Caisse noire : L'ASSE des sommets aux oubliettes du football

Anciens Verts | Publié le par Joris | 7 commentaires

Notre histoire est un long parcours, fait de bons et de mauvais jours, les dix titres les années passées, la caisse noire et les faux papiers... Les paroles de ce célèbre chant né dans le Kop Sud évoquent un des épisodes les plus marquants de l'histoire de l'AS Saint-Étienne : la caisse noire.

Pour remettre les choses dans leur contexte, l'AS Saint-Étienne remporte en 1981 son dixième (et elle ne le sait pas encore à l'époque) mais son dernier titre de champion de France à ce jour. Si pendant des années, ce sont des joueurs formés au club qui ont fait le bonheur de l'ASSE, la politique était désormais au recrutement de joueurs "stars" : Michel Platini, Johnny Rep ou encore Jacques Zimako évoluent dans cette équipe stéphanoise. On est alors loin de s'imaginer que quelques années plus tard, l'AS Saint-Étienne connaitra la plus grande déchéance de son histoire et sera ensuite reléguée en Ligue 2. La faute en grande partie à l'épisode de la "caisse noire".

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Dans le podcast Dessous de Verts, André Laurent, président de l'ASSE entre 1983 et 1993, revient longuement sur le sujet : "Le contexte c’est que dans les années 80 on est champion de France (en 1981, ndlr). On gagne la Coupe de France auparavant (en 77, ndlr). En 76, c’est la finale. Roger Rocher après a commencé à pratiquer une politique un peu de « vedettariat », il avait raison, il avait tort je ne sais pas, je ne juge pas : il a fait venir Johnny Rep, il a fait venir Zimako, Platini, d’autres joueurs encore dont j’oublie les noms. Ces joueurs n’étaient pas formés à Saint-Étienne. Peut-être que certaines différences ont commencé à se mettre en place, différentes tensions entre les joueurs je pense. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais il y avait des tensions entre les joueurs. Vous pouvez interroger certains joueurs de l’époque, moi je n’ai rien à dire je n’étais pas dans le vestiaire mais je le sais. Il y avait des joueurs qui étaient très bien payés, d’autres qui l’étaient moins donc c’était source de tension. Et surtout, il y a eu la caisse noire, ça veut dire qu’il y avait beaucoup de joueurs qui étaient payés en black, ce n’était pas déclaré aux impôts. C’était de l’argent prélevé sur les guichets, le sponsoring, une double billetterie probablement. L’affaire a un jour éclaté : le procureur de la république s’en est emparé, le procès a eu lieu, le président Rocher a été obligé de démissionner et c’est à partir de ces années-là, 81-82 et 82-83, que le club commençait à se dégrader et c’est là que j’intervins. À la fin de la saison, je deviens président, au mois de mai 1983. Nous étions en première division encore.

Il y avait effectivement deux courants auparavant dans le club qui se haïssaient : les « Rocheristes » et les « Buffardistes ». Il y aurait pu y avoir une autre solution : il a été proposé au président Roger Rocher de démissionner, de s’en aller discrètement, de préparer un successeur, de trouver une bonne solution pour la continuité. Roger Rocher, je le comprends aussi je n’ai rien à dire, a décidé de rester. Le procureur de la république a instruit un dossier et à partir de là l’histoire de la caisse noire est née. Le club, les structures du club se sont effondrées. Quand j’ai pris le club en 1983, il n’y avait plus rien ! Deux ans avant, le public marchait sur le toit du monde, nous étions l’une des grandes équipes européennes. Deux ans après, les structures s’effondraient et quand j’ai pris le club en 1983 à la demande du maire de Saint-Étienne (François Dubanchet, ndlr), il n’y avait plus d’argent, le fisc était passé par là. Après il y a eu l’hémorragie des joueurs bien évidemment. L’entraineur est parti, Robert Herbin. Les joueurs sont partis, quelques uns sont restés mais très peu : Castaneda est resté, Mahut est resté mais il était blessé et n’a joué que six mois, Zanon aussi est resté. Après l’équipe a été complétée par tous les jeunes du centre de formation. Quand on a repris la saison 83-84, nous étions en première division mais l’avion était en piqué mais il ne s’est pas écrasé. Il s’est posé en deuxième division."


Retrouvez André Laurent dans le podcast Dessous de Verts en cliquant ici. 

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