Monnet-Paquet : "Je pense que le salut de l'ASSE passera par la vente"
Un an presque jour pour jour après notre dernier entretien, Kévin Monnet-Paquet a accepté de nous accorder un peu de son temps pour donner de ses nouvelles après une nouvelle grosse blessure mais aussi et surtout pour revenir sur la période très délicate que vit le club dont il a porté les couleurs pendant sept années, l'AS Saint-Étienne.
Salut Kévin, comment vas-tu depuis ta dernière grosse blessure ?
J’ai rejoué mes premières minutes la semaine dernière en championnat. Je suis entré en deuxième mi-temps. Ce sont mes premières minutes en match officiel depuis quasiment neuf mois. Comme je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux, les gens ne peuvent pas trop savoir où j’en suis. J’ai pris mon temps et je reviens petit à petit. L’objectif était vraiment de revenir avant 2023. Je suis content d’être revenu, je ne suis pas encore à 100% mais c’est normal, je n’ai pu participer qu’à un seul match depuis ma blessure. On a encore un match jeudi contre l’Apoel Nicosie et après ce sera la trêve. L’objectif va être de revenir de mieux en mieux en 2023 et de bien finir la saison.
Quand on a connu de longues absences comme ça, cela doit être un plaisir de retrouver les terrains ?
Oui c’est clair ! Surtout que la rééducation n’a pas été facile, ça a été long. Ce n’est pas que j’ai douté, mais cela a été plus long que je l’imaginais, j’ai dû prendre mon temps, bien travailler pour pouvoir rechausser les crampons. Je suis content car ce n’est pas facile de se faire une troisième fois les croisés en si peu de temps. Mentalement, je me suis accroché. J’ai pris mon temps, entre Clairefontaine et Limassol pour ma rééducation. Cela n’a pas été facile mais je suis content d’avoir pu faire mon retour avant la fin de l’année.
Toi qui ne te blessais quasiment jamais, tu n’es pas en réussite depuis quelques années…
Oui, sur quasiment l’ensemble de ma carrière je n’ai pas connu de blessures. Après, à la suite de cette première blessure au niveau des ligaments croisés en 2019 face au PSG à 31 ans, cela s’est enchaîné un peu malheureusement. C’est comme ça. Je pense aussi que ma première opération a été mal faite, cela peut arriver et c’est tombé sur moi. Le fait que je rechute directement après la première, je pense personnellement que c’était dû au fait que ma première opération s’était mal déroulée. Pour moi je considère que c’est une seule et même blessure qui a duré un an étant donné que ces deux premières étaient très rapprochées. L’année dernière, je me suis blessé sur l’autre genou en ayant bloqué mon pied au sol et il y a eu une torsion. C’est passé et l’objectif c’est de revenir et je suis revenu. Je suis content de pouvoir rejouer en professionnel. Je vais essayer de revenir encore à un bon niveau pour aider mon équipe cette saison.
"À mon âge, on aurait pu penser que j'aurais voulu arrêter, ne pas me prendre la tête, mais je n’avais pas envie de finir là-dessus."
Comment gères-tu ces moments difficiles ?
J’ai la chance d’avoir ma famille et mes enfants avec moi. C’est sûr que ça aide, avec les amis également qui sont présents. Cela passe également par une bonne opération, une bonne convalescence et une bonne rééducation surtout. Malheureusement, j’ai un peu d’expérience là dedans maintenant et c’est vrai que cette dernière blessure n’a pas été simple. J’ai trouvé le temps un peu plus long que d’habitude mais je me suis accroché et mentalement je suis fort. Il faut prendre son temps et bien bosser, mais cela dépend aussi de comment on est dans la tête. À mon âge, on aurait pu penser que j'aurais voulu arrêter, ne pas me prendre la tête, mais je n’avais pas envie de finir là-dessus. Le club me faisait confiance, je venais de resigner avec lui. J’avais cet objectif de revenir finir la saison et aider mon équipe.
Justement, comment se passe la vie à Chypre sportivement et personnellement ?
