Édito : Dirigeants, réveillez-vous !
La saison dernière, après des débuts manqués en Ligue 2, notamment en raison d'un mercato estival qui n'avait pas correctement ciblé les besoins de l'équipe, Saint-Étienne s'était offert une seconde partie de saison plus convaincante, avec en ligne de mire, la possibilité de préparer sereinement l’exercice 2023-2024.
Les ingrédients étaient réunis pour correctement lancer cette nouvelle saison, celle qui doit impérativement permettre au club de retrouver la Ligue 1, là où est sa place.
Premier couac hérité de la gestion défaillante de l'été dernier, le départ libre de Jean-Philippe Krasso. Une situation que le club a néanmoins pu anticiper, bien que les dirigeants aient cru jusqu'au bout pouvoir le conserver. La signature rapide d'Ibrahim Sissoko venant combler partiellement le vide laissé par l'ancien spinalien qui a fait le choix de la Serbie et de l'Étoile Rouge de Belgrade. Comme trop souvent avec le triumvirat installé à la tête du club depuis le 6 décembre 2021, les dirigeants affichent très/trop rapidement des certitudes, sans doute grisés par l'environnement singulier du club. Les bons derniers mois réalisés en Ligue 2 servant de justification à cette béatitude ambiante et contagieuse. En levant l'option d'achat de Mathieu Cafaro et en faisant signer un nouveau contrat à Gaëtan Charbonnier, l'ASSE s'est assurée une stabilité de son effectif, forcément gage de réussite... Ajoutons à cela la signature définitive de Niels Nkounkou, dont l'idée jusqu'au début de cette nouvelle saison était de le revendre rapidement pour réaliser une jolie plus-value.
Ce dossier justement empoisonne désormais la vie du club. Les dirigeants affirment vouloir conserver le joueur, tout en sachant que cette issue est très improbable. Dès la fin de saison dernière, Nkounkou avait annoncé la couleur, conformément à ce qui était convenu avec le club. Aujourd'hui, comme la saison passée, Saint-Étienne a débuté son championnat avec un effectif déséquilibré. Empilant les joueurs au milieu (Bouchouari, Chambost, Fomba, Lobry, Monconduit, Moueffek, Mouton) mais ne disposant que d'un seul joueur apte au sein de son effectif à tenir le rôle de piston (Cafaro). En attaque, les solutions sont également maigres avec deux joueurs actuellement en mesure de débuter un match pour... deux postes !
Pourtant, les propos de Jean-François Soucasse avant la rencontre face à Grenoble, témoignent de ce sentiment d'auto-suffisance qui habite de nouveau la direction du club, comme lors du début de saison dernière et comme lors de l'éviction de Claude Puel au bénéfice de Pascal Dupraz qui devait sauver à coup sûr les Verts de la relégation. Le mercato de l'ASSE serait donc quasiment clos selon son président exécutif : "On a mené à bien notre projet à hauteur de 90%. On reste à l'affût d'opportunités, Sûrement un profil au minimum supplémentaire. On a hâte que tout cela commence."
La rencontre à Rodez a une nouvelle fois mis en exergue les carences d'un effectif qui n'est pas taillé pour répondre aux besoins de Laurent Batlles, ce dernier ne pouvant masquer une pointe d'agacement à ce sujet, lors du point presse d'après-match : "Le mercato ? Il y a des gens avec qui vous devez parler concernant le sujet, parlez-en aux gens concernés. Est-ce que ça influe sur ce qu'il se passe sur le terrain ? Oui totalement mais moi je suis entraineur, je me concentre sur le terrain."
Bien entendu, il est recevable de fustiger le manque d'adaptation de l'entraîneur des Verts, qui ne souhaite pas déroger à ses principes de jeu, quitte à mourir avec. On peut également se questionner sur le fait qu'après plus d'un an, les personnes dont la mission est d'apporter les joueurs nécessaires à la réussite de son projet, n'aient pas encore ciblé les besoins tactiques de ce dernier. Qu'ils n'aient pas bien pris la mesure de l'importance du duo Krasso - Nkounkou, décisif dans les performances du club lors de la seconde partie de saison. Pourtant, les statistiques démontraient aisément cette omnipotence du duo complémentaire sur et en dehors du terrain.
Une nouvelle fois, la réalité revient comme un boomerang à la figure des dirigeants. Après deux journées, Saint-Étienne n'a pas encore débloqué son compteur point malgré un calendrier présenté comme favorable. Dans son intervention d'après-match, Anthony Briançon a fait preuve d'une lucidité qui ne doit pas s'arrêter simplement à l'équipe et au staff : "Il y a pas mal de choses qui ne fonctionnent pas puisque finalement, on perd les matchs. Il va falloir travailler. On sait par quoi on est passé la saison dernière. Il ne faut pas retomber là-dedans, sinon ce sera très dur et compliqué. Il va falloir mettre le bleu de chauffe sur la semaine qui arrive pour absolument gagner lors de la prochaine journée."
Si Saint-Étienne ne veut pas très / trop rapidement "se faire chier" pour paraphraser le capitaine de cette formation, il est indispensable de rapidement se donner les moyens d'inverser la tendance afin de lancer cette saison. La balle est désormais dans le camp des dirigeants qui doivent également enfiler "le bleu de chauffe" afin de fournir les outils nécessaires à la réussite du club dans cette saison 2023-2024. L'ASSE ne peut se contenter d'être toujours dans la réaction l'hiver venu, de voir une prise de conscience tardive condamnant la moindre ambition. Il est désormais clair que si le mercato se termine le 1er septembre, l'AS Saint-Étienne ne peut se payer le luxe d'attendre jusque-là pour renforcer son équipe. L'attente est grande et le public stéphanois a déjà fait preuve de beaucoup de patience.