Caïazzo : "C'est une grande victoire l'arrivée de Kilmer Sports"
Sa parole se faisait rare depuis de nombreuses années. Bernard Caïazzo était ce matin dans la matinale de France Bleu Saint-Étienne Loire pour évoquer la passation de pouvoir à la tête du club.
Comme nous l'indiquions hier, celui qui était au stade Saint-Symphorien dimanche pour assister à la montée des Verts revient sur le cheminement de cette vente et sur le profil des nouveaux propriétaires :
"Je suis très heureux de la vente de Saint-Étienne. 20 ans c'est beaucoup, on a longtemps cherché l'oiseau rare et on l'a trouvé, c'était le plus difficile. La montée en Ligue 1 est formidable mais monter en Ligue 1 sans avoir les moyens du football d'aujourd'hui, c'est difficile. En 20 ans, le football a beaucoup changé. Je garderai un souvenir merveilleux de l'époque Galtier mais ça a changé. Le football nécessite désormais d'avoir des groupes importants, disposant de moyens forts. La chance que nous avons, c'est d'avoir des gens avec une dimension humaine formidable. Je me suis rendu à Toronto, en Floride pour les rencontrer, j'ai passé beaucoup de temps avec eux. Ce qui m'avait frappé, c'est cette dimension humaine. Ce sont des gens qui aiment les gens.
Fin octobre, Larry Tanenbaum m'avait invité voir un match de basket à Toronto à ses côtés. On a passé 24 heures ensemble. J'avais l'idée d'un milliardaire un peu froid, c'est l'inverse. C'est quelqu'un de formidable, de chaleureux, qui aime les gens. On s'est revu chez lui du côté de Miami toute une journée dans sa propriété. Ce jour-là il m'a dit : "Bernard, le courant passe bien entre toi et moi, le courant passe bien. J'ai vu que les gens qui sont au club sont des gens bien. On va demander à Ivan Gazidis de gérer tout cela mais sur le principe je suis d'accord, ce club de Saint-Étienne me plaît vraiment." En fait, il a commencé à voir les matchs avec l'écharpe des Verts, tous les matchs depuis janvier. Pour continuer l'histoire, Ivan Gazidis qui va être le président de l'ASSE c'est quelqu'un d'exceptionnel, d'une compétence rare. Je lui ai posé la question "tu as été à Arsenal, à Milan, là Saint-Étienne..." Il m'a dit : "Bernard, j'ai refusé des propositions de clubs équivalents à Arsenal et Milan pour venir. Je crois énormément à ce club, au réveil de ce club. Cela mettra du temps mais on a un projet et on a envie de le mener à bien. Et Ivan, sur le plan humain m'a dit immédiatement : "je garderai toute la direction du club ainsi que les collaborateurs. On va travailler ensemble."
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Roland Romeyer avait une mission avec l'équipe de dirigeants du club, suite à la redescente du club il y a deux ans. Ça a été terrible. Mon propre fils qui est plus qu'un ultra des Verts depuis l'âge de quatre ans. Il a 16 ans, mon fils a le logo du club tatoué sur la poitrine. Il fait 14 heures de bus pour aller voir un match de l'AS Saint-Étienne en deuxième division. J'ai vu mon fils pleurer toute la nuit, le soir de la descente. C'est dur pour un père. Je m'en suis beaucoup voulu. C'est pour cela que j'ai beaucoup de respect pour ces jeunes des kops. Pour moi, tant que le club ne remontait pas en Ligue 1, j'avais une douleur dans la poitrine. Je ne peux pas assister à un match des Verts, je ne peux pas regarder un match des Verts à la télévision. J'ai réussi à le faire à Metz, en prenant des produits avant pour me calmer. J'ai trop de tension et de stress. Ça me met en situation de danger de santé. Ma démarche a été de prendre beaucoup de recul en laissant à Roland, la gestion du directoire.
Ce qui compte c'est que les supporters soient heureux avec le club. Ma grande victoire, ma grande mission, c'était de dire si on monte et que nous ne sommes pas capables d'avoir des moyens solides, cela veut dire que nous ne sommes pas certains de rester en Ligue 1, on peut être en difficulté. Ma mission, c'était de dire que cela n'arrive plus jamais. On est un club suffisamment costaud, une équipe suffisamment costaud avec des actionnaires suffisamment forts pour faire face et se retrouver en Ligue 1 avec une ambition progressive. Pour cela, il fallait qu'ils soient assez puissants pour faire face financièrement à tous les coups durs. C'est la garantie absolue mais ce n'est pas suffisant. Il fallait aussi qu'ils possèdent les valeurs des Verts ! Ils les ont. Il n'y a pas seulement que l'argent, il y a beaucoup plus c'est le cœur. Je vais vous dire, les conditions financières de la vente sont loin d'être celles proposées par d'autres mais qui étaient beaucoup moins capables d'investir et de développer le club. Cette fameuse "Arsenalisation" de l'ASSE avec Ivan Gazidis, Huss Fahmy et Jaeson Rosenfeld qui l'aurait imaginé ? Il y a cette victoire de la montée avec ce but dans les dernières minutes mais là, on a une grande grande victoire avec l'arrivée du groupe Kilmer Sports. C'est une chance que tous les autres clubs qui n'ont pas des actionnaires puissants nous envieront."