Cette année, on vise le titre. On avait super bien commencé en étant premier ou deuxième tout le début de championnat. Cela fait deux matchs nuls que l’on fait consécutivement, on est désormais à cinq points du premier que l’on reçoit jeudi (l’Apoel Nicosie). On est toujours dans notre objectif d’être tout en haut. On veut jouer les play-offs en fin de saison mais si on continue je pense qu’on y sera et l’objectif est d’aller chercher une qualification en Coupe d’Europe et d’aller chercher le titre. On a une bonne équipe cette année et je pense qu’on ne sera pas loin des premières places.
Personnellement, cela se passe bien, je suis à Limassol, la plus belle ville de Chypre. C’est assez touristique, il y a la mer, c’est une ville animée où il y a pas mal de choses à faire. C’est une ville méditerranéenne où il fait chaud toute l’année, donc je suis bien en famille ici.
"Je me suis bien entretenu, mentalement ça va aussi, je ne suis pas blasé et je pense continuer si mon corps le permet et que la fin de saison se passe bien"
Comment vois-tu l’avenir à maintenant 34 ans ?
Cela va dépendre de ma fin de saison. Si je vois que j’arrive à revenir avec aucune douleur dans mon corps, parce que cela peut mine de rien laisser des traces. Après ma deuxième blessure, j’ai mis du temps à retrouver de bonnes sensations, et ce sera pareil cette fois. Si je vois en fin de saison, j’arrive à revenir avec pas trop de douleurs dans mon genou, dans mon corps et que je me sens bien, je verrais pour continuer au moins un an. Je me suis bien entretenu, mentalement ça va aussi, je ne suis pas blasé et je pense continuer si mon corps le permet et que la fin de saison se passe bien.
Continuer à l’Aris Limassol ?
Honnêtement je ne sais pas. Je pense que si je reviens bien en fin de saison et que je fais des bonnes performances qui aident l’équipe et qu’ils me proposent une prolongation d'un an, je pense que je resterai. Sinon, mon contrat se finit en juin et on avisera, on verra. Si je n’ai pas de douleurs, je pense que je pourrais continuer.
On t’avait rencontré la saison dernière environ à la même période. Tu étais inquiet pour l’ASSE, on imagine que c’est toujours le cas ?
L’année dernière, je me rappelle qu’au moment de l’interview, on était un peu dans la même situation. On était pas bien mais on y croyait. Finalement il y a eu cette descente en Ligue 2… C’est vraiment difficile. J’espère juste qu’on n’aura pas le droit au même épilogue que la saison dernière à savoir une descente. Je pense qu’ils ont les moyens de remonter au classement, d’assurer le minimum en se sauvant. Il n’y a pas un gros écart non plus au classement. Le danger tout de même c’est qu’il y a quatre descentes cette saison. Ce ne sera pas facile. Ce début de saison, la mayonnaise n’a pas pris et il faut se relever et assurer l’essentiel en se sauvant. Si on arrive à se sauver, je pense que la saison prochaine ce sera beaucoup mieux. On pourra partir sur un nouveau cycle et réenclencher la machine. Mais c’est clair que c’est vraiment triste de voir Sainté dans cette situation.
Suis-tu l’ASSE de là-bas ? Si oui, qu’est-ce qui ne fonctionne pas cette saison ?
Oui bien-sûr je suis les Verts dès que je peux ! Sainté est tellement dans un mauvais cycle qu’on a l’impression que c’est pire d’années en années. On a commencé avec trois points de pénalité. La Ligue 2 comme n’importe quel autre championnat quand tu commences mal c’est très dur de remonter. Le fait que l’effectif ait connu un tel chamboulement, la mayonnaise n’a pas pris tout de suite, et à partir de là tu rames, tu galères. La Ligue 2 est un championnat difficile, il y a beaucoup de bonnes équipes. Quand tu es attendu comme Sainté, il n’y a pas de match facile. On l’a vu quand ils ont joué à Pau, ils se sont faits rentrer dedans, tu es Sainté donc tous les matchs tu es attendu. Le club qui te reçoit joue son match de l’année. Mentalement, