Dall'Oglio : "Les joueurs devraient avoir une formation d'entraîneur"

Pros | Publié le par Joris | 24 commentaires

Ce sont des mots qui reviennent beaucoup sur les lèvres d'Olivier Dall'Oglio depuis son arrivée à Saint-Étienne : la réflexion, l'intelligence de jeu. Le coach stéphanois y a de nouveau fait référence après la défaite face à Amiens ce week-end (0-1). 

En effet, l'entraineur de l'AS Saint-Étienne trouve que les choix de ses joueurs ne sont pas toujours judicieux et a même lâché que certains devraient peut-être avoir une formation d'entraîneur pour progresser là-dessus : "Je suis là pour essayer de leur faire ouvrir les yeux, un joueur de football s’il capte le jeu, s’il arrive à sentir le jeu, s’il apprend, et on peut apprendre à tout moment, ce sera un meilleur footballeur. C’est ce que je répète constamment. Peut-être que les joueurs devraient même avoir une formation d’entraîneur parce qu’ils vont être plus judicieux dans leur choix. Chez certains joueurs c’est naturel, pour d’autres c’est un peu plus dur parce qu’en fait un joueur ça fait constamment des choix et c’est suivant les bons choix qu’on peut avoir un bon match, ou pas."

Avant le match face à Pau, Olivier Dall'Oglio avait expliqué sa méthode plus en détails pour faire progresser ses joueurs dans l'intelligence de jeu : "On met des problématiques des fois sur le terrain. Des fois on leur pose des questions en dehors de l’entrainement et on essaye de voir comment ils arrivent à comprendre. Pour moi, un joueur de football doit constamment réfléchir à son jeu et à celui de l’équipe. Il doit savoir en face de lui quel genre de joueurs il a, son adversaire. Cela fait partie de l’intelligence de jeu pour après faire les meilleurs choix. Un joueur de foot fait constamment des choix, aujourd’hui je trouve que dans les choix on n’est pas très judicieux et donc on essaye d’expliquer aux joueurs la manière avec laquelle ils peuvent devenir plus intelligents. Il y a des consignes de jeu mais on ne pourra pas donner des consignes de jeu sur toutes les actions. Il y a des actions qu’on n’aura pas vues, parce qu’il y a des centaines d’actions pendant un match, des centaines de problématiques. Un joueur qui est intelligent, qui voit les choses, il y en a pour qui c’est naturel pour d’autres moins. On essaye de les éduquer là-dessus par la communication, la vidéo, par les situations particulières qu’on met en place à l’entrainement. On reproduit des situations de matchs et après on travaille dessus. On leur montre différentes possibilités : celles qu’ils ont prises, qui n’étaient peut-être pas les meilleures, pour leur montrer qu’il y avait peut-être autre chose à faire. On essaye de faire évoluer l’intelligence et la mentalité du joueur. On les met dans une position de réflexion."


Le coach stéphanois se base sur sa propre expérience de joueur sur le sujet, reconnaissant s'être intéressé à la tactique trop tard : "Souvent on voit qu’un joueur peut devenir entraineur avec son caractère, parce que c’est un leader, parce qu’il parle aux autres, il guide les jeunes mais aussi par le fait que ce soit un joueur intéressé par la tactique. Aujourd’hui, si un joueur s’intéresse vraiment à la tactique, et qu’il a une vision un petit peu comme un entraîneur, il devient un meilleur joueur obligatoirement. Il devient plus fort, il comprend plus le jeu et il aura plus de fluidité dans le jeu. Je le vois comme ça et je m’appuie toujours sur ma propre expérience de joueur : au début de ma carrière je n’étais pas quelqu’un qui était particulièrement dans la réflexion sur le jeu. Ça m’a obligé après à être dans la réflexion et je me suis aperçu après que j’aurais pu faire beaucoup mieux si j’avais plus réfléchi sur le jeu. (...) Le joueur doit faire des choix à un moment donné, des choix très rapides. Il faut que ce soit le meilleur choix possible donc il faut amener le maximum d’informations au joueur : ce sont les prises d’information, son positionnement, la communication etc. Tout ça doit l’amener à ce que la prise de décision soit la plus fluide et la plus juste possible."


Pour Olivier Dall'Oglio, les choses sont faites en formation pour les joueurs à ce niveau-là mais un rappel est nécessaire en professionnel pour certains : "Il y a un travail qui est fait là-dessus mais je pense qu’après, arrivé au niveau professionnel, il faut encore l’accentuer. Il y a un travail qui est fait dans tous les centres de formation, les formateurs français sont parmi les meilleurs au monde. Il faut voir tous nos joueurs à travers le monde, avec les Brésiliens on est très bien placé là-dessus mais ça n’empêche pas qu’arrivé au niveau professionnel, il faut encore affiner ça. Chez des jeunes joueurs, des fois il y a un manque de maturité. C’est avec la maturité qu’on commence à comprendre qu’on peut parfois faire autre chose. Je pense que les formateurs le font mais ce n’est pas toujours bien capté par les jeunes joueurs, des adolescents."


Le coach de l'ASSE explique que l'apprentissage est très différent d'un joueur à un autre et que parfois, pour le travail effectué aujourd'hui, on récolte les fruits plus tard : "Il y a parfois des choses très surprenantes : j’ai eu des cas où des joueurs sont venus un an après en me disant : « ce que vous m’aviez dit, je viens de le comprendre. » Des fois, dans la formation des joueurs, c’est parfois un autre club qui en bénéficie mais c’est comme ça, il ne faut pas faire l’économie de ça. On préfère que ce soit pour notre équipe, des fois ce n’est pas le cas mais je ne réfléchis pas à ça."

L'expérience est un plus dans une équipe comme finit par l'expliquer Olivier Dall'Oglio qui a besoin de relais dans son équipe : "Il doit y avoir plus de réflexion c’est sûr après c’est bien pour un coach de pouvoir avoir un relai, notamment sur l’axe central défensif, au milieu de terrain aussi, qui sente les choses et qui ait l’expérience pour guider les autres. C’est clair que des garçons comme Aïmen (Moueffek), Benjamin (Bouchouari) ou des jeunes qui arrivent derrière comme Cheikh (Fall) ou Mathis (Amougou), c’est bien aussi qu’ils aient un gars comme Florian (Tardieu) par exemple, qui puisse leur donner les billes. L’expérience amène beaucoup, le fait de multiplier les matchs, on apprend beaucoup aussi de ça sur le tas. J’ai besoin aussi d’avoir des relais à l’intérieur de l’équipe."

Photo de Olivier Dall'oglio
chevron_right Voir la fiche de Olivier Dall'oglio
keyboard_arrow_down Commentaires (24) keyboard_arrow_down