Lobry, symbole de "persévérance et d'élégance du cœur"

Pros | Publié le par Joris | 4 commentaires

Pour beaucoup, il s'agit de la vraie belle surprise du mercato estival. Victor Lobry, débarqué cet été dans le Forez, s'est installé dans l'entre-jeu stéphanois en figurant parmi les joueurs stéphanois les plus réguliers sur la pelouse. 

Arrivé en provenance de Pau cet été, Victor Lobry totalise 15 apparitions et a inscrit un but et délivré une passe décisive cette saison avec l'AS Saint-Étienne. À 27 ans, le milieu de terrain semble avoir trouvé son rythme de croisière dans une carrière qui n'aura pas été un long fleuve tranquille. Formé du côté du Stade de Reims, il n'avait pas été conservé à l'issue de la saison 2016-2017 dans le club champenois. C'est du côté de la CFA et du National qu'il poursuit alors sa carrière en signant d'abord à Limoges puis à Tours et Avranches. Ce n'est qu'en 2020 qu'il connaît enfin la Ligue 2 du côté de Pau où il réalise deux saisons pleines avec 37 matchs disputés dans chacune, pour huit buts inscrits et dix passes décisives distribuées en tout.

Pour le site officiel du club, Dragan Cvetkovic qui l'a coaché à Limoges lors de la saison 2017-2018, est revenu sur les caractéristiques du joueur qui lui ont permis de faire la différence : "Dans un monde et un environnement où l'égoïsme est hélas roi, où les égos ont changé la donne, Victor a toujours détonné. Il a grandi, il est vrai, au sein d'une famille équilibrée qui lui a inculqué des valeurs. Et notamment celles de la discrétion et de la persévérance. Il aurait pu légitimement succomber au découragement. Il a su rebondir dans l'adversité et en dépit des vents contraires. Lorsqu'il a été question qu'il nous rejoigne à Limoges, j'ai d'abord fondé mon jugement sur l'homme avant même le joueur dont on connaissait les qualités. Entre son aptitude à répéter les efforts, à offrir des solutions, à éclairer le jeu avec sa patte gauche. La compatibilité était évidente et Victor, au cœur d'une saison-galère, a été solide à la barre. Il y a une vraie complicité entre nous. Le groupe a fait front, montré du caractère, ne s'est jamais désuni. Je me souviens d'un match fondateur où, réduits à 9 et menés 1-0, nous avons renversé Romorantin (2-1). 


Ce qui lui arrive aujourd'hui est formidable, une trajectoire idéale et les prémices d'une belle carrière. Signer dans un club énorme, mythique, mondialement connu, qui m'a personnellement fait rêver lorsque j'évoluais à l'INF Vichy avec Pierre Pibarot et Pierre Mosca et que nous effectuions des stages en Haute-Loire n'est qu'une juste récompense. J'ai modestement contribué à son éclosion, l'ai aidé à franchir un palier supplémentaire. Dans le foot, il faut du partage, de la pression. Je crois à ce propos l'avoir dynamisé, avoir impulsé cette envie dont il fait montre en dépit d'un salaire dérisoire. Je lui disais toujours : "Prends tes responsabilités. Affirme-toi. Donne ta pleine mesure. Fais fructifier, optimise ton talent si tu veux prétendre à aller plus haut." Et l'ex-joueur du Sporting Club de Toulon d'ajouter : "Il en voulait toujours plus : le premier le matin à l'entraînement, le dernier à en partir. Tout ce qui lui arrive aujourd'hui, il est allé le chercher. II le mérite. La persévérance et l'élégance du cœur auront fini par payer."


Pour parvenir à tutoyer une carrière de footballeur professionnel, Victor Lobry n'a donc rien lâché malgré un parcours semé d'embûches. Frédéric Izeda, son coach au Stade de Reims l'explique également : "Victor sortait du Pôle Espoirs de Reims. En U16, j'ai découvert un joueur atypique, doté d'un bon œil et d'une grosse VMA. En revanche, il était mono-rythme. Il travaillait énormément à la récupération mais à la perte du ballon, il était perfectible sur les premiers appuis. Il a fallu bosser, développer cet axe de progression. Mais Victor ne rechignait jamais. Toujours à l'écoute, dans le questionnement, il se donnait les moyens de réussir. Et pourtant, en dépit d'un investissement sans faille et d'un remarquable environnement familial, il a bien failli ne pas percer. J'ai eu une discussion avec Mathieu Lacour, le directeur du centre car Victor ne rentrait pas totalement dans les plans. J'ai insisté et il a intégré les U17 Nationaux. C'était un coup de poker. 


Au sein d'une génération 96 de grande qualité, avec entre autres l'ex-Bordelais Rémi Oudin, il a fait valoir sa sensibilité technique. Il a su saisir cette opportunité, répondre présent, gommer ses lacunes, passer le cap. Son abattage, sa qualité dans les relais, sa patte gauche ont été mis en évidence. Il a su se remettre en question, ne pas céder au découragement. Certains sortent plus vite. Victor a percé plus tard. Mais quel bonheur de voir un garçon comme lui atteindre son rêve. Patou (son père) et sa maman peuvent être fiers. Il a relevé un challenge difficile"

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