Clerc : "C'est pour ces matchs qu'on devient footballeur"
Le Derby, François Clerc le connaît mieux que quiconque. À quelques heures d'ASSE-OL, l'ancien footballeur professionnel devenu président de l'Andrézieux-Bouthéon FC fait le point sur son actualité chaude et celle du jour marquée par la rencontre programmée du côté du Chaudron.
Ça va faire deux ans que vous êtes à la tête de l’ABFC. Vous vous épanouissez dans ce rôle ?
Oui, pour l’instant c’est vrai que c’est une belle aventure. Malheureusement, elle est bien freinée par le COVID. Ça fait bientôt deux ans mais on n’a pas eu le temps de faire une saison entière et normale. Mais c’est un beau projet que je fais en parallèle de ma formation de manager général à Limoges. C’est très intéressant. On espère qu’à terme on arrivera à faire progresser ce club.
Ce n'est pas l’année la plus facile pour le président que vous êtes… Comment vous gérez la situation et l’interruption du championnat ?
C’est un peu frustrant, surtout qu’on était bien revenu en championnat après un début difficile. C’est vrai que l’important, pour un club sportif, c’est de faire des matchs et d’être dans la compétition. Déjà la saison dernière on n’a pas pu aller au bout… Cette année ça fait déjà trois mois qu’on est arrêté. Mais c’est comme ça, on s’adapte et on espère pouvoir bientôt reprendre le cours du football.
C’est urgent de reprendre prochainement ?
Oui et non. On a les aides de l’Etat qui permettent de nous soulager mais c’est vrai qu’à terme il faut qu’on reprenne parce que faire une saison blanche serait catastrophique pour nous… Je ne parle même pas que de l’équipe première mais de l’ensemble du club. Pour notre équipe de N2, faire encore une saison quasiment blanche, ce serait quelque chose de gravissime. Parce qu’en plus, pour beaucoup de nos joueurs, c’est leur travail. On a 15 joueurs sous contrat. Ne pas pouvoir faire son métier quand on sait qu’une carrière ne dure pas très longtemps… Donc on espère que le fait qu’on puisse reprendre la Coupe de France, certes de façon rapide et inattendue, nous permettra de faire un peu comme la N1 : jouer avec des tests et finir la saison même sous le format de play-offs.
"Quand on fait une carrière professionnelle, c’est pour ces matchs qu’on devient footballeur"
En parlant de N1, ça reste l’objectif de l’ABFC et de la ville d’Andrézieux-Bouthéon à court terme ?
À court terme, je ne sais pas, mais l’objectif c’est d’y arriver. Je dirais court ou moyen terme parce que dans le football c’est quand même compliqué. On est aussi face à de grosses cylindrées, des équipes comme Toulon, Martigues qui sont de grands clubs et de grosses villes qui ont goûté au monde professionnel. On est plein d’humilité mais je pense qu’on a le potentiel à terme pour se battre avec ces équipes-là et arriver en N1 ce qui serait une super nouvelle pour le club et la ville. On a tout pour y arriver, après il faut que le COVID nous laisse un peu tranquilles parce qu’il faut des moyens financiers pour lutter avec ces équipes. On a beau bien travailler, recruter, c’est quand même le nerf de la guerre dans le football professionnel. Mais c’est vrai qu’on adorerait… On a un stade, des infrastructures exceptionnelles, un fonctionnement vraiment très intéressant. Maintenant il faut que sportivement on arrive à monter. On y croit, on y croit fort et on espère y arriver.
Pour faire un premier lien avec l’ASSE, l’ABFC a recruté pas mal d’anciens Verts cet été, même avant d’ailleurs. C’est important pour vous de vous servir du travail de Sainté pour faire grandir Andrézieux ?
On se rend compte dans notre division que c’est déjà une division qui a beaucoup progressé. On le voit, on a de très bons joueurs qui arrivent, après avoir échoué en centre de formation, à se relancer derrière avant de repartir en L2 ou même en L1 comme un Krasso par exemple. Plus que Saint-Etienne, c’est le côté local, rhônalpin. On se rend compte aussi que lorsqu’on a des joueurs ancrés dans le territoire, qui connaissent un peu la région, ils s’adaptent bien plus facilement. C’est vrai que lorsque des joueurs ne passent pas pros à l’ASSE, c’est naturel qu’on puisse éventuellement les recruter. Un joueur qui est allé quasiment au bout de son cursus dans un club comme Saint-Etienne ou Lyon, parce qu’on a également des joueurs de Lyon ou Clermont chez nous, rapidement ils se mettent au niveau d’une équipe première comme la nôtre. Pourquoi aller chercher des joueurs à l’autre bout de la France qui vont peut-être avoir du mal à s’adapter au projet alors qu’on sait qu’avec des joueurs du coin il y a un ancrage déjà familial qui les rend plus performants ? C’est un peu notre politique.
