L'ASSE cherche patron à plein temps
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Ce n'est pas la première fois depuis que le club est passé sous pavillon canadien, que le mode de direction du club à distance, avec deux triumvirats, interroge ou plus.
Depuis l'arrivée de Kilmer Sports Ventures à l'actionnariat du club, l'AS Saint-Étienne a largement remanié son organigramme déjà bien chargé en y ajoutant de nouvelles têtes et de nouveaux responsables, mais sans effectuer aucun "ménage". Ainsi, au cours des dernières saisons, trois hommes se partageaient la direction administrative et sportive du club, Jean-François Soucasse en qualité de président exécutif du club, Loïc Perrin en tant que Directeur Sportif et responsable de la cellule de recrutement et Samuel Rustem comme directeur général adjoint délégué aux activités sportives - Stadium manager.
Cet été, un jeu de chaises musicales s'est déroulé en haut de la pyramide décisionnaire du club. Exit Roland Romeyer et Bernard Caïazzo à l'actionnariat du club, place à Larry Tanenbaum. Jean-François Soucasse a retrouvé un poste de directeur général de la SASP ASSE. L'ancien joueur professionnel passé par l'ASSE n'intervient plus sur le sportif et doit rendre des comptes à Ivan Gazidis. Samuel Rustem s'est vu décharger de toutes ses missions liées au sportif. Enfin, Loïc Perrin qui était avant sous la tutelle de Jean-François Soucasse, l'est désormais sous celle d'Huss Fahmy. Si les nouveaux dirigeants insistent en interne sur une hiérarchie horizontale au sein de laquelle, chacun peut apporter sa pierre à l'édifice, Huss Fahmy et Jaeson Rosenfeld apparaissent comme les patrons du club au quotidien. Les deux hommes sont les visages les plus présents de Kilmer Sports Ventures à Saint-Étienne, en qualité de vice-président de la structure qui a racheté le club cet été.
Et Ivan Gazidis dans tout cela ? Le dirigeant passé par Arsenal et l'AC Milan, connu et reconnu pour ses compétences dans le monde du football se rend dans le Forez occasionnellement. L'homme d'affaires et dirigeant sportif sud-africain d'origine grecque est parfaitement en adéquation avec ses propos. Il n'avait d'ailleurs pas caché aux supporters du club, lors d'une entrevue en début de saison qu'il n'avait pas vocation à être présent au quotidien. Gazidis gère donc à distance, échange régulièrement avec ses hommes de confiance que sont Huss Fahmy et Jaeson Rosenfeld et prend les décisions importantes généralement via des échanges en visioconférence. Néanmoins, la stratégie de Kilmer Sports Ventures montre ses limites. Samedi dernier, dans un Geoffroy-Guichard qui a vu exploser la colère des groupes de supporters, aucune trace de la direction "canadienne" du club.
Les joueurs ont dû faire face à la gronde des supporters seuls, épaulés par leur entraîneur. Des joueurs en première ligne, un entraîneur porte-drapeau du nouveau projet esseulé face à la colère du public. Une image forcément inquiétante, avec un SLO (référent supporters) dont le rôle est notamment de faire le lien entre le club et ses supporters, caché derrière les acteurs de la rencontre. Tout un symbole, dans un club où l'opulence en matière de dirigeants est au moins proportionnelle à leur faculté à se faire oublier en période de crise.
Au cours des dernières saisons, le club a traversé de nombreuses crises durant lesquelles l'institution s'est souvent montrée friable. Cette rencontre face à Rennes est symptomatique des problèmes de fond qui demeurent au club avec une première mi-temps qui a vu l'arbitrage largement influer sur le déroulement de la rencontre (ndlr : carton rouge non sorti, penalty non sifflé). Dans la majorité des clubs, un dirigeant serait monté au créneau dès la pause pour signifier à l'arbitrage les défaillances observées. À Saint-Étienne, on attend la fin de la rencontre pour échanger avec les arbitres et un courrier est envoyé pour demander des explications à la Direction Technique de l'Arbitrage (DTA). Idem concernant les scènes de fin de match avec des kops excédés et une crise sportive qui explose. Le public stéphanois était en droit d'entendre ses dirigeants sur le sujet pour assurer et rassurer mais ils n'étaient pas au stade, du moins pas les nouveaux. De ce fait, rien n'a véritablement changé dans le monde impitoyable de l'ASSE.