C'est l'hécatombe pour les réserves de clubs professionnels

Formation | Publié le par Joris | 2 commentaires

En juin 2022, lors de son Assemblée Générale, la Fédération Française de Football (FFF) avait validé la réforme des championnats nationaux amateurs masculins. Celle-ci s'opère sur plusieurs saisons dont celle qui vient de s'écouler et bouleverse donc les championnats : des nationaux aux régionaux. 

Comme le rappelaient nos confrères de Ouest France la saison dernière, le but de cette réforme pour la FFF était de "dégager une élite en resserrant la pyramide pour la rendre plus cohérente sur le haut niveau et renforcer la structuration des clubs évoluant dans les championnats nationaux" ainsi que de "répondre au souhait d’évolution des clubs et des ligues concernant le National 3 et renforcer le football régional." Ainsi à l'horizon 2025-2026, l'objectif est d'un passage de 250 à 178 clubs dans les divisions suivantes : National 1 (N1), National 2 (N2) et National 3 (N3). Il y aura lors de cette saison 2025-2026 un groupe de N1, trois groupes de N2 et huit groupes de N3, contre un, quatre et 12 actuellement. 


Cet exercice 2022-2023 marquait le commencement de la réforme et plusieurs clubs ont fait les frais des descentes plus nombreuses dans les différents championnat nationaux. Ainsi, nous assistons à une véritable hécatombe pour les réserves de clubs professionnels comme nos confrères de Foot Amateur le tiennent à jour. À titre d'exemples, les réserves des Girondins de Bordeaux, de l'OGC Nice, d'Amiens, du Paris FC ou encore du Stade Brestois sont reléguées de National 3 et évolueront donc en Régional 1 la saison prochaine. Ce n'est pas tout puisque les réserves du Stade Malherbe de Caen, du Stade Rennais, du Stade de Reims, du FC Metz, de l'Olympique Lyonnais, du FC Nantes ou encore du FC Lorient qui évoluaient jusqu'alors en National 2 évolueront quant à elles en National 3 la saison prochaine, comme celle de l'AS Saint-Étienne s'est brillamment maintenue cette saison en terminant troisième de sa poule. 


  • Les réserves de clubs professionnels reléguées en Régional 1 : Girondins de Bordeaux, OGC Nice, Amiens, Paris FC, Stade Brestois. 
  • Les réserves de clubs professionnels reléguées en National 3 : Stade Malherbe de Caen, Stade Rennais, Stade de Reims, FC Metz, Olympique Lyonnais, FC Nantes, FC Lorient

Au moment de revenir à notre micro sur la dernière victoire de ses joueurs du côté d'Aix ce week-end, Razik Nedder l'entraineur de la réserve de l'ASSE, est revenu sur cette réforme qui bouscule de nombreux clubs et de nombreuses réserves de clubs professionnels : "On voit que beaucoup de beaux centres de formation vont tomber en Régional 1 : Nice, Bordeaux, Amiens, Paris FC, Brest...  Cette réforme avec cinq à six descentes est un réel piège pour les réserves professionnelles. L’an prochain cela va encore se resserrer avec un niveau qui va augmenter en N3. Il ne reste plus que trois réserves pro en N2 avec Guingamp, Angers et Auxerre. Cela montre la difficulté de ces championnats amateurs pour les équipes réserves qui jouent jeunes comme nous. Les temps changent et le football amateur aussi."

Lors de la conférence "La formation à la stéphanoise" dispensée aux Senioriales à Saint-Étienne, Razik Nedder avait justifié les écarts désormais plus grands qu'auparavant entre les équipes fanions et leur réserve : "Déjà, les poules ne sont pas formées pareilles. Le foot amateur a lui aussi changé. La réalité de ce qu’il se passe aujourd'hui c'est que seulement trois clubs professionnels ont leur réserve en National 2 : Angers, Guingamp et Auxerre et leur projet est complètement différent. Ils recrutent beaucoup en post-formation, nous on joue de plus en plus jeune avec beaucoup moins de descentes du groupe professionnel. Les championnats de N2 et de N3 sont devenus des championnats quasi semi-pro aujourd'hui avec beaucoup de joueurs qui ne font que ça de leur vie.


Des réserves de clubs professionnels descendent en R1 cette saison. Après, on essaye de construire des compétiteurs, si on avait pu monter on l’aurait fait. On a des jeunes joueurs : Mathis Amougou 16 ans joue contre des joueurs de minimum 24-25 ans, c'est la réalité du terrain. De l’extérieur, on peut se dire que si on peut réduire l’écart c’est bien mais avec quel projet ? Des réserves plus vieilles ? Nous on n'a pas pris ce parti-là. Vendre Wiliam (Saliba) et Wesley (Fofana) à ce prix-là, c'est parce qu’ils ont joué à cet âge-là. Si on regarde les chiffres, c’est ce qui sauve le club.


L'idée d'un championnat des réserves émerge de plus en plus. Razik Nedder s'est également exprimé dessus : "À terme une réflexion sera menée par la fédération : est-ce-que ce championnat là répond aux exigences ? Sur l’impact oui, mais sur l'aspect technico-tactique, aujourd'hui la N2 et la N3 ne répondent pas vraiment aux besoins pour préparer un joueur à l’effectif professionnel. On verra dans les années à venir si ça évolue. Si cet écart paraît important (entre la Ligue 2 et le National 3, ndlr), il permet quand même de faire grandir les jeunes. (...) Un championnat des réserves ? Si ça se faisait, on gagnerait et on perdrait des choses : on perdrait par exemple en agressivité et en animosité notamment lors de nos déplacements mais on gagnerait en rythme et intensité, en jeu. Aujourd’hui on a moins ces choses-là, mais ça mérite réflexion c’est évident."

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