🎙 Huard : "Geoffroy n'est pas une chape de plomb mais un volcan !"
Le Directeur du centre de formation de l'AS Saint-Étienne, Laurent Huard, s'est confié à notre micro en ce début de saison. Après avoir fait un point sur la saison passée, il s'est projeté sur celle en cours en évoquant les objectifs sportifs et de formation de cet exercice 2023-2024.
Laurent, quel bilan tires-tu de la saison passée ?
Ça nous paraît déjà un peu loin parce qu’on se projette, on anticipe et on voit un peu plus loin. On s’en satisfait, on a des jeunes qui ont plutôt avancé. On a joué jeune, à l’image de l’équipe réserve quand je voyais le milieu de terrain (2006, 2005, 2004), c’était un milieu de terrain U19, donc c’est intéressant. On a pu faire avancer les jeunes. Après, si je me focalise sur les résultats des équipes, on veut toujours faire mieux, aller chercher quelque chose. On est compétiteur, on l’a en nous et on est toujours un peu d’éternels insatisfaits. Sur le travail de fond et sur le développement des jeunes joueurs on est plutôt satisfait.
"La formation c’est ça : il faut franchir des marches. Il faut trouver la bonne marche à franchir pour ces jeunes joueurs, qu’elle ne soit pas trop haute mais qu’elle ne soit pas non plus trop facile parce qu’on pourrait se mentir"
Pour rebondir sur le sujet, on voit régulièrement la réserve du club jouer jeune, c’est une volonté du club de confronter ses joueurs de plus en plus jeunes à un championnat d’adulte ?
La formation c’est ça : il faut franchir des marches. Il faut trouver la bonne marche à franchir pour ces jeunes joueurs, qu’elle ne soit pas trop haute mais qu’elle ne soit pas non plus trop facile parce qu’on pourrait se mentir. Jouer jeune ça en fait donc partie, comme les prêts qu’il y a pu y avoir, de Yanis Lhéry et Mathys Saban. C’est aussi une étape supplémentaire pour eux, pour aller chercher une marche plus haut derrière. Sans doute que la marche de la réserve n’était plus assez haute pour eux.
Pour les jeunes joueurs, il y a une répercussion : quand on joue jeune en réserve, obligatoirement ces joueurs-là ne jouent pas en 19, donc on joue plus jeunes en U19, en U17 etc.
Tu l’as évoqué : deux joueurs du centre ont été prêtés au Luxembourg championnat assez méconnu. Yanis Lhéry et Mathys Saban, quel en est le but ?
Je ne suis pas l’expert du football international et de tous les championnats mais j’ai pu voir notamment les joueurs qui sont dans ce championnat-là. On se rapproche d’un championnat National (1), donc obligatoirement c’est au dessus de la National 3. Pour eux c’est une étape supplémentaire à franchir. Le but, c’était de les faire jouer dans une équipe première, qu’ils s’imposent dans un groupe professionnel, avec un championnat qui est aussi en développement. Maintenant, ils ont les cartes en main.
Ces joueurs qui se situent entre le groupe pro et la formation, qui sont prêtés, comment on les suit ?
On continue d’avancer sur l’accompagnement de ces jeunes joueurs. On avait beaucoup avancé sur le sujet l’an dernier, dans un premier temps sur un plan humain, puis avec du contenu et de la précision dans le développement du joueur et de l’homme. Ils font partie des joueurs qu’on va accompagner cette année. C’est un échange régulier : savoir déjà comment se passent leurs premiers jours. Il y a une relation avec une personne du club, c’est une accroche. Il va y avoir un suivi, ils seront vus en match, on ira les voir aussi parce qu’on a créé une relation humaine avec ces joueurs du club. C’est nécessaire et ce sera fait.
Quel bilan tires-tu de la mise en place des groupes avenir, formation, réserve ?
Il y a quelques ajustements au niveau des éducateurs : certains nous ont quitté, d’autres qui ont été promus et qui ont pu nous rejoindre. Au niveau du groupe avenir, on s’est davantage focalisé sur les jeunes U16, on ouvrira peut-être sur quelques jeunes U15 pour permettre de continuer d’avancer. Sur le groupe formation et sur le groupe réserve, il y a des ajustements d’hommes pour avoir des staffs précis et complets pour bien travailler.
Tu parlais d’ajustements, le coach Dogon est parti ce qui a engendré quelques mouvements au niveau des coachs de la formation, comment on gère ça ?
C’est du management. La première question c’était de savoir si en interne on avait les ressources qui nous permettaient de continuer à bien travailler avant de regarder à l’extérieur. C’est ce qu’il s’est passé avec Fred’ Dugand qui est passé de la pré-formation aux U17 mais également au niveau du club un peu plus largement avec notamment l’école de foot, des jeunes éducateurs qui sont en capacité de grandir avec le centre de formation.
