Droits TV : Le président du RC Lens confie son inquiétude
Le feuilleton des droits TV de la Ligue 1 continue de faire couler beaucoup d'encre et d'entraîner un climat conflictuel au sein du football français. Certains comme Joseph Oughourlian, le président du Racing Club de Lens affichent ouvertement leurs désaccords.
Tous les clubs de Ligue 1 n'ont pas validé l'attribution des droits TV à DAZN et beIN Sports pour la période 2024-2029. C'est notamment le cas du Racing Club de Lens qui a voté contre, de Lyon mais également de l'AS Saint-Étienne selon nos informations. Cinq clubs se sont opposés à ce choix, privilégiant la distribution d'une chaîne 100% Ligue 1 par la LFP.
Quelques heures après la validation de l'option DAZN - beIN Sports, qui n'est pas encore totalement entérinée, les deux diffuseurs doivent encore s'entendre sur les modalités d'attribution du match à la chaîne Qatarie, le dirigeant artésien a publié un long message sur son compte Linkedin pour faire part de son inquiétude.
"Alors que l’interminable dossier des droits TV a livré un verdict et que l’heure est au satisfecit, je vous livre mes profondes inquiétudes exprimées à maintes reprises ces derniers jours. Non pas par fatalisme mais par ténacité.
Je suis un président inquiet pour ses supporters cherchant à voir les matchs de leur club de cœur. Pour avoir accès à l’intégralité du championnat, il faudra désormais cumuler un abonnement DAZN (8 matchs sur 9) dont le prix avoisinera les 35 euros et un abonnement beIN (pour l’affiche du week-end) à 15 euros par mois. 50 euros mensuellement, entre 500 et 600 annuellement, voici le (cher) prix à payer pour suivre la Ligue 1. Cet élément qui apparaît bien secondaire au moment où mes confrères ne s’intéressent qu’au prix de vente des droits, est pourtant central. Il nous renvoie à un principe fondamental que l’on bafoue : le positionnement prix d’un produit. Après le tandem Amazon (dont le Pass Ligue 1 coûtait 14,99 euros en sus de Prime) Canal+ (autour de 20 euros par mois), comment peut-on penser qu’une inflation du coût d’abonnement avec un accès à des catalogues moins généralistes pourra soutenir une croissance des téléspectateurs du football français ? Comment songer un instant qu’aller à contre-pied de la tarification attractive des offres plébiscitées du marché (moins de 15 euros par mois pour Netflix par exemple) peut être une voie durable pour le sport le plus populaire qui soit ?
Je suis un Président inquiet pour l’état financier du foot français. 500 millions d’euros valorisés, c’est in fine environ 9 millions d’euros pour le RCL. Jamais les clubs de L1 n’ont touché aussi peu au titre des droits TV. À l’inverse, souscrire à l’offre L1 a rarement représenté pour les fans un tel effort financier. À titre de comparaison, payer l’offre TV cette saison sera plus onéreux que l’abonnement le plus cher à Bollaert (545 euros). Cette tarification ouvre clairement la voie du piratage. En outre, avec une visibilité des partenaires dégradée, c’est tout un schéma de revenus qu’il faudra réinventer.
Je suis un membre du CA de la LFP inquiet. Alors que la contrainte d’absence de diffuseur devait nous amener à saisir l’opportunité d’un pilotage de notre propre offre TV, lisible, plurielle et abordable, cet entêtement à penser montants fixes me renvoie aux mirages du passé.
Par ailleurs, alors qu’il y a toujours eu consensus à refuser de vendre l’affiche de la journée à un acteur isolé, céder tardivement à cette tentation crée un revirement où l’économique court-termiste prend le pas sur le stratégique.
« La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent » disait Einstein, je crains que le pseudo-conservatisme des présidents ne nous y mène tout droit."