Alain Blachon : "N'avoir envie que d'une chose, gagner"
Lui, sait comment les jouer. Vainqueur de la Coupe de la Ligue 2013 au sein du staff de Christophe Galtier, Alain Blachon, passé par le Paris Saint-Germain mais surtout amoureux des Verts, donne les clés d'une finale au Stade de France réussie.
Avant de parler des Verts, un petit mot sur vous. L'heure de la retraite bien méritée est arrivée ?
Bien méritée je ne sais pas, mais en tout cas, la retraite est là. C'était le moment de laisser la place aux plus jeunes. Ça fait un an que je me suis retiré des terrains. Je prends beaucoup de plaisir avec ce que je fais maintenant. J'avais besoin de souffler un peu.
Souffler avec toujours l'ASSE à proximité. Vous accompagnez désormais des visites dans le Chaudron ?
C'est ça. J'ai toujours gardé quelque chose puisque c'est mon club de coeur. Je suis natif de Saint-Etienne. Il était difficile pour moi de poursuivre dans le football, car c'est un métier passionnant et à plein temps, quand on se met en retraite, on ne peut pas dire "là je viens, là je ne viens pas". Pour garder le lien avec mon ami Philippe Gastal, on a décidé que j'intègre le groupe de visites du stade et du musée.
Coeur vert toujours là du coup ?
Tout le temps. Les soutenir, c'est ça le plus important maintenant. Je suis passé d'entraîneur à supporter.
Justement, retour en 2013. Comment aviez-vous géré cette dernière semaine avant la finale de la Coupe de la Ligue ?
On a eu la chance avec Christophe d'avoir vécu des finales auparavant. Christophe en tant qu'adjoint d'Alain Perrin avec Sochaux et moi avec Guy Lacombe puisque nous avions fait deux finales, une gagnée et une perdue. On avait l'expérience des deux côtés du résultat, on était expérimenté. On s'est appuyé sur ces expériences pour orienter notre équipe dans les meilleures conditions. Le plus important dans cette dernière semaine, c'est de ne pas faire le match avant le match. On a essayé de réduire au maximum tous les soucis qu'on peut rencontrer dans une semaine qui précède un grand événement.
C'est-à-dire ?
Par exemple le président a attiré l'attention avec son départ à vélo. Ça nous a fait du bien parce que ça nous a laissé tranquille. Ensuite, on a essayé de gérer tout ce qui était logistique, administratif. On connaissait tout ces petits paramètres qu'on a résolus. Ensuite on a fait en sorte que cette semaine se passe le mieux possible pour que les joueurs soient au mieux dans leurs têtes et puissent le vivre au maximum. Parce que le danger d'une finale, c'est de passer à côté en y pensant trop, de faire une finale sans la jouer. Ça a été vraiment une semaine idyllique et parfaite avec Christophe, des joueurs merveilleux et une logistique bien préparée en amont.
Malheureusement, en 2020, la crise sanitaire est passée par là et perturbe la préparation de cette finale de Coupe de France...
C'est compliqué, déjà pour les fans. Parce qu'on ne fait pas des finales toutes les années. Moi qui ai eu la chance de jouer quatre fois au Stade de France avec trois clubs différents, vraiment, je savoure encore cette opportunité et cette chance énorme. J'ai beaucoup de peine pour le club, les dirigeants, les joueurs, les fans. Et puis une petite pensée particulière pour mon ami et notre capitaine Loïc Perrin qui aurait mérité 90.000 personnes et un stade comble. Une finale de Coupe de France avec un stade qui n'est pas plein, c'est vraiment dommageable. J'espère qu'ils vont surmonter cette tristesse et donner le maximum pour ramener le trophée à Saint-Etienne.
Pour l'ancien entraîneur que vous êtes, est-ce qu'un stade presque vide peut retirer de la pression aux joueurs sur le terrain ?
Non, c'est l'inverse. Une équipe comme Saint-Etienne, avec tout mon respect pour les équipes que je vais citer, ce n'est pas Lorient ou Brest ou quoi que ce soit. Saint-Etienne c'est un peuple. Plus vous avez de supporters avec vous, plus vous vous sentez fort et costaud, plus vous avez envie de donner le maximum de vous. Ça va enlever un joueur. On dit toujours à Sait-Etienne qu'il y a un douzième homme dans les tribunes et bien voilà... On ne va jouer qu'à onze. Même s'il sera dans la tête des joueurs, ce ne sera pas pareil.
Parlons de l'adversaire, le Paris Saint-Germain, l'un de vos anciens clubs. Quel regard vous portez sur cette équipe ?