"On peut et on doit travailler sur la progression du jeune, tout en intégrant qu’on est compétiteur tous les jours"
Comme chaque année, la direction technique nationale publie un classement des centres de formation, l’ASSE glisse cette saison à la 5ème place. Quel regard portes-tu sur celui-ci ?
Je vois toujours le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. On reste dans le peloton de tête avec des grosses écuries. On arrive à rivaliser avec nos moyens qui ne sont pas forcément les mêmes que certaines grosses écuries. On est plutôt fiers de ça. Ça nous oblige nous à être très bons sur certains domaines. On a aussi nos particularités : Saint-Étienne, le club, son histoire, notre fonctionnement, notre identité. Cela peut intéresser et ça attire des jeunes joueurs.
On est très bien noté sur la professionnalisation, sur la représentation européenne. Ce que je retiens c’est qu’on reste dans ce peloton de tête, qu’on rivalise avec des grosses écuries.
C’est quelque chose que l’on garde sur du court et moyen terme. Il ne faut pas se relâcher, il faut aussi être capable de fournir les sélections nationales, où on est bien aussi. On sait où on se situe : sur le domaine scolaire par exemple, on sait qu’on a peut-être moins d’élèves à présenter que certains clubs. On aura donc sans doute moins d’étoiles là-dessus. Moi ce qui m’intéresse ce n’est pas le nombre mais le pourcentage : l’an dernier, au niveau du bac général par exemple on a eu 90% donc on est dans les moyennes hautes. On sait que là par exemple, on ne pourra pas faire beaucoup mieux.
On imagine que l’objectif reste toujours la formation du joueur, néanmoins est-ce qu’on garde dans un coin de la tête le classement et d’éventuels plays-offs et/ou montée pour la réserve ?
Quand je faisais le bilan de la saison passée, c’est ce que je disais. On a fini troisième avec la réserve, on ne se serait pas gêné si on avait pu accrocher la première place. Il y a aussi eu les 17 qui ont un peu craqué à la fin, les 19 qui ont eu un départ difficile. On se doit d’être des compétiteurs. On peut et on doit travailler sur la progression du jeune, tout en intégrant qu’on est compétiteur tous les jours. Le week-end, c’est vrai qu’on joue jeune, nous aussi on se met une petite marche supplémentaire, mais cette difficulté on veut la franchir pour gagner des matchs et peut-être du temps.
"Nous on veut bien les accompagner et le public est aussi important pour le faire et leur montrer que les supporters sont là, à les encourager. Leur montrer que ce n’est pas une chape de plomb Geoffroy-Guichard, au contraire c’est un volcan !"
Ça fait maintenant quatre ans que tu es revenu au club, trois que tu travailles au centre de formation. Comment l’as-tu vu évoluer pendant ces années et quels objectifs te fixes-tu pour la suite avec éventuellement des axes d'amélioration ?
On parlait du classement du centre de formation, c’est un repère même s’il n’y a pas que ça. Il y a les résultats aussi. Moi ce qui m’intéresse au quotidien c’est d’avoir des personnes compétentes, développer des personnes encore plus compétentes pour accompagner nos jeunes. L’idée c’est d’avoir de très bons jeunes. Il faut les développer pour qu’ils soient encore plus vite prêts. On les accompagne, on ne veut pas les lâcher sur le plan humain. On veut les renforcer pour qu’il puisse franchir cette dernière marche. On veut des jeunes qui ont envie de grandir à l’AS Saint-Étienne, qui soient «fiers de». On veut sentir que l’équipe d’éducateurs s’éclate au quotidien à travailler ensemble. C’est aussi une de mes bases en temps que manager.
Pour finir, quel message aurais-tu envie de livrer aux supporters stéphanois pour leur donner envie d’aller voir jouer les jeunes ?
Ce sont des jeunes qui prennent des risques, qui s’éclatent. En venant les voir jouer, les supporters vont les connaître. L’idée c’est qu’ensuite ces jeunes-là évoluent un jour à Geoffroy-Guichard. Tu crées une fibre, une relation avec ces jeunes et tous ceux qui sont autour des terrains les week-ends. Tu encourages, tu pousses, et tu as envie que ça marche. À l’image de Karim (Cissé), tu pardonnes aussi un peu plus l’erreur quand tu as connu le joueur en jeunes. Je pense que le public stéphanois est indulgent face à ces jeunes joueurs, qui donnent le maximum, qui ne font sûrement pas encore tout bien, mais on a de beaux potentiels. Il y a des beaux potentiels joueurs à venir. Nous on veut bien les accompagner et le public est aussi important pour le faire et leur montrer que les supporters sont là, à les encourager. Leur montrer que ce n’est pas une chape de plomb Geoffroy-Guichard, au contraire c’est un volcan ! On veut y emmener nos jeunes.