Des blessures à l'ASSE et dans tous les clubs, pas "que" du hasard

Infirmerie | Publié le par Paul. R | 9 commentaires

Comme de nombreux clubs depuis le début de l’automne, l’ASSE n'échappe pas à son lot de blessures. Une situation qui se normalise depuis plusieurs saisons à cette période de l’année. Le syndicat des joueurs tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme.

Si le sujet des blessures à l’ASSE a souvent fait l’objet de débats animés chez les supporters, force est de constater depuis plusieurs saisons que le sujet en est un chez l’ensemble des acteurs du football. Cette semaine encore, Laurent Batlles s’est présenté en conférence de presse en annonçant l’absence de sept joueurs pour la rencontre face à Pau, six pour des blessures. À l’intérieur du microcosme des clubs sont souvent pointés du doigt : la compétence des staffs, l’hygiène de vie des joueurs ou bien encore les conditions d’entrainement. Si par le passé, quelques cas rentraient précisément dans ces cadres-là et notamment à l’ASSE, cette réalité s’accentue dans l’ensemble des clubs de football, même en dehors de la Loire. Avant la rencontre du week-end, Dylan Chambost évoquait la vigilance à avoir sur les blessures dans cette période précise : "Les blessures c’est davantage la faute à pas de chance, il y a des périodes comme ça dans tous les clubs. Pour nous c’est en ce moment. Si on veut parvenir à notre objectif, ce sera grâce à tout le groupe. Souvent il y a un peu plus de fatigue dans cette période mais c’est pour tout le monde pareil. À nous d’être vigilants, aptes et disponibles pour le coach."


Pour France Info, David Terrier, président de la division Europe de la Fifpro, le syndicat mondial des joueurs de football professionnel avance lui une autre cause, les rythmes effrénés des nouveaux calendriers : "On a fait des études, des enquêtes avec des responsables de ‘team performance’, ou alors par des médecins. Et pour eux, c’est tout simplement impossible de tenir cette charge de travail qui est imposée aux joueurs. Physiquement, ce n’est pas tenable, et ça génère des blessures." La Fifpro avait déjà alerté sur l’incohérence par exemple de la tenue de la Coupe du Monde 2022 au Qatar et de son calendrier, la compétition s’étant disputée exceptionnellement du 20 novembre au 18 décembre 2022 mais aussi sur les nouvelles règlementations concernant les temps additionnels, certaines compétitions se disputant désormais en temps de jeu effectif, poussant la durée des rencontres de 10 à 20 minutes par match selon les situations. La LFP et l’UEFA ont d’ailleurs fait machine arrière depuis sur le sujet, pas la FIFA.


En fil rouge de ce combat, l’augmentation du nombre de rencontres dans les calendriers internationaux et notamment pour les joueurs sélectionnés. La Coupe du Monde passant par exemple de 32 équipes à 48, de même que de nombreuses Coupes d’Europe augmentant le nombre de matchs au sein de la compétition depuis deux saisons. La Coupe d’Europe, l’ASSE ne la dispute pas mais même en Ligue 2, les Verts voient encore quasiment au minimum un joueur par ligne de son effectif titulaire partir en sélection à chaque rassemblement, pour les tops clubs du championnat de France, c’est quasiment l’intégralité de l’effectif. Si Laurent Batlles confiait sa fierté de voir ses joueurs appelés en sélection, il ne comprenait pas l’aménagement des calendriers fait autour des trêves internationales. Samedi dernier, face à Bourg-en-Bresse, l’ASSE n’avait pas à sa disposition ses joueurs partis en sélection. S’ajoute également à cette équation, la réduction du nombre de joueurs dans les effectifs, compte tenu des difficultés financières rencontrées par les clubs professionnels.


L’exemple de Benjamin Bouchouari est la parfaite illustration de ce nouveau rythme accru. Après avoir disputé une première saison complète avec l’ASSE, il a participé à la Coupe d'Afrique des Nations U23 pendant l’été, son équipe du Maroc a remporté la compétition et le joueur n’a officiellement coupé sa saison que le 10 juillet alors le groupe stéphanois avait lui déjà repris le chemin de l’entrainement pour son début de préparation. Benjamin Bouchouari n’a finalement coupé qu’une quinzaine de jours et était de retour à l’entrainement le 26 juillet, à sa demande. Il a effectué une entrée en jeu dans l’équipe face à Grenoble à l’occasion de la première journée, il était titulaire lors du match de la seconde journée de championnat, contre Rodez. Depuis il n’a plus quitté le onze de Laurent Batlles, sauf après sa suspension pour une accumulation de cartons jaunes face à Laval. Il a été appelé à l’occasion de chacune des trêves internationales depuis la reprise du championnat, soit avec les A du Maroc, soit avec les U23.


David Terrier lui regrette l’évolution prise par le football et alerte une nouvelle fois sur les conséquences à venir que ce soit pour les joueurs mais aussi pour le spectacle proposé : "On est en train de détruire le football pour plus de compétitions, plus de matchs, plus de gains. Il va y avoir plus de droits TV, qui vont générer plus d’argent, cela va permettre de donner plus d’argent aux fédérations mais c’est au détriment du football, au détriment du respect des spectateurs et téléspectateurs qui payent très cher leurs abonnements. On est tout simplement en train de détruire le produit."

keyboard_arrow_down Commentaires (9) keyboard_arrow_down