Le partenariat entre les deux clubs est-il toujours d’actualité ?
Non, il n’y en a plus. Il était un peu mis en stand-by depuis quelques années. Il n’existe plus depuis l’année dernière.
Revenons-en à votre vie d’avant et à un derby que vous connaissez bien. Avec le recul, quel souvenir gardez-vous de ces ASSE - OL que vous avez connu dans les deux camps ?
Ce sont des super matchs à jouer, de gros moments. Quand on fait une carrière professionnelle, c’est pour ces matchs qu’on devient footballeur. Les derbys font partie de cette catégorie de gros matchs. Il y a beaucoup de pression, d’enjeu… On sait que lorsqu’on fait de mauvais derbys, ça reste gravé longtemps dans les mémoires. Mais c’est super excitant de jouer ces matchs. Les meilleurs souvenirs c’est vraiment quand on les gagne. Parce que c’est une joie intense pour tout un club et une région. Ils sont vraiment à part.
Vous n’en avez gagné qu’un seul, en 2014, à Lyon grâce à Max-Alain Gradel. Ça reste l’un des moments les plus forts de votre aventure stéphanoise ? Comment vous le placez par rapport à la finale de CDL ?
Je ne le mets quand même pas au niveau d’un titre. Gagner un derby c’est juste en dessous. Mais un titre, on marque un club et son palmarès à tout jamais. Ça reste de grands moments même si un Derby c’est très important. Soulever la coupe au Stade de France, c’est inscrit dans le marbre comme on dit. C’est ce qu’il y a de plus beau.
"Il y a les forces en présence, Lyon est favori, mais sur un match on sait que les joueurs ont montré cette année qu’ils pouvaient rivaliser"
Quelques mois plus tard vous aviez raté le 3-0 à Geoffroy-Guichard pour cause de blessure à la cheville. Ça reste un regret ?
Dès qu’on est blessé, on en a toujours. J’ai mangé un peu mon pain noir pendant quelque temps avec des enchaînements de blessures à la fin à Lyon et à Sainté aussi. Être blessé c’est toujours difficile pour un joueur, parce qu’on est fait pour être sur le terrain. Donc oui j’étais frustré, surtout d’être blessé. Après de louper cette victoire, oui aussi… Mais c’était super pour nous, une bonne soirée. Ça reste un souvenir pour tous les copains qui avaient fait un super match ce jour-là.
Pour en revenir à dimanche… Quel regard vous portez sur la saison de l’ASSE et le travail de Claude Puel ?
C’est une saison un peu compliquée avec des histoires au-delà du football. Il y a eu plein d’événements qui font qu’en plus d’être difficile sportivement, elle est un peu chaotique. Il y a des événements maitrisés et d’autres non. Le COVID, l’histoire des droits TV, les matchs à huis clos, l’épisode Ruffier… Il y a eu pas mal d’épisodes autour du club qui font que c’est une année vraiment compliquée. On a envie qu’elle passe à la suivante pour pouvoir repartir sur de meilleures bases.
Vous êtes inquiet pour l’avenir du club en Ligue 1 ?
Non, je ne suis pas inquiet. Je pense qu’ils vont quand même réussir à se sauver. Mais c’est vrai que la série est quand même négative. 19 points en 20 journées, c’est plutôt un parcours d’équipe qui joue le maintien voire de relégable. Ça avait l’air d’aller un petit peu mieux sur la fin d’année mais les points ne sont pas tombés. C’est une année difficile, le COVID passe par là, il y a pas mal de blessés… On voit un peu tout noir.
Dimanche, entre la dynamique et l’épidémie, Lyon part grandement favori. Vous y croyez tout de même pour les Verts ?
C’est un match à part. C’est vrai que Lyon part largement favori au vu de la dynamique et même de la qualité des joueurs. Ça reste un match de football. Il suffit de faits de match… Metz a gagné à Lyon alors que l’OL restait sur une série incroyable, Sainté a fait un très bon match contre Paris et à l'aller aussi… Il y a les forces en présence, Lyon est favori, mais sur un match on sait que les joueurs ont montré cette année qu’ils pouvaient rivaliser. Un derby c’est impossible à pronostiquer. On va regarder ça en tout cas.
Qu’est-ce qu’on vous souhaite pour l’avenir ?
Une belle fin de saison à jouer et qu’à terme on puisse emmener ce club en N1, il le mérite.