L'abbé Deschamps, Guy Roux, Hamel... L'histoire de l'AJ Auxerre
Comme c’était souvent le cas au début du XXe siècle, un club de football était issu d’une association ouvrière ou d’un patronage qu’il soit laïque ou religieux.
En 1905, une loi bien connue, instaure la séparation de l’Église et de l’État. En réaction, l’abbé Deschamps, alors vicaire de la bien nommée «Cathédrale de Saint-Étienne», décide de créer un club sportif qu’il appellera Association de la Jeunesse Auxerroise. Il avait auparavant forgé son expérience en gérant un patronage de la région parisienne, puis un autre en région auxerroise.
D’autres disciplines sont au menu de l’association, comme la gymnastique, le tir, la préparation militaire, il y a même une clique pour les amateurs de tambours, fifres et clairons.
Rapidement, les championnats régionaux sont dominés par la nouvelle AJA, qui se distinguera même dans les coupes nationales amateurs de l’époque. La première guerre mondiale sera un sérieux coup de frein, à ces glorieuses performances. Elle sera même fatale à de nombreux membres du club qui ne reviendront pas du front. L’AJA survivra également au deuxième conflit mondial et continuera sa domination régionale.
En 1949, le fondateur du club s’éteint à l’âge de 81 ans et le stade de la route de Vaux est rebaptisé Stade de l’abbé Deschamps, possession du club, ce qui, encore de nos jours, n’est pas courant en France. En 1961 le président de l’époque proposa à l’un de ses anciens joueurs, parti sous d’autres cieux, de revenir au club qui avait besoin de renforts. Celui-ci accepta l’offre mais, avec une condition impérative, il voulait être entraineur-joueur. Malgré son jeune âge, il a 23 ans, et faute de moyens pour trouver mieux, le président Garnault engage le gamin. Il ne se doutait pas qu’il venait de recruter un entraineur qui allait devenir un personnage mythique du football français, Guy Roux.
Il faudra attendre 1974 pour que l’AJ Auxerre accède, avec le statut amateur, au monde professionnel après avoir piétiné de longues saisons, se contentant d’un titre de DH en 1970.
En 1980, c’est l’apothéose : le club bourguignon accède à la première division. Il va y demeurer jusqu’en 2012. Guy Roux établira un record de longévité avec 894 matchs assis sur un banc de Ligue 1 (dont 4 avec Lens). À la clé un titre de champion en 1996, quatre coupes de France, et une carrière européenne plus qu’honorable, avec une demi-finale de C3 en 1997. On peut ajouter, plusieurs titres de meilleur entraineur de l’année.
De nombreux joueurs de renom doivent beaucoup à leur séjour auxerrois, par exemple, Basile Boli, Jean-Marc Ferreri, Laurent Blanc, Eric Cantona, les gardiens Joël Bats, Bruno Martini, mais aussi l'actuel stéphanois Gaëtan Charbonnier, sans oublier Djibril Cissé, Enzo Scifo, Corentin Martens, Philippe Mexès, Alain Roche, Patrice Garande, la liste est trop longue pour les citer tous.
Comme l’ASSE, l’AJ Auxerre a connu un président mythique sans qui, rien ne serait arrivé, Jean-Claude Hamel, à la tête du club pendant 46 ans, après y avoir joué en amateur. En 2017 le club bourguignon est passé sous pavillon chinois, plus particulièrement sous la houlette du milliardaire James Zhou qui a fait fortune dans la fabrication de canettes diverses. Curieusement le nouveau propriétaire avait d’abord pensé engager comme entraineur Jean-Pierre Papin ! Le projet n’a pas eu de suite, mais sans doute, aucun rapport avec les problèmes passés de JPP avec les canettes.
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