đ„ Rachat : Un projet porté par un stéphanois promet 85M€ à 100M€
Ce matin, nous évoquions la concurrence entre deux projets de rachat de l'AS Saint-Étienne. Un porté par Ivan Gazidis, ancien directeur général d'Arsenal et de l'AC Milan, soutenu par un fonds canado-américano-chinois, l'autre par Santiago Cucci épaulé par Michaël Benabou, co-fondateur de venteeprivée et classé à la 118e place des plus grandes fortunes de France.
Cette révélation du journal L'Équipe a poussé un autre porteur de projet à sortir de l'ombre, lui dont les esquisses du projet avait fait l'objet de quelques lignes dans le quotidien sportif national récemment.
Il s'agit d'Hubert Patural, né à 500 mètres de Geoffroy-Guichard et fan inconditionnel des Verts. Résident à Sitges, une station balnéaire à côté de Barcelone. Cet homme d'affaires est investisseur ou administrateur d'une quinzaine de sociétés. Il porte un projet intitulé "Go Greens" rassemblant 200 amis, des entrepreneurs, des sportifs, des personnalités, des dirigeants de clubs de supporters... Il a livré les contours de son projet dans un entretien accordé à Foot Mercato dans lequel il affirme pouvoir provisionner 85M€ à 100M€ pour la prochaine saison, dont 40M€ pour l'acquisition du club.
Le candidat au rachat du club revient notamment sur sa rencontre avec Roland Romeyer et sur les complications qui se sont rapidement présentées à lui, ce qui n'est pas sans rappeler les propos d'anciens candidats : "Elle se fait d’une façon informelle à Lyon, début avril, en présence de nos conseils respectifs [...] Nous parlons aussi du club, de la saison, de sa vision d’avenir, de sa fatigue, mais aussi de sa passion pour ce club.
Il me fait part de son intention de céder le club, en accord avec son associé (Bernard Caiazzo, ndlr), pour un montant compris entre 25 et 30 M€ selon un bonus de remontée. Je lui exprime clairement que je suis en mesure de provisionner, avec mes investisseurs, entre 85 et 100 M€ d’investissements dès la prochaine saison, dont 40M€ pour l’acquisition, que le club soit en Ligue 1 ou en Ligue 2. Il est convenu que mes conseils se rapprochent dès le lendemain de son cabinet d’expertise-comptable (KPMG, ndlr) pour avoir accès à la data room. Je lui exprime mon souhait que nos banques d’affaires réciproques soient mandatées pour mener à bien ce deal. On se quitte sur la promesse de se revoir au plus vite. On se donne même une tape sur l’épaule en guise de complicité (sourires).
Sur des prétextes fallacieux de tiers et changeants heure après heure, on nous refuse immédiatement l’accès alors que toutes les conventions de confidentialité ont été signées. « Si vous changez d’avocats, si vous nous présentez une preuve de fonds de 30M€, si vous acceptez de négocier exclusivement avec notre cabinet d’expertise comptable ! » nous répond-on… Un échange téléphonique 48h après notre rencontre me permet de clarifier à Romeyer. Je lui dis : « la balle est dans votre camp ». Cela se solde le lendemain par une fuite incongrue dans la presse de notre rencontre pour justifier la rupture de nos relations."
Pas freiné par ces premiers obstacles, Hubert Patural continue la structuration de son projet. Un projet de business-socios, pour donner aux supporters une véritable place dans le développement du club : "j’ai la conviction que l’ASSE appartient à tout le peuple vert et à personne en particulier, quel que soit le ticket d’investissement apporté. Chaque supporter est un socio qui peut devenir propriétaire d’un petit bout du club, titre et regard sur la politique du club qu’il pourra léguer à ses descendants. Le président et les membres du conseil ne sont donc pas ceux qui possèdent le club, mais ceux qui sont choisis par les socios dans le secret de l’isoloir, comme au Barça ou au Real. Un supporter équivaut à une voix. Ce modèle hybride ne peut fonctionner que pour des clubs à très forte identité régionale et historique comme l’ASSE. En résumé, mon projet « GO GREENS » n’est pas un projet associatif de plus, mais un projet d’entreprise dont les socios sont les garants des enjeux. Moi, je garantis les fonds."
Son ambition ne s'arrête pas là. S'il parvient à ses fins, l'homme d'affaires ligérien veut faire de l'AS Saint-Étienne un club omnisports. Enfin, ce dernier ne cache pas ses craintes concernant l'avenir immédiat du club, face à une situation financière qu'il juge plus qu'inquiétante : "Les intrigues, l’opacité, les manipulations, les zones d’ombres attisent ma curiosité. Mes équipes se mettent en veille et intelligence économique pour "creuser" un peu plus. Mes réseaux s’activent et posent des questions. Et les réponses m’alertent. Le club est en vente, oui, mais il ne sera pas vendu à n’importe qui. L’acheteur devra se montrer peu regardant des "cadavres" oubliés dans les placards [...]. Le défi pour tous, c’est assurer la continuité du club, préserver notre patrimoine commun. Il ne faut pas se faire d’illusions. Si le club est vendu avec ses vices cachés au premier pigeon venu, le risque est certain de connaitre la mauvaise histoire de Sochaux, de Bordeaux, de Sedan, de Cannes et bien d’autres clubs historiques et abandonnés.
Le club doit trouver un repreneur rapidement car les cédants n’ont pas les moyens à réinvestir pour une saison de plus. L’ASSE est très endettée de PGE, prêts immobiliers… et doit faire face à plusieurs urgences financières et juridiques, provisionner des contentieux sociaux colossaux que j’estime à 10M€… À court terme, il y a un vrai risque d’une faillite du club car un déficit persistant de 15M€ est structurel. Il n’y a plus dans l’effectif un Saliba ou un Fofana qui peut rapporter quelques millions d’euros pour boucher les trous. Et les recettes à venir dont les droits TV seront à la baisse…"
À l'heure où le club retrouve un engouement certain et se bat pour retrouver la Ligue 1, l'intérêt semble tout aussi fort en coulisses pour présider son avenir. Les prochaines semaines devraient permettre d'y voir plus clair sportivement, comme au niveau de l'avenir du club.