#PSGASSE : "Saint-Etienne a sacrifié sa première partie de saison"
Avant la rencontre face au Paris Saint-Germain de ce dimanche à 13h00, nous avons posé trois questions à Philippe, fondateur du site CulturePSG. L'occasion d'en savoir plus sur l'adversaire des Verts et de connaître le regard des Parisiens sur l'ASSE.
Cette saison le Paris Saint-Germain ne survole pas la Ligue 1. Est-ce dû à une adversité plus forte, ou Paris est simplement moins souverain ?
Un peu des deux. Lorsqu’on regarde le classement, on s’aperçoit qu’après 32 journées, le LOSC a 69 points. Je suis à peu près certain que c’est plus que lorsqu’ils ont été champion en 2011. Ça veut dire qu’il y a des équipes qui tournent. Lille n'a perdu que trois matchs cette saison. Quatre équipes se tiennent en cinq points et totalisent plus de deux points par match en moyenne. Ça veut dire qu’il y a une vraie concurrence en Ligue 1, une équipe comme Monaco s’est totalement relancée et je crois que sur les 20 derniers matchs, ils sont sur une série hallucinante (10 victoires, 2 nuls et 1 défaite). Il y a une vraie lutte pour le titre que le PSG n’avait pas connue depuis plusieurs années.
"Le PSG n’a pas eu de vacances"
Après, il faut aussi le dire, le PSG est moins bon que les années précédentes. Le fait qu’on ait perdu huit matchs, c’est beaucoup trop. On a par exemple enchaîné trois défaites à domicile dernièrement, c’est quelque chose qu’on n’avait plus vu depuis les saisons où on jouait le maintien au milieu des années 2000. Il y a trois grands facteurs à cette situation. L’enchaînement de la saison 2019-2020 et 2020-2021, le PSG n’a pas eu de vacances. Pendant que les autres formations se préparaient, le PSG disputait un Final 8 de Ligue des Champions. On a commencé la saison sur les rotules, sans pouvoir faire de préparation physique. Cette absence de préparation a coûté très cher au club. Toute la première partie de saison, le PSG était inférieur à son adversaire sur le plan physique. La conséquence de cette absence de préparation c’est que le PSG a énormément de blessés. Cette année le match où on a le moins d’absents, c’est quatre.
Des joueurs comme Neymar, Di Maria, habituellement performants en Ligue 1 et qui nous font gagner des matchs en gagnent beaucoup moins. Avant d’affronter Saint-Etienne, Neymar qui sera d’ailleurs absent a marqué trois buts dans le jeu en Ligue 1, six au total (dont trois penaltys). Il y a quelque chose de gênant au PSG, c’est que l’on manque de continuité d’un match à l’autre en raison des absences. L’équipe n’est jamais la même.
Quels sont les points forts et faibles de cette formation désormais entraînée par Pochettino. Le nouveau technicien a-t-il déjà posé sa patte sur l’équipe ?
L’empreinte est plus tactique qu’autre chose, avec ce 4-2-3-1. Les soucis que l’on voit en Ligue 1 et les bons points en Ligue des Champions, on les voyait déjà sous l’ère Tuchel. Lui-même le dit, il faudra commencer à le juger à partir de la saison prochaine. Il arrive en milieu de saison, il récupère une équipe à la rue physiquement, c’est pour ça qu’il a beaucoup fait travailler l’équipe sur ce point en janvier. On est dans une équipe en transition entre deux entraîneurs.
La patte Pochettino, on peut la sentir sur certains points. Notamment sur la défense sur CPA, on a abandonné la zone mixte utilisée sous Tuchel, on est repassé à l’individuel. La grande trouvaille de Pochettino avec le 4-2-3-1, c’est de faire évoluer Verratti un cran plus haut. On peut sentir sa patte sur les choix des joueurs. Un joueur comme Bakker a beaucoup joué avec Tuchel, il joue beaucoup moins avec Pochettino. Il a restreint son groupe au niveau des rotations. Mais en Ligue 1, on ne sent pas vraiment la patte du nouvel entraîneur, c’est plus en Ligue des Champions que l’on peut voir une vraie différence.
Quel regard tu portes sur la saison de l’ASSE et sur le club en général ?
Pour moi il y a deux saisons en une. Il y a une saison avant la vente de Wesley Fofana et une saison après. Je comprends que l’ASSE a des besoins financiers en période COVID, tous les clubs ont besoin d’argent, même au PSG, malgré le Qatar, aujourd’hui on a besoin d’argent. Mais aller vendre ton meilleur défenseur central alors que la saison est commencée, même pour 35M€ c’est s’envoyer une rafale de Kalachnikov dans le pied. C’est une des décisions les plus débiles que j’ai vu à la tête de l’AS Saint-Etienne ces dernières années et Dieu sait que les deux futés en ont pris des belles.
A partir de là, tu as une équipe très jeune, peut-être même trop jeune et qui galère à enchaîner les bons résultats. Il ne faut pas oublier qu’après quatre journées, Saint-Etienne est leader avec 10 points sur 12 possibles. C’est un bon début de saison sur lequel le club n’a pas su capitaliser je pense parce que la fin de mercato a été mal gérée. Pour les comptes, elle est bien gérée, évidemment. C’est une manne d’argent inespérée, qui fait du bien. Mais le non-remplacement de Fofana a coûté super cher. Après il y a le recrutement cet hiver de Pape Abou Cissé qui est à mon sens une bonne recrue. Mais Saint-Etienne a sacrifié sa première partie de saison avec ce non-remplacement en défense centrale, ou tout du moins cette mauvaise gestion de la vente de Fofana.
"Jessy Moulin a fait une super finale de Coupe de France, mais il n’a pas le niveau pour être titulaire à l’ASSE en Ligue 1"
Ensuite, vous avez des problèmes de fond. Un peu comme avec votre direction, vous avez deux tendances qui se croisent et n’arrivent pas à cohabiter entre elles et qui rendent au contraire les choses impossibles à diriger. Que ce soit pour le club en général avec Caïazzo et Romeyer qui partent chacun d’un côté sans se parler, on a vu le sketch avec l’attaquant du Zamalek au mercato d’hiver. Au niveau de l’effectif on a les vieux de l’époque Gasset et de l’autre les jeunes que Puel veut utiliser et faire progresser et je pense qu’il a raison, mais il y a trop de vieux par rapport à ce qu’il y a de jeunes. Il y a à la fois trop de joueurs, trop de jeunes paradoxalement et des trous à des postes clés. Jessy Moulin a fait une super finale de Coupe de France, mais il n’a pas le niveau pour être titulaire à l’ASSE en Ligue 1.
Je pense que Puel est un entraîneur qui a des idées et une vraie vision. Il a eu des résultats dans sa carrière, il a fait des choses. Mais aujourd’hui Saint-Etienne me semble être un club où il est impossible d’avancer sereinement de part cet actionnariat bicéphale qui a aujourd’hui atteint ses limites. Caïazzo et Romeyer ont sauvé l’ASSE à une époque, mais là c’est le moment de passer la main messieurs. Il faut savoir dire stop.
L’ASSE géant endormi, mais il ne manque peut-être pas grand-chose parce que Saint-Etienne forme correctement ses joueurs et avoir un bon centre de formation en France ça vaut cher.