Les confidences émouvantes d'un ancien de l'ASSE sur son alcoolisme
Il y a des sujets qui dépassent le football et qui touchent la vie d'un homme. Fredy Guarin s'est livré la semaine dernière à cœur ouvert pour Semana. Dans cet entretien, il se livre notamment sur son alcoolisme qui a failli lui coûter la vie.
Sorti du chapeau d'Omar Da Fonseca à l'époque où il gérait la cellule de recrutement de l'AS Saint-Étienne, Fredy Guarin a marqué les mémoires des supporters stéphanois malgré un court passage dans le Forez. Étoile montante sous Ivan Hasek lors de la saison 2006-2007 où le Colombien avait gratifié le public stéphanois de quelques uns de ses pétards allumés de son superbe pied droit, Guarin n'avait pas forcément la confiance de Laurent Roussey et des dirigeants stéphanois par la suite qui décidèrent de lui accorder un bon de sortie. Une décision qu'ils regrettèrent quand ils virent que le milieu de terrain offensif devint un cadre du FC Porto puis de l'Inter Milan derrière. Après des expériences à Shanghai Shenhua en Chine et à Vasco de Gama au Brésil, Guarin rentrait au pays en 2021 au Millonarios FC.
Néanmoins, ce n'est pas sur sa riche carrière qu'il s'est confié en fin de semaine dernière pour Semana. À cœur ouvert, l'ancien vert s'est exprimé sur son alcoolisme qui a bien failli avoir raison de sa vie : "Malheureusement, à un moment donné, je me suis laissé ‘distraire’ et je me suis accroché à l’alcool : j’ai fait beaucoup d’erreurs, j’ai pris de mauvaises décisions, j’ai blessé beaucoup de gens, j’ai fait du mal à mes proches et à mes amis. Sur les réseaux sociaux, j’ai été immortalisé dans des situations mauvaises ou étranges, car l’alcool a toujours été le pire élément déclencheur de tout ce qui m’arrive. (...) Je suis alcoolique à 100% et je l’avoue. Je suis un toxicomane en convalescence. J’ai été alcoolique pendant plusieurs années. Quand j’ai quitté Millonarios, j’ai atteint mon point le plus bas car au cours de ces années, ma dépendance est devenue très grave. Je ne travaillais plus en formation, j’avais perdu ma dignité, la confiance de mes proches et ce que j’ai de plus important et de plus précieux, à savoir mes trois enfants. J’ai perdu beaucoup de choses sur le plan sentimental et amoureux. (...) Il est arrivé un moment où je ne pouvais plus continuer comme ça. J’ai dû demander de l’aide, je l’avais déjà fait plusieurs fois, mais j’ai toujours rechuté. J’ai dû abandonner et demander l’aide de certains professionnels avec lesquels je travaille pour arranger les choses, retrouver la confiance de mes enfants, de mes proches et de mes amis. Je ne pouvais pas le faire seul."
Fredy Guarin avoue avoir ressenti une peur intense lors de ce passage difficile de sa vie : "J’ai une phrase tatouée sur moi, je l’ai écrite moi-même : « J’ai peur de la mort et de la prison » et, sans le savoir, je vivais dans une prison condamnée à mort. Voulez-vous savoir si j’ai frôlé la mort ou la prison ? Oui, la vérité est que dans ce chemin sombre où j’étais, j’étais proche de la mort parce que je n’avais aucun respect, je n’avais pas de limites, je n’avais pas de courage et je me laissais entraîner chaque jour plus loin dans ce trou. J’ai frappé aux portes de l’enfer."
Passé par l'hôpital et la cure de désintoxication, Fredy Guarin confie rêver de pouvoir mener une vie normale : "Je ne vais pas vous dire depuis combien de temps je fais cela, mais je vous assure que sur les 24 heures d'une journée, je travaille dix heures par jour avec un groupe très complet de psychologues, de psychiatres et spécialistes. (...) Je suis heureux, je ne changerais ça pour rien au monde. Je vis le quotidien, au calme et je me projette. Je suis pleinement en paix et j'ai vraiment hâte de pouvoir vivre la vie d'une personne normale, qui se lève, s'entraîne, travaille, rentre le soir à la maison et se repose."