đź–¤ Il était Georges Bereta đź–¤

Anciens Verts | Publié le par Jacky | 16 commentaires

Une légende du football stéphanois vient de nous quitter.  L’enfant du pays Georges Bereta est décédé ce mardi 4 juillet, il avait 77 ans. Qui était-il ?

Enfant d’une famille d’origine polonaise il a grandi dans le quartier de Montreynaud. C’est à l’âge de 11 ans qu’il débute à l’ASSE. Pendant de longues années il restera un apprenti footballeur anonyme. En même temps, pour assurer l’avenir, il suivait une formation d’armurier (son nom le prédestinait peut-être à ça ?). Il sera pendant quelques temps, polisseur de fusils chez un fabricant d’armes de la ville. Curieusement, ce n’est pas avec le maillot vert qu’il va se révéler, mais sous la tunique du bataillon de Joinville. C’est dans cette unité, que certains sportifs de haut-niveau, étaient appelés, pour effectuer leur service militaire. Jacques Anquetil, Zinédine Zidane et Yannick Noah par exemple, comptent parmi les nombreuses célébrités passées par là.


Pour une fois, Jean Snella n’avait pas été visionnaire. Il avait douché l’enthousiasme du jeune stéphanois, en lui affirmant qu’avec des cuisses aussi grosses, on ne peut pas être un bon footballeur. C’est Lucien Troupel le technicien du bataillon, qui décela son talent. Il avait déclaré au coach stéphanois : « Tu as le meilleur ailier gauche de France, et tu ne le sais pas. Bereta est un joueur extraordinaire ». Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Dès le match suivant face à Lille, le titulaire Fefeu étant blessé, il aligne le jeune troufion. Georges Bereta ne quittera plus l’équipe, et endossera la tunique verte à 344 reprises. Ils sont seulement 12 à totaliser plus d’apparitions que lui, dans le onze fanion.


Il deviendra l’un des meilleurs joueurs français de l’histoire, évoluant sur le côté gauche. Il a bien contribué à ce que les attaquants de l’époque dont Hervé Revelli ou encore Salif Keita, deviennent les grands buteurs que nous connaissons. Ses centres au cordeau étaient millimétrés, mais il possédait aussi une redoutable frappe de balle et une excellente technique. Peu de défenseurs ont gardé un bon souvenir de leurs confrontations avec ce phénomène.


Capitaine des Verts, il porta également le brassard de l’équipe de France. Il fut appelé 44 fois en sélection, dont 41 alors qu’il était à l’ASSE, ce qui fait de lui, le plus capé des Stéphanois. Malheureusement ce n’était pas une époque resplendissante pour les tricolores qui seront privés de deux coupes du monde en 1970 et 1974.


Sa classe sur les pelouses n’avait d’égal que sa mentalité, typiquement stéphanoise de l‘époque. Travail, simplicité et modestie, il était très abordable à tous, et toujours souriant. Le club était sa deuxième famille. Il n’avait pas besoin d’embrasser l’écusson à chaque but, tellement c’était évident. Fin 74 sa carrière prit une tournure scandaleuse. Il fut tout simplement prié de quitter le club, contre sa volonté pour rejoindre l’Olympique de Marseille. L’ASSE avait, parait-il, besoin d’argent. Sans le prévenir le président Rocher avait décidé, avec son homologue marseillais Fernand Méric, son transfert, pour une somme de 500 000 francs ce qui constituait un beau pactole. Ils ne se doutaient pas que cette décision allait provoquer une immense colère et la fronde du public à l’encontre de Roger Rocher. Celui-ci démissionnera un temps, avant de faire machine arrière assez rapidement. Le joueur malgré la promesse du salaire mirobolant qui l’attendait, était complètement anéanti. Il pensait bien faire toute sa carrière à Saint-Étienne. Roger Rocher ne reviendra pas sur sa décision. Il a le soutien de Robert Herbin qui affirmait avoir dans l’effectif, la possibilité de le remplacer. Georges Bereta ne leur adressera plus jamais la parole.


La communication du club fut tellement déloyale que certains furent persuadés que c’était le joueur, attiré par les conditions proposées, qui était à l’origine de ce transfert. Les insultes et les sifflets se firent entendre lors de son retour en championnat, dans le Chaudron.
« Bérette » ne vivra donc pas les épopées européennes qui vont suivre. Il avait pourtant brillamment participé au premier acte, la victoire historique contre Split (5-1). Il ne se doutait pas que le but qu’il inscrivit ce jour-là, sur pénalty, était son dernier sous le maillot vert. Évoluant en fin de carrière au milieu de terrain, il ajoutera à ses six titres de champion, une quatrième coupe de France qu’il remportera avec Marseille, où il passera quatre saisons.


Sa carrière de joueur terminée, il reviendra dans sa région d’origine, plus précisément à Roanne dont il deviendra l’entraineur. Comme beaucoup de joueurs retraités à cette époque, il sera également représentant en articles de sports pour l’équipementier aux trois bandes.
L’histoire se terminera malgré tout en vert. Il est à l’origine de la création de l’amicale des Anciens Verts et retrouvera son club de cœur en prenant la responsabilité de la préformation. À l’occasion des 80 ans de l’ASSE, le club, reconnaissant, le nommera ambassadeur à vie. C’était la moindre des choses.

Merci pour tout M. Bereta.

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