Gastal : "Rijvers aimait profondément Saint-Étienne"

Anciens Verts | Publié le par Joris | 2 commentaires

Kees Rijvers nous a quitté ce lundi à l'âge de 97 ans. Sur les antennes de notre partenaire France Bleu Saint-Étienne Loire, Philippe Gastal, le conservateur du Musée des Verts, est revenu sur l'histoire de ce formidable joueur "intimement liée" à celle de l'AS Saint-Étienne. 

Philippe Gastal : "Il était incontestablement un des meilleurs joueurs européens, on va dire de 1947 jusqu'à 1962. Pendant 15 ans, il a éclaboussé de son talent, de son génie. Petit par la taille, ça a été un grand monsieur du football en tant que joueur puis en tant qu'entraineur. Il a traversé l'histoire de l'ASSE de décembre 1950 avec son premier match face à Lille jusqu'en 1962 et son départ alors que l'AS Saint-Étienne allait remporter sa première Coupe de France. Il aimait profondément Saint-Étienne, Saint-Étienne l'aimait également profondément. Régulièrement au téléphone, depuis vingt ou trente ans, je l'avais pour des coups de fil de trois quarts d'heure ou une heure, pour parler football. De l'AS Saint-Étienne, du football français, du football hollandais, il était au courant de tout jusqu'à ses derniers mois. C'était un régal de pouvoir discuter avec lui, lui qui avait été un génie du football sur le terrain et un entraineur exceptionnel."

Le conservateur du musée des Verts revient ensuite sur son arrivée à l'ASSE et sur l'anecdote des crampons vissés amenés dans sa valise et légèrement exagérée dans les livres : "Il a fait trois passages successifs à l'ASSE. Il est arrivé la première fois en décembre 1950. Il me disait souvent : "il faut arrêter dans les livres de dire 50 kilos, 70 kilos, 80 kilos, 100 kilos, 150 kilos de crampons vissés, je n'en ai pas emmené autant." C'est vrai qu'il a fait connaître les crampons vissés qui n'étaient pas connus en France à l'époque. C'est vrai que sur les terrains gras ou enneigés, tous les joueurs de l'ASSE et même en France ont adopté ces crampons vissés. Sa vie est un roman : il a été ennuyé avec le FISC, il a dû revenir, repartir... Mais surtout, en 1947, il a fait un match extraordinaire malgré la défaite des Pays-Bas face à l'Équipe de France et il s'était lié d'amitié avec un des meilleurs joueurs stéphanois, un des plus grands joueurs français d'après-guerre, Antoine Cuissard. Ce dernier n'a eu cesse de dire à Jean Snella et Pierre Guichard de recruter Kees Rijvers. Kees a donc débarqué en 1950, donc il a joué avec Antoine Cuissard. Il me parlait souvent de son "maître", celui qui lui a donné envie de devenir entraineur, monsieur Jean Snella."


Par la suite, Philippe Gastal dresse le portrait de ce meneur de jeu qui s'entendait à merveille avec une autre légende de l'ASSE, Rachid Mekhloufi : "On peut dire qu'il a été à la base du premier titre de champion de France 1957. On avait la chance à cette époque d'avoir deux meneurs de jeu exceptionnels qui étaient Rachid Mekhloufi et Kees Rijvers. D'ailleurs quand vous parliez à Kees Rijvers et que vous lui demandiez le plus grand joueur avec lequel il avait évolué, il répondait Rachid Mekhloufi. Et quand vous demandiez à Rachid Mekhloufi le meilleur joueur avec lequel il avait évolué, il répondait Kees Rijvers. Souvent, ou l'un ou l'autre était dans le bureau au Musée et j'appelais l'autre et là ils se parlaient. C'était un bonheur de les écouter parler ensemble, avec un respect énorme ! (...) Il ne faut pas oublier qu'il a été sacré meilleur joueur du championnat en 1957 par France Football à l'époque. (...) On pourrait l'assimiler à Raymond Kopa : petit, dribbles déroutants, passeur de génie. Il m'a rappelé aussi dans le jeu Alain Giresse avec ce ballon qui lui collait au pied et puis il donnait des offrandes."

Enfin, l'historien du club rappelle à quel point l'histoire de Kees Rijvers est liée à celle de l'ASSE : "Il est revenu plusieurs fois en tant qu'entraineur. Son histoire est intimement liée à l'ASSE puisqu'on est tombé trois fois contre lui lorsqu'il était entraineur dont cette demi-finale en avril 1976 qui allait propulser le club au graal avec la finale à Glasgow. On le rencontre également lors de ce fameux six à zéro en 1979 donc c'est une histoire qui s'est déroulée sur plusieurs décennies entre Kees et l'AS Saint-Étienne. Son roman de vie est intimement lié à l'AS Saint-Étienne en tant que joueur puis en tant qu'entraineur." 

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