Le jour où l'ASSE et l'OM établissaient un record
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Il n’y a sans doute, aucune chance, pour que les supporters marseillais et stéphanois actuels et même futurs, vivent un jour ce que leurs anciens ont vécu en ce 16 septembre 1951 au Stade Vélodrome.
À ce moment-là, les deux clubs sont au creux de la vague. Certes Marseille a été sacré champion pour la deuxième fois, trois saisons auparavant (1948), mais les Phocéens restent sur deux modestes huitièmes places. On ne se doute pas sur la Cannebière que vingt-trois années s’écouleront entre ce précédent titre et le suivant.
Côté stéphanois c’est encore moins brillant. Excepté une deuxième place obtenue au cours du premier championnat d’après-guerre (1946), remporté par Lille, les résultats sont loin des attentes de tous. Mais pire encore, les caisses sont vides. Il a fallu que le conseil municipal de la ville accepte, l’année précédente, le versement d’une aide providentielle, pour éviter la disparition du club. Du coup Pierre Guichard était revenu aux manettes qu’il avait abandonnées pendant la guerre. Sa première importante décision fut de débarquer l’entraineur Ignace Tax et de proposer le poste à Jean Snella qui l’accepta à contre cœur, car Ignace Tax était son ami.
Malgré tout, le bilan des confrontations en D1, entre les deux équipes qui se présentent au Vélodrome, est à l’avantage de Marseille, certes en difficultés à Geoffroy-Guichard, mais qui n’a jamais été battue par l’ASSE à domicile. L’OM reste même sur un cuisant (7-0) infligé aux Stéphanois six mois avant.
Conséquence, les prestations moyennes des deux clubs n’ont attiré qu’un peu moins de 11 000 spectateurs, le Vélodrome sonne le creux.
Il ne faudra que quatre minutes pour que le plus grand buteur de l’histoire de l’OM, le suédois Gunnar Anderson ouvre le score sur pénalty (1-0). Il doublera la mise un quart d’heure après mais le stéphanois Bini réduira l’écart dans la foulée (2-1). Seulement deux minutes de répit pour les verts, et Anderson réalise un triplé (3-1). Nous jouons alors depuis vingt-cinq minutes et à la demi-heure de jeu c’est encore Bini qui réduit le score qui ne changera plus jusqu’à la mi-temps (3-2). Dès la reprise commence le festival René Alpsteg. L’avant-centre stéphanois, natif de Haute-Savoie, claque deux buts en quatre minutes dès le retour des vestiaires (3-4).
À l’heure de jeu c’est René Domingo qui assomme les Marseillais (3-5), imité deux minutes après par Alpsteg qui y va de son triplé (3-6). Il ne faudra ensuite que deux minutes pour que Kees Rijvers, dit «Trottinette», fasse à nouveau trembler les filets (3-7). Le but qui va suivre à un quart d’heure de la fin, restera comme le premier marqué par un Brésilien avec les Verts. Il est l’œuvre de Vicente Nola dit «Tinola» (3-8).
Après un neuvième but inscrit par Koczur Ferry à la quatre-vingt-deuxième (3-9), l’histoire ne dit pas comment le préposé au panneau d’affichage s’est débrouillé, deux minutes après, pour présenter le dixième. Un panneau «10» était-il prévu ? C’était le troisième quadruplés réussit sous le maillot vert par René Alpsteg (après ceux contre Toulouse (4-0) et Beauvais (9-0)).
Il fallait trouver une explication à cette déroute marseillaise (3-10). On apprendra après la rencontre que le gardien phocéen, Armand Libérati, aurait souffert d’une épaule démise, et aurait continué à jouer, grâce à une infiltration. Lorsque celle-ci ne fit plus d’effet, le pauvre portier, très diminué, n’aurait pu que subir l’avalanche de buts. À ce jour, aucun match du championnat de France officiel, ne s’est terminé avec autant de ballons au fond des filets. Lors de la rencontre retour, malgré un nouveau gardien, l’OM s’inclinera dans le Chaudron (2-4). Dix-neuf pions en deux rencontres, dont quatorze pour Saint-Étienne qui, dans la saison actuelle, n’en a marqué que cinq de plus, après vingt journées. Autre temps, autres mœurs ! Finalement l’ASSE terminera la saison à la neuvième place du championnat, loin derrière le leader Nice. Marseille finira seizième (sur dix-huit), en ayant perdu, en cours de compétition, un match sur tapis vert, à cause d’un envahissement du terrain à deux minutes de la fin, face au Racing Club de Paris qui menait au score (2-3).
L’OM ne sauvera sa place parmi l’élite que grâce à une nette victoire lors du deuxième match de barrage joué contre Valenciennes, sur terrain neutre, à St Ouen (4-0). La première manche de ce barrage, qui avait été perdue par Marseille (1-3), s’était déroulée à …Geoffroy-Guichard. Décidément !