Kolodziejcak s'est sacrifié pour le groupe et l'ASSE
Timothée Kolodziejczak, désormais au Paris Football Club a connu une histoire tumultueuse avec l'AS Saint-Étienne, tantôt brillante tantôt catastrophique. Elle s'est terminée dans "l'anonymat" sur une descente en seconde division.
Dans un entretien accordé à L'Équipe, le défenseur revient sur son aventure stéphanoise et notamment sur cette fin qui laisse "une blessure" en lui :
"Tu peux revoir cent mille fois l'action du but contre mon camp devant Marseille. Jamais, le ballon ne part dans la lucarne. Je n'ose d'ailleurs pas regarder les images. Ni celles du but contre Monaco. J'ai été insulté et sifflé dès l'échauffement. Ce fut le pire match de ma carrière, mon dernier avec les Verts.
J'étais à bout, gagné par une usure mentale. Après Lorient (2-6, le 8 avril), des supporters nous ont attendu à l'aéroport. J'ai été pris à partie, à cent contre moi. Fin avril, Julien Sablé (alors entraîneur adjoint) m'a proposé d'aller voir le coach Pascal Dupraz pour que je lui demande de ne plus jouer. Comme les gens pensaient que tout était de ma faute, je me suis mis hors du groupe, pour apaiser les tensions. Je me suis sacrifié. Je n'attendais qu'une chose : que ça se termine. Et j'ai quitté Saint-Étienne dans l'anonymat."
Pour "Kolo'" le mal du club ne se résume pas à lui et remonte à la période Jean-Louis Gasset. Le joueur évoque ce départ qui a fait beaucoup de mal au groupe, la transition vertigineuse avec Claude Puel et son management bien différent. Il revient également sur le vestiaire qualifié de "peignoirs-claquettes" à l'arrivée de Puel : "J'adore ce club et ces gens. Mais ils doivent se regarder dans une glace et se dire que cela faisait des années qu'ils allaient vers la Ligue 2... Je suis arrivé en 2018 dans une équipe de fou, une vraie équipe, et tout a été détruit, dans le sens où ils ont changé les entraîneurs. Le départ de Jean-Louis Gasset nous a mis une claque. Comment expliquer qu'une équipe qui vient de finir quatrième galère après, même si elle a perdu Rémy Cabella ? Il y a des façons de virer des gens, comme Ghislain Printant. Il faut aussi savoir écouter les joueurs. Après, chaque entraîneur a son management.
Je ne parlerai jamais en mal de lui, car je lui dois ma carrière et je n'ai pas tout fait bien non plus. Comme nous avions une relation particulière, cela faisait des étincelles, aussi (il sourit). Je ne lui en veux pas. Je suis juste déçu que cela se soit fini comme ça, entre nous.
On savait se gérer et Jean-Louis Gasset savait gérer ça. Stéphane Ruffier ne s'entraînait pas avec nous la semaine. Il faisait ses spécifiques et le weekend, c'était Jésus ! Mais on n'a ensuite plus eu les clés du vestiaire. Puel ne m'a pas étonné, je savais qu'il aimait bien piquer. Il ne voulait plus des cadres. C'est dur d'être mis à la cave... Il nous a mis au même niveau que des jeunes qui n'avaient pas encore joué en Ligue 1. Une bénédiction pour eux. Je veux bien. Mais dans le relationnel, je ne parle pas niveau football, tu ne peux pas t'adresser à un mec de 18 ans comme à un de 28 ans, devenu un homme, qui a une carrière. Je ne pige pas pourquoi Puel se comporte comme ça, avec les joueurs de 28-30 ans. Mais on ne s'est jamais réunis, on n'a jamais pensé à le lâcher. C'est là que tu vois qu'on est des bons mecs, avec "Debuch", Wahbi ou "Papy" Perrin."