêmes pour aller chercher ce résultat nul mérité. Finalement, ce qu’il s’est passé au départ, cela pénalise plus le club qu’autre chose, malheureusement.
On peut comprendre que les supporters attendent une victoire, qu’ils soient impatients. Le club est en vente aussi, il y a plein de choses qui peuvent entrer en ligne de compte sur la frustration que peuvent ressentir les supporters. Cependant, cela va pénaliser le club car c’est pénalisant de jouer à huis-clos, surtout quand on est à Saint-Étienne, c’est très pénalisant. C’est dommage, il faut trouver un juste milieu, un équilibre entre la pression populaire et supporter l’équipe. L’important c’est le club. Pour que le club fonctionne, il faut gagner des matchs, et pour gagner des matchs, c’est plus facile quand l’équipe est soutenue.
Justement, vous parliez de la vente du club quel regard portez-vous sur celle-ci ?
Ce n’est pas un environnement extrêmement favorable on va dire. J’ai eu le même cas lorsque j’étais à Nancy, ce n’est pas quelque chose de très positif mais en même temps Roland (Romeyer) et M. Caïazzo sont restés longtemps. Ils ont la volonté de vendre le club, et cela doit se faire. C’est comme ça, c’est une période pas simple à traverser. Ce n’est pas idéal comme situation. Néanmoins, cela reste leur droit de vouloir vendre le club, Roland (Romeyer) cela fait longtemps qu’il est là, je l’ai eu encore récemment au téléphone, parce que lorsqu’on est Stéphanois un jour, c’est pour toujours. On échange de temps en temps. La vente peut être pénalisante mais que faire d’autre ? Il faut prendre le temps, choisir le projet intéressant pour le club surtout, et tomber d’accord. Je pense que Roland cherche ça.
"Stéphanois un jour, Stéphanois toujours" comme vous dites, vos vertes années justement, qu'en retenez-vous ?
Franchement que du bonheur. Cela a été mes meilleures années de foot, j’étais très heureux, je pensais d’ailleurs rester jusqu’à la fin de ma carrière. Cela ne s’est pas fait, c’est comme ça. J’ai vécu cinq années formidables sportivement, humainement aussi il y a eu de très belles rencontres. Je reviens très souvent dans la région. Depuis que je suis parti, je sais qu’un jour je reviendrai, je ne sais pas quand, ni à quel poste mais je sais qu’un jour une opportunité se présentera et je reviendrai à Saint-Étienne. C’est un club pour moi à part dans ma carrière, quelque chose de fort.
Vous parlez d’un départ pas franchement voulu ?
L’entraineur comptait moins sur moi (NDLR : Laurent Roussey qui prend les rênes du club à l'été 2007). J'avais encore envie de jouer et puis voilà les choses se sont faites comme ça. J’ai été content à Nice aussi. Cela ne sert à rien de trop forcer quand l’entraineur ne compte pas trop sur vous. C’est une situation que je n’avais jamais connu, je pense que j’aurais pu gagner ma place. C’est comme ça. Dans le foot, cela va vite et je ne regrette rien. Les choses doivent se passer, elles se passent. C’est ainsi (rires).
"Saint-Étienne c'est quelque chose à part"
Votre souvenir le plus fort sous le maillot Vert qu’il soit bon ou mauvais ?
Il y en a plein. Le jour du titre de champion de Ligue 2, c’était une belle journée. La première division avec Elie Baup, c’étaient de belles années avec des copains. Julien Sablé d’ailleurs que je vais voir demain, et Fred Emile étaient déjà là. Beaucoup de belles personnes, il y avait tout pour moi : de la qualité humaine, de la compétence , un environnement de foot incroyable. C’est vrai que Saint-Étienne c’est quelque chose à part.
Justement vous nous parlez de belles personnes, avez-vous gardé des contacts avec les joueurs avec qui vous avez évolué à Saint-Etienne et plus largement au sein du club en dehors de ceux que vous nous avez cité ? On pense notamment à Jérémie Janot ou encore à votre compère de défense Zoumana Camara
Oui bien sûr. Jérémie un peu moins ces derniers temps, mais je l’ai croisé souvent. « Papus » (Camara) oui souvent, je l’ai régulièrement au téléphone. On se croisait également quand on jouait l’un contre l’autre : lui était adjoint, moi aussi. Je vois pas mal d’anciens, notamment Loïc Perrin vu que je descends souvent sur Saint-Étienne quand je ne travaille pas.
En parlant d’anciens joueurs, quel est celui qui vous a le plus marqué à Saint-Étienne et/ou dans votre carrière ?
C’est une question difficile, très difficile. Franchement, je ne sais pas si je peux répondre à cette question. (Il réfléchit) Non c’est trop dur de sortir un nom, parce qu’il y a des gens qu’on voit au premier abord et qu’on connait un petit peu mais finalement ces personnes-là, on les redécouvre plus tard. Sur le moment ce n’est pas forcément des personnes qui nous marquent ou dont on est très proche, mais avec le temps on se découvre plus tard. Cela m’est arrivé dans ma carrière. C’est difficile d’en sortir un, je ne répondrai pas à la question, joker ! (rires)
On se souvient de vous en tant que défenseur bien sûr mais aussi en tant que buteur, d’où teniez-vous ce sens du but ?
Ça je n’en sais rien, je n’ai jamais été attaquant (rires). J’aurais bien aimé mais je n’avais pas assez de qualités pour ça, il en faut beaucoup plus. J’ai toujours eu ce sens du but et puis une certaine forme d’adresse. J’avais aussi de la malice pour me retrouver au bon endroit au bon moment. Quand on était plus jeunes, on jouait tous un petit peu à tous les postes. Quand j’ai commencé le foot, on jouait de partout (rires). J’ai acquis cette qualité-là, c’est vrai.
"Ce que je peux vous dire c’est que depuis que je suis parti, je sens que je reviendrai un jour"
Vous parliez de revenir un jour à Saint-Étienne, est-ce pour vous un objectif ? Si oui, au poste d’entraineur ?
Ce n’est pas un objectif en tant que tel, un objectif pur et dur. C’est un pressentiment plus qu’autre chose. Si on me demande aujourd’hui où j’aimerais revenir un jour, oui c’est dans un club comme celui-là, à Saint-Étienne.
Pour le poste, je ne sais pas. J’ai été entraineur adjoint, entraineur principal, j’ai pu faire d’autres choses aussi, j’ai d’autres compétences. J’ai une palette assez large, et il en est de même pour les choses qui m’intéressent. Je ne sais pas quand, quoi et comment. Ce que je peux vous dire c’est que depuis que je suis parti, je sens que je reviendrai un jour. C’est comme ça. Peut-être que je me trompe (rires). L’histoire entre" l’AS Saint-Étienne et moi, c’est une histoire forte, en tout cas pour moi.
Pour finir, un petit pronostic sur le match de samedi ?
Je serai au match, j’habite toujours du côté de Nancy. C’est dur parce que ce sont mes deux anciens clubs (rires). À Metz j’ai vécu mes meilleurs moments d’entraineur d’un point de vue sportif. Bon, on va dire Saint-Étienne forcément, si je laisse parler mon cœur.