Lemoine : "Sainté sera armé pour remonter l'année prochaine"

Anciens Verts | Publié le par Joris | 8 commentaires

En marge de l'entretien qu'il nous a accordé pour revenir sur les dix ans du titre de la Coupe de la Ligue 2013, Fabien Lemoine a accepté de répondre à quelques unes de nos questions. Il revient avec nous sur sa saison à Versailles, son avenir mais aussi sur ses vertes années et sur la situation de l'AS Saint-Étienne. 

Bonjour Fabien, on va commencer par prendre de tes nouvelles, comment ça se passe pour toi au FC Versailles ?
Ça va, on n’est pas dans une bonne phase mais ça se passe bien. Je prends du plaisir, je joue. Après on était bien dans la course et là on a pris du retard donc ça va être compliqué mais il reste six matchs donc on ne sait pas ce qu’il va se passer. On a des confrontations directes aussi. Mais bon, il ne faut pas avoir de regrets, on verra où cela nous mènera.

C’est une découverte pour toi ce championnat de National, c’est quel genre de football par rapport à ce que tu as connu auparavant ?
C’est un football moins posé. Il y a moins de tempo dans les matchs. On ne peut pas dire qu’il y a plus de temps parce que c’est faux : il y a moins de temps notamment au milieu de terrain. C’est un championnat avec beaucoup d’intensité, du pressing un peu partout, beaucoup de joueurs qui ne sont pas avares d’efforts. C’est un championnat difficile et je trouve même que dans la zone du milieu de terrain c’est un championnat plus compliqué que quand tu joues en Ligue 1. Les équipes adverses font plus de pressing qu’en Ligue 1 où par moment dans ta moitié de terrain, tu as du temps pour ressortir les ballons, pour essayer de trouver les décalages. Alors que là il y a tout de suite du monde sur le porteur du ballon. Je me suis plutôt vite adapté aussi donc je suis content de mon expérience.

Comment vois-tu l’avenir ?
Je suis en fin de contrat en juin sauf si on monte où un an de plus se déclenche automatiquement. Pour l’instant, je ne me prends pas la tête. Je prendrai le temps de réfléchir une fois le moment venu. On discutera aussi avec le club en fonction de leur souhait, du mien. Je me concentre vraiment pour essayer de faire une bonne fin de saison et puis on verra ce qu’il se passera.


"À un moment donné on savait que si on donnait 100% voire 120% on allait sûrement être récompensés à travers des matchs de fou, des ambiances de dingue."

En dehors de ce parcours en Coupe de la Ligue, tes années en vert ont coïncidé avec une belle période pour le club. Comment l'expliques-tu et qu'en gardes-tu ? 

Je pense qu’on avait tous pris la température de ce que demandait ce club en terme d’investissement par rapport à ce que les gens nous donnaient au stade. À un moment donné on savait que si on donnait 100% voire 120% on allait sûrement être récompensés à travers des matchs de fou, des ambiances de dingue. Parce qu’en fait quand tu es joueur, tu vis pour ça. Bien-sûr tu vis pour essayer de gagner des matchs, des trophées tout ça, les émotions se passent dans le vestiaire mais je pense qu’elles sont surtout pendant les matchs, à l’échauffement, après les matchs à travers les communions avec le public, les supporters. Tout le monde a été gâté : nous énormément et on a essayé de rendre le plus heureux possible les supporters stéphanois pour qu’ils aient une force décuplée pour avoir de belles ambiances. Je me rappelle de Karakbukspor quand on se qualifie chez nous après un match pourri là-bas. On se qualifie aux tirs au but, c’était la première participation réelle en poules. Je me rappelle de l’ambiance avant le match, on sentait vraiment que c’était un match vraiment à part. Ça a été top !


Suis-tu encore l’ASSE ?
Oui, bien-sûr. J’ai suivi l’année dernière forcément, malheureusement…

