Lemoine : "On kiffait vraiment ensemble"

Anciens Verts | Publié le par Joris | 4 commentaires

L'année 2023 marque les dix ans du dernier titre majeur de l'AS Saint-Étienne : la Coupe de la Ligue 2013. À quelques jours de ce fameux 20 avril, nous revenons avec plusieurs des acteurs de ce parcours sur leurs souvenirs et anecdotes. Troisième épisode aujourd'hui avec le milieu de terrain Fabien Lemoine.

Bonjour Fabien, comment as-tu vécu ce parcours en Coupe de la Ligue en 2013 qui fête ses dix ans cette année ?
On s’est tous à peu près connu en 2011, il y a eu des retouches en 2012 avec l’arrivée de Coco (Renaud Cohade ndlr), l’arrivée de Rom’ (Hamouma, ndlr), Bibi aussi (Brison, ndlr). Sur l’année 2011-2012 on va dire que le groupe s’est vraiment créé, sur les deux ou trois mercatos entre 2011 et 2012. On kiffait vraiment ensemble et la Coupe de la Ligue 2013 a un peu été la cerise sur le gâteau, la récompense du travail, du groupe, de la joie de vivre. Cela a fait qu’on a réussi à aller chercher ce trophée. Je pense que par rapport à tout ce qu’on a vécu individuellement et collectivement, on méritait d’aller chercher quelque chose. On a réussi, tant mieux et tant mieux aussi pour les supporters. Je pense que les gens étaient plutôt contents, heureux d’aller voir cette équipe jouer donc cela fait plaisir.


"Au tirage au sort, on n’était jamais trop chanceux et on chope Paris. On se dit : « put*** fait ch***, c’est pas possible, encore eux ! »."

Au départ la Coupe de la Ligue était toujours une coupe un peu secondaire. Mais nous tout de suite on va à Lorient, match compliqué, on arrive à égaliser grâce à Branda’ (Brandao) et on gagne aux tirs aux buts. Tout de suite, on n’en avait pas fait un objectif mais le coach a toujours essayé de nous mettre la meilleure équipe possible. Des fois des coachs font vraiment beaucoup tourner, nous ce n’était pas le cas. Il (Galtier) nous disait que cela faisait longtemps que Sainté n’avait rien gagné, que le peuple vert méritait vraiment leur place au stade de France. Il y avait tout de suite cette envie pour le coach de mettre l’équipe la plus compétitive possible. Après on va à Sochaux on en met trois là-bas, et après tu es direct en quart ! Ça va super vite ! Au tirage au sort, on n’était jamais trop chanceux et on chope Paris. On se dit : « put*** fait ch***, c’est pas possible, encore eux ! ». Même si cela a été surtout après, dans les années 2014-2015 où on les prenait tout le temps et souvent au Parc. Dès qu’on passe le PSG, l’objectif c’était d’aller au stade de France. On voulait recevoir aussi. La chance qu’on a c’est que les gros matchs on les joue à domicile. À Sainté forcément, une affiche comme Paris ou Lille, ça faisait le plein, grosses ambiances. On avait tout pour être bons. Contre ces équipes-là qui ont beaucoup de qualités, tu peux perdre mais tu sais très bien que tu vas rivaliser quoiqu’il arrive et que ce sera un match engagé, serré.

Ce titre fait-il partie des meilleurs moments de ta carrière ?
Oui clairement ! Il y en a plusieurs moments à Sainté, de très bons. Mais celui-là fait vraiment partie du top, avec le derby contre Lyon gagné trois à zéro ainsi que les premiers matchs européens. Mais ce titre, avec l’ampleur que cela a eu, le lendemain à Saint-Étienne… Ça on ne l’a vécu qu’une seule fois donc forcément ce titre-là fait partie de mes meilleurs souvenirs en tant que joueur.


"Tu te dis, Wow, c’est un truc de fou !"

T’attendais-tu à un retour comme ça à Saint-Étienne ?
On savait qu’il allait y avoir quelque chose. Après moi je n’avais pas paradé nulle part ailleurs donc je ne savais pas à quoi m’attendre forcément. Le fait d’avoir vu le stade de France la veille, comme il était fourni, l’ambiance qu’il y a pu y avoir là-bas sur place. Tu te dis : « Wow, c’est un truc de fou ! » Donc derrière tu sais qu’il va y avoir quelque chose. Maintenant, voir ce qu’on a vu, non je ne m’y attendais pas. Je ne m’attendais pas à mettre autant de temps à traverser la ville, je m’attendais juste à aller à la Mairie et que là-bas il y aurait du monde mais pas comme ça c’est clair.

As-tu une petite anecdote à nous raconter sur ce parcours ?
Il y a plusieurs choses forcément. Ce n’est pas vraiment une anecdote, mais quand je repense à tout ça et maintenant qu’on a gagné, parce que si tu perds tu ne le dis pas forcément. Mais c’est vrai qu’on était super tranquille de la mise au vert au stade deux heures avant, on était tranquille dans le bus, tout le monde était en train de se prendre en photo, on rigolait. Après au stade, dans le vestiaire on avait l’habitude de faire des petits jonglages. On n’a pas changé nos habitudes, on n’a pas stressé. On avait cette force collective et individuelle du don de soi qui faisait qu’on se sentait très fort. On avait une grosse confiance dans le partenaire, le staff, dans l’équipe, dans le club. Les planètes étaient alignées pour faire de belles choses. J’ai trouvé cette période là hyper-intense par rapport à ça aussi, on sentait que dans le club tout le monde était à sa place. Il y avait une concurrence qui était présente et tout le monde avait un rôle à jouer. On a vécu d’énormes émotions.


La petite anecdote c’est que j’ai pris une photo avec Roland (Romeyer) dans l’avion. On avait un peu picolé forcément après, donc sur le retour le président était un peu fatigué avec le stress tout ça. Je lui avais mis l’écharpe autour de la tête et je me suis pris un petit selfie avec ma tête de con (sic) à côté de lui (rires). On s’était vraiment tapé des barres, c’était assez folklo’ dans l’avion. Tous ces moments-là sont assez uniques. On avait le retour en avion avec les familles, les femmes, les enfants. On a vraiment bien rigolé, il y a eu pas mal de conneries de faites.


François Clerc nous a quant à lui parlé de parties de tarot avec un Christophe Galtier qui vous tirait les oreilles parfois…
C’est vrai qu’on était des bosseurs sur terrain mais pas vraiment en salle on va dire à l’époque (sourire). C’est clair que le tarot a été le jeu qui nous a animé pendant toutes ces années. Par moment on disait "on l’a finie" mais on était en speed. Il fallait qu’on se dépêche à mettre les crampons, certains étaient à moitié prêts… C’était la course pour aller sur le terrain. Le coach par moment jouait avec nous quand ça se passait bien. On a été des gros joueurs pendant un moment. Pour tout te dire, on avait trois ligues : chaque semaine deux montaient et deux descendaient. On était douze joueurs, sur un effectif de 24 ou 25. On était donc la moitié de l’effectif à joueur au tarot tous les matins donc c’est sûr que la salle de muscu’ les matins il n’y avait pas grand monde (rires). Par contre quand on arrivait sur le terrain, ça ne trichait pas, on était investi. Mais dans l’avion c’était tarot, à l’hôtel c’était tarot, on était vraiment drogués (rires). Ce concours avec les montées, descentes, aller sur la table d’honneur qu’on avait installée, c’étaient des objectifs.


"On était vraiment des drogués, on se dépêchait de déjeuner, ça courait pour être vite à la table, c’était incroyable !"

Qui était le meilleur ?
Jé (Clément) très très fort. Quand il est descendu en Ligue 2 on est monté sur la table tellement c’était un exploit de le faire descendre (rires). Loïc (Perrin) jouait bien aussi. Coco (Cohade), François Clerc aussi. Tout le monde jouait bien, on a tellement fait de partie que tout le monde prenait des techniques, tout le monde avait les astuces des uns des autres ce qui fait qu’à la fin il y avait vraiment un gros niveau.

Et les moins bons ?
Branda’ (rires), il était souvent dans la charrette. Romain Hamouma n’était pas top non plus (rires). Paul Baysse aussi était un peu dans le trou. Alejandro Alonso jouait aussi et il était un peu en difficulté quand le niveau s’élevait un peu.

En tout cas vous êtes raccords avec François Clerc, les mêmes noms ressortent dans les mêmes catégories…
En même temps quand tu passes les trois quarts de ton temps en National, dans la troisième division, c’est qu’il y a une raison (rires). Ils étaient sur le canapé, avec leur petite table basse et ils jouaient là-bas tranquille (rires). On était vraiment des drogués, on se dépêchait de déjeuner, ça courait pour être vite à la table, c’était incroyable !

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