L'équipe est à dix mille lieues de ce qu'on a vécu avec Guy. À l'époque c'était une équipe intermédiaire, entre l'époque Canal+ et l'arrivée des Qataris. Je ne dis pas qu'on avait une équipe moyenne, parce qu'il y avait des grands joueurs, Landrin, Yepes, Pauleta, tout ça... On avait une belle équipe. Mais c'est là qu'on voit que les joueurs ne suffisent pas. Il faut un tout. L'ambiance dans le club, la solidité, les supporters, tout ça fait que maintenant c'est un club hors normes. C'est vrai que nous on va arriver avec nos petits moyens mais on va avoir un coeur tellement énorme que tout est possible. Vous savez dans le football... On le voit toutes les années en Coupe de France, on attend que ça les exploits.
Quels ingrédients les Verts devront mettre en place pour s'offrir cet exploit ?
Il faut avoir une volonté et une détermination énorme. N'avoir envie que d'une chose, gagner. J'ai eu le malheur de goûter à une défaite au Stade de France, c'est vraiment terrible. Une finale ça ne se joue pas, ça se gagne. Ça se gagne avec le coeur et le combat. On a des bons joueurs, quels qu'ils soient par rapport aux joueurs en face, on est capable, à l'image de Rennes l'année dernière, de faire quelque chose de magnifique. Il faut le combat, l'envie, la détermination et ne pas se poser de questions. Je pense que ça rentre dans les facteurs importants que transmet Claude Puel.
Comment jugez-vous le nouveau projet porté par Claude Puel dans le Forez ?
Claude arrive à un moment où il fallait tourner la page d'une ère magnifique qu'on a ouverte avec Christophe et quelques entraîneurs auparavant. Il y avait une page à tourner et Claude est là pour ça. Il se tourne vers des jeunes, essaye de mettre en place une structure et une politique qui va lui permettre de former et d'être performant avec ces jeunes joueurs. Ça demande du temps et de la patience tout en espérant que les jeunes, à l'image de William Saliba, ne vont pas partir trop rapidement. L'idéal avec un joueur comme ça, c'est de faire 4, 5 ans avec lui et puis de le vendre, ce qu'on n'a pas su faire nous-mêmes avec des joueurs comme Josuha Guilavogui. Mais bon, après c'est compliqué. Il y a tellement de sollicitations...
On vous sent optimiste pour l'avenir du club !
Bien sûr. C'est la volonté du président Roland Romeyer. Il a décidé de faire confiance et de faire venir Claude dans cette idée-là. Claude a une façon de fonctionner qui est peut-être aux yeux des gens de l'extérieur un peu agressive mais bon... C'est un super coach. Il va bien faire travailler les jeunes, les faire progresser. Il faut juste de la patience.
Pour revenir sur cette finale, comment allez-vous la suivre ?
Je vais rester à la maison parce que, pour moi, la finale de la Coupe de France c'est une fête. 5000 personnes c'est déjà très peu et je ne veux pas prendre la place de quelqu'un qui peut-être, je ne sais pas, sera plus près de l'équipe. J'ai envie de la regarder à la télé avec des amis et derrière la télé, on va tout faire pour les pousser vers la victoire.
On a d'ailleurs vu passer quelques-uns de vos messages d'encouragement. À fond derrière les Verts ?
Ils le savent. C'est pour ça que j'envoie ces petits messages à Romain Hamouma. On a gardé de très bons contacts avec ces joueurs. Romain, Loïc, Stéphane... Jessy, je lui ai envoyé un message pour lui dire qu'il fallait qu'il soit là. Il va être présent. Jess', ça va être son premier événement. Il ne faut pas qu'il soit mangé par la pression.
Le rêve, c'est de voir Loïc Perrin soulever la coupe ?
J'aimerais. J'espère qu'il s'est remis dans l'ordre physiquement. Le fait qu'il ait fait deux apparitions sur les derniers matchs, ça veut dire qu'il est revenu de ses blessures et qu'il a les moyens de jouer, sinon Claude ne l'aurait pas aligné. C'est difficile de récompenser quand on est à la recherche d'une victoire mais je pense que Claude aura la volonté de faire participer Loïc et de faire profiter l'équipe de son expérience qu'il soit sur le banc ou sur le terrain.
Un petit pronostic pour terminer ?
Une tête de Loïc Perrin sur corner à la 89e par exemple. Des prolongations ? Non, ça va se gagner avant la fin. Confiant ? On ne peut pas partir à Paris en se disant "pourvu qu'on perde". Il ne faut surtout pas transmettre de pression à l'équipe. Quand le match sera fini, il faudra n'avoir rien à regretter.