Tu as dû souffrir comme les supporters…
Oui. Nous aussi on était dans la bataille avec Lorient. Alors forcément tu suis. Mon souhait c’était qu’on se sauve tous, nous les premiers et vous ensuite. Tu regardes d’un œil attentif parce que déjà tu es en concurrence avec eux donc forcément quand tu as fini ton match, tu regardes. J’étais à chaque fois au taquet mais j’avais quand même ce petit truc où je me disais : « j’espère vraiment qu’ils vont se maintenir aussi ». Comme ils ont été pas mal derrière nous, j’espérais Sainté barragiste à la fin avec un maintien derrière. Ça a été presque le cas. J’ai suivi le barrage aller/retour et malheureusement le couperet est tombé. Maintenant en Ligue 2, même s’il y a moins de joueurs avec qui j’étais, il y a quand même Lolo (Batlles) en tant qu’entraineur, Loïc (Perrin) aussi en tant que directeur sportif. Il y a aussi des anciens lorientais (Pétrot, Dreyer) qui sont partis là-bas. Forcément je regarde et là je suis vraiment content même si ce n’est pas terminé, je pense que ça va le faire facilement maintenant pour le maintien. Ils sont sur une bonne dynamique. Ce qui me plait aussi c’est que j’ai l’impression que les supporters aussi sont contents, sont soulagés. Les joueurs ont l’air de prendre du plaisir alors qu’à un moment donné cela avait l’air un peu tendu et que les joueurs semblaient avoir peur de jouer à Sainté. Il n’y avait pas trop d’initiative, les matchs avaient l’air d’être assez pauvre alors que maintenant il y a vraiment de la qualité, du jeu. Aujourd’hui c’est une très bonne équipe de Ligue 2 et c’est dommage qu’ils aient pris autant de retard parce qu’ils auraient pu se mêler à la lutte je pense.


"Je trouve qu’on est rentré dans une ère où il y a un fossé énorme entre les effectifs des clubs qui sont armés pour jouer l’Europe et le reste du monde qui se bat pour le maintien"

Es-tu optimiste pour la saison prochaine ?
Oui bien-sûr ! Après c’est toujours pareil, cela va dépendre qui descend de Ligue 1, il y a quatre descentes. Sainté sera armé pour remonter l’année prochaine, avec des clubs comme Metz ou Bordeaux s’ils n’y vont pas cette année. Il y a quand même un fossé qui se creuse entre les clubs. Quand on voit la Ligue 1 aujourd’hui, les sept premiers sont ceux qui ont le plus de moyens. Je trouve qu’on est rentré dans une ère où il y a un fossé énorme entre les effectifs des clubs qui sont armés pour jouer l’Europe et le reste du monde qui se bat pour le maintien. Une année tu peux peut-être te sauver super facilement, et l’autre année tu peux galérer. Les écarts se sont vraiment creusés depuis deux trois ans. Si tu n’as pas de moyens, tu ne peux pas rivaliser, cela va trop vite. Les effectifs sont beaucoup trop armés. Il y a sept ou huit ans, tu pouvais avoir des surprises. Quand nous on a réussi à faire des choses, on n’avait pas les plus gros budgets, on n’avait pas la plus grosse équipe sur le papier mais on arrivait à l’énergie à rivaliser. Après il y a des clubs qui travaillent vraiment très bien et qui vont pouvoir progressivement rattraper un peu le wagon mais ça veut dire qu’il faut des investisseurs à côté car qu’avec des partenaires locaux pour un club, cela devient malheureusement trop compliqué.

T’attendais-tu à voir les Verts aussi bas ? Quel virage le club n’a pas bien pris après ces belles années ?
Je ne m’y attendais pas parce que même quand ils descendent, sur le papier, ils n’ont pas une équipe en bois, loin de là. Ils ont un effectif assez cohérent, en tout cas dans les noms. Après c’est toujours pareil, il faut que chaque joueur donne le maximum. Tu as beau avoir des noms associés, on le voit dans d’autres compétitions avec des équipes qui ont les meilleurs joueurs du monde. Si les mecs ne sont pas à 120% offensivement, défensivement, que ça ne joue pas ensemble, c’est mort ! Je pense qu’ils se sont peut-être dits à un moment donné que cela allait passer parce qu’à Sainté c’est toujours dur d’aller gagner là-bas, avec le public tu gagnes des matchs grâce à ça. À un moment donné, le fait de ne pas avoir de résultats au final quand ça tournait pas forcément dans le bon sens, le public demande autre chose, certains ont peut-être paniqué un peu. Il y a toujours des saisons où ce n’est pas prévu à la base de jouer telle ou telle place et que ça ne tourne pas comme tu veux et que tu t’y retrouves finalement.

