Bayal Sall : "Je me souviens bien de ce coup de boule"
À quelques heures du Derby, Mustapha Bayal Sall est revenu pour nous sur ce rendez-vous si singulier entre Lyon et Saint-Etienne, qu'il a eu l'occasion de disputer à de nombreuses reprises et dont il a marqué l'histoire.
Dimanche, c'est le Derby entre Lyon et Saint-Etienne. Vous avez marqué dans le Chaudron en 2014, quel souvenir gardez-vous de ce but ?
On avait gagné 3-0 cette rencontre. On venait de sortir d'un match de Ligue Europa contre Milan dans la semaine. C'était un match très important pour nous, forcément. Tout le monde en France connaît ce Derby entre Saint-Etienne et Lyon. C'est toujours un match intense, important pour les supporters et pour le club. Je me souviens bien de ce coup de boule, ce but de la tête qui nous permet d'ouvrir le score. C'est un but qui m'a fait beaucoup de bien, en plus le jour de mon anniversaire, c'était quelque chose de très important.
Vous avez gagné le Derby à Saint-Etienne mais aussi à Lyon. C'est quoi le plus fort ?
Pour moi c'est des deux côtés. Chez toi ou à l'extérieur, on ne doit pas calculer si on est chez nous ou chez l'équipe adverse. On le prépare de la même façon à domicile ou à l'extérieur. On donne tout, on montre à l'équipe adverse qu'on est là pour prendre quelque chose, pas une défaite ou un match nul mais la victoire. Dès que l'on quitte Saint-Etienne pour Lyon, on doit se préparer pour gagner ce match-là, pas pour revenir sans rien à Saint-Etienne.
En 2014, il y a ce succès à Gerland (1-2). La fin de match est particulièrement houleuse, il y a cette scène marquante où un supporter lyonnais entre sur le terrain et se retrouve face à une équipe stéphanoise qui marche comme un seul homme sur lui. Ça traduit cette tension, cette atmosphère singulière dans ce match. Est-ce qu'elle est unique, où vous avez pu la retrouver dans des rencontres européennes par exemple ?
On peut retrouver cette tension sur d'autres matchs, mais le Derby ça reste autre chose. C'est un match vraiment particulier. Un Derby on n'est pas là pour faire des cadeaux, pour se faire des amis. On donne tout ce qu'on a, il faut être agressif, avoir la gnaque. Que l'adversaire comprenne qu'on n'est pas là pour rigoler. C'est pour ça que c'est toujours un match chaud. Pour moi, il faut qu'un Derby soit chaud sur le terrain, qu'il y ait des accrochages.
Avec la crise sanitaire actuelle et les matchs à huis clos, vous avez le sentiment que ce Derby n'aura pas la même saveur ?
Ce ne sera pas la même chose qu'avec les supporters. Habituellement on sent les supporters, les insultes aussi, on ressent aussi la motivation des supporters lorsque l'équipe n'est pas bien ou à l'inverse lorsque ça va bien, on est galvanisé. Là, à huis clos, c'est particulier. Je pense que la motivation ne sera pas la même. Je ne sais pas si l'envie sera la même. Il y a toute cette atmosphère dès l'échauffement qui est absente et qui va le rendre différent. Je crains que ce Derby soit ennuyeux sans les supporters.
Vous avez connu les retours de Lyon victorieux avec des centaines de supporters vous attendant à l'Etrat au cœur de la nuit. Qu'est-ce que l'on ressent dans ces moments-là ?
On ressent beaucoup de joie, de la fierté. Ce match, cette confrontation contre les Lyonnais, c'est un match qu'on attend. Je me souviens une fois pour partir à Lyon, les supporters sont venus nous voir avant le départ et nous disaient qu'ils préféraient gagner le Derby à Lyon que remporter le championnat. Ça traduit l'impact d'un succès dans cette rencontre pour les supporters. C'est comparable au jour de ton mariage, tu es content, heureux. Tu vas être aux anges pendant un mois parce que tu as gagné le Derby chez eux. Lorsqu'on revenait de Lyon avec la victoire, on était franchement heureux, on n'avait même pas envie de dormir. On était trop pressé de revenir à l'entraînement le lendemain pour retrouver les supporters. C'est magnifique.
Sainté traverse une passe difficile actuellement. Qu'est-ce qu'il manque selon toi à l'équipe de Claude Puel ?
J'ai regardé tous les matchs de Sainté, c'était bien parti. Le club est dans l'optique de renouveler l'équipe, d'intégrer les jeunes. À Saint-Etienne, il y a une histoire forte. Tu ne peux pas que t'appuyer sur des jeunes. On sent qu'il manque de la maturité dans cette équipe. On gagne parfois des matchs à l'expérience. Lorsque l'équipe ne va pas bien, on ne sent pas un joueur capable de les motiver, les remettre dans le match. On voit toujours des joueurs excités, qui veulent se montrer, ils sont jeunes. Il manque des cadres pour les accompagner, capables de gérer des temps faibles pour récupérer des efforts fournis ou d'accélérer dans les temps forts. Le coach fait le job au bord du terrain, mais il faut des relais sur le terrain. Ils sont dans le doute là, c'est quelque chose de difficile à surmonter.