Des témoignages édifiants sur des fouilles de supportrices à Monaco

Stade | Publié le par Joris S. avec Paul R. | 39 commentaires

En marge du déplacement des Verts à Monaco qui marquait le retour de l'ASSE dans l’élite, dans le cadre de la première journée de Ligue 1, des témoignages édifiants nous parviennent concernant des fouilles visant les supportrices stéphanoises présentes en parcage.        

Si les supporters stéphanois ont fait une démonstration de force dans les tribunes du stade Louis II pour le retour de l'AS Saint-Étienne en Ligue 1, tout ne s'est pas bien passé pour eux du côté de la Principauté. Plusieurs témoignages nous sont parvenus après la rencontre concernant des comportements inqualifiables lors de fouilles subies par des supportrices de l'ASSE. Certains d'entre-eux font froid dans le dos.


Une supportrice souhaitant restée anonyme revient sur ce qu'elle a subi : "J’arrive devant la femme, elle me demande si j’ai un briquet en ma possession, je lui réponds que non. Elle me demande d’ouvrir mon sac et vérifie son contenu, jusqu’ici rien d’anormal. Vient alors le moment où elle passe à la palpation, elle descend ses mains au niveau de ma poitrine et commence à lever mon soutien gorge pour y passer ses mains en-dessous. Elle descend ses mains au niveau de mes jambes et passe brusquement une main entre mes jambes jusqu’à remonter au niveau de mes parties intimes. La fouille est terminée selon elle, je me dirige donc vers la borne pour y scanner ma place de match. J’étais très choquée de cette palpation, je regardais mon amie qui venait de passer la fouille juste avant moi, elle me faisait les gros yeux. Là j’ai compris qu’elle avait subi la même fouille et que ce n’était pas normal.

Habituée des parcages visiteurs à travers l'hexagone, cette même supportrice explique ne jamais avoir reçu un tel traitement dans un stade : "Je tiens à préciser qu’en tant que supportrice stéphanoise, j’ai déjà pu effectuer de nombreux déplacements mais jamais la fouille n’a été si malsaine."


Une autre supportrice témoigne et décrit des faits similaires : "J’arrive vers la femme de la sécurité, enfin je n’ai même pas le temps d’arriver qu'elle m’enlève ma casquette directement puis se met face à moi pour me toucher le dos et me demande si je porte un soutien-gorge. Je lui réponds que non puis elle lève les yeux en l’air. Ensuite elle se met derrière moi pour fouiller l'avant de mon corps et me touche vraiment au niveau de la poitrine alors qu’elle était donc bien au courant que je n’avais pas de soutien-gorge vu que je lui en avais parlé juste avant. Cela m’a vraiment dérangé puisque c’était intrusif et je n’aurais rien pu cacher à ce niveau sachant que j’avais simplement un tee-shirt et rien en dessous. Elle m'a ensuite touché les jambes, les chevilles mais est remontée assez haut au niveau de l’entrejambe."


Un troisième témoignage nous est parvenu hier soir, il va dans le même sens que les premiers : "En arrivant après le premier contrôle de sécurité (les chiens qui reniflent pour la pyrotechnie), on me dirige vers une femme pour la fouille au corps. Elle me demande si j’ai un briquet dans mes poches, ce à quoi je réponds non. Elle commence à me palper le corps. Je suis habillée d’un tee-shirt et d’un short. Puis d’un coup, à travers mon tee-shirt, elle soulève la baleine de mon soutien-gorge, passe ses doigts en dessous pour me palper les seins. Elle me demande de me tourner, elle soulève à nouveau très fortement l’arrière de mon soutien gorge pour passer ses mains entièrement dans mon dos, me comprimant l’avant de la poitrine. Mon soutien gorge se retrouve par dessus ma poitrine. Elle me demande de me mettre à nouveau face à elle, et remonte sa main entre mes jambes de façon très prononcée, palpant mon sexe ainsi que mes fesses. Je pars pour faire scanner mon billet, comme on nous presse pour entrer, toujours avec le soutien gorge à moitié au dessus de la poitrine, je scanne mon billet, remets mon soutien gorge devant tout le monde. Je suis sidérée et choquée de cette fouille, étant une supportrice de l’ASSE abonnée, je connais les fouilles, ce n’était pas la première et ce ne sera pas la dernière cependant c’est la première fois que je sens mon intimité violée. Sur l’instant même je n’ai pas su réagir tellement la situation nous a sidérée. C’est inadmissible qu’en tant que supportrice nous soyons traitées de cette manière, aucun humain ne mérite d’être touché de cette façon par une inconnue et sans consentement."


Une affaire qui pourrait ne pas en rester là. Les faits décrits pouvant être qualifiés d'agressions sexuelles caractérisées, dont la peine encourue en France est de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000€ d'amende, pouvant être alourdie en cas de circonstances aggravantes telles que la commission d'un tel acte par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions (policier, juge, etc.).


Tôt dans la semaine, l'Association de Défense des Supporters Stéphanois (AD2S) s'est dite ouverte pour recevoir les témoignages des supportrices ayant vécu des fouilles abusives du côté de Monaco. 

Selon nos informations, aucune plainte n'a pour le moment été déposée. Le club se tient à la disposition des supportrices en question pour les accompagner dans les démarches si elles le souhaitent. Néanmoins, le dépôt de plainte doit venir des victimes de manière individuelle ou collective. Le procureur de Saint-Étienne pourra récupérer des plaintes et les transmettre à celui de Monaco pour que l'enquête se déroule en terres monégasques. Si tel était le cas, le club pourrait se constituer partie civile. En tout état de cause, une vingtaine de témoignages sont remontés jusqu'à l'ASSE, principalement de la part de femmes mais aussi d'hommes victimes de fouilles abusives.


La LFP a été informée par le club, à la fois la partie référent supporters mais aussi la direction de la sécurité qui dit suivre le sujet avec beaucoup d'attention. Le club va également faire parvenir un courrier à l'attention du directeur de la police monégasque, pour lui faire part des remontées reçues notamment concernant une des agents de police. Ce n’est pas l'AS Monaco qui est visée par ces démarches mais bien la police monégasque. Le lieu où se sont déroulées les fouilles étant sous vidéo protection, en cas de plainte(s) déposée(s), les bandes pourraient être utilisées.


Contacté par nos partenaires France Bleu Saint-Étienne Loire, le club de l'AS Monaco a transmis les informations remontées "à la Sûreté Publique, qui assure comme toujours l’accueil et la sécurité des supporters visiteurs dans la tribune dédiée au Stade Louis II. L’AS Monaco a toujours attaché une importance toute particulière à l’hospitalité et suivra le sujet de près" leur a précisé l'ASM. 

Les victimes ont également reçu le soutien de l'association Her Game Too, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les stades, avec qui nous nous étions entretenus en mai dernier. L'association a par ailleurs validé les démarches entreprises par le club stéphanois dans cette affaire où des comportements inqualifiables sont dénoncés.



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