À Lorient au mois d’avril, ils menaient deux à zéro et on gagne six buts à deux alors que franchement ils font un super début de match et d’un coup, boom (sic), ils font des erreurs individuelles. Je crois que ce qui leur a coûté cher c’est ça, c’est qu’ils ont fait beaucoup d’erreurs individuelles et à chaque fois ils l’ont payé cash. Leur secteur offensif était bien armé avec de la qualité, de la percussion mais je trouvais que défensivement ils encaissaient pas mal de buts. À l’extérieur c’était assez simple de les mettre en difficulté aussi. Je pensais tout de même qu’ils allaient y arriver. Après il y avait toutes ces histoires autour de la vente aussi…


"Quand on gagne le derby trois à zéro, tu n’as qu’une envie c’est de jouer encore, on se dit : « Vas y, ne siffle pas. Laisse encore dix ou quinze minutes plus » tellement on prenait du plaisir"

Penses-tu que ces rumeurs sur la vente peuvent jouer dans la tête des joueurs ?
On ne peut pas dire que les joueurs sont hermétiques à ce genre de choses. Ça joue dans les têtes forcément. Après il y avait beaucoup de joueurs en fin de contrat et la plupart savait qu’ils n’allaient pas poursuivre l’aventure à Sainté. Au final, tu te dis que l’objectif immédiat c’est de maintenir le club en Ligue 1 donc je ne pense que cela a été une des causes. Les joueurs sous contrat en revanche peuvent se dire : « à quelle sauce on va être mangé ? » Il y avait aussi pas mal de joueurs d’expérience qui connaissent le milieu aussi. Tu sais que ça peut aller vite dans un sens comme dans l’autre. Je pense que ce qui leur a vraiment fait mal c’est que parfois ils jouaient bien, et d’un coup une erreur individuelle les mettait dedans et dès que la machine était un peu enrayée, c’était quasi-impossible de retourner la situation.

Ils n’arrivaient pas à faire corps ensemble, en faisant abstraction du contexte et en se disant : "si on égalise le public va revenir avec nous". Ce ne sont pas des situations évidentes dans des stades comme celui-là. Moi je l’ai super bien vécu mais pour un joueur qui prend moins d’initiative, il peut s’effacer. Nous on a connu une période super belle. On gagnait beaucoup de matchs chez nous. Pour nous c’était un régal ! Tu quittais le match t’étais dégoûté, tu te disais : « punaise, si on pouvait jouer deux heures de plus… » Quand on gagne le derby trois à zéro, tu n’as qu’une envie c’est de jouer encore, on se dit : « Vas y, ne siffle pas. Laisse encore dix ou quinze minutes de plus » tellement on prenait du plaisir.


Il y avait eu un autre derby gagné où tu avais fait dégoupiller les lyonnais à toi tout seul…
Après je n’étais pas dans une bonne période. Individuellement, ce n’était pas top. La dernière année s’est moins bien passée. Moi-même j’avais mal réagi, je n’aurais pas dû quitter le terrain comme ça, j’aurais dû prendre sur moi mais ce n’était pas une bonne période pour moi. C’est la cocotte qui a explosé un peu. J’ai préféré partir, mais ce ne sont pas des choses à faire. Le principal c’est qu’on avait gagné.


"Là ma vie est un peu rythmée par les entrainements, par les déplacements, les week-ends, la compét’, l’adrénaline… Il va falloir trouver autre chose pour se sublimer"

Pour revenir sur ton avenir, plusieurs de tes anciens coéquipiers à l’ASSE occupent des postes différents (directeur sportif, entraineur, président), as-tu déjà une idée clair de ton côté ?
Non, je n’ai pas d’idée précise. J’ai déjà envie de voir ce que cela donne en fin de saison. Forcément cela se bouscule un peu parce que je sais que ça va être un tournant aussi, professionnellement mais dans ma vie aussi. Là ma vie est un peu rythmée par les entrainements, par les déplacements, les week-ends, la compét’, l’adrénaline… Il va falloir trouver autre chose pour se sublimer. C’est vrai que je n’ai pas trop d’idée. La proximité du vestiaire, du sportif me plait. Entraineur je ne me vois pas forcément dans un premier temps. Je ne sais pas encore exactement et après il faut trouver les opportunités parce que tous les clubs sont bien staffés. Aujourd’hui les clubs ne cherchent pas forcément ou s’ils cherchent il y a des joueurs qui sont déjà formés pour, qui ont de l’expérience. On verra ce qu’il se passera une fois qu’on aura décidé de la suite, on se mettra en quête de nouveaux défis après.

keyboard_arrow_down Commentaires (8) keyboard_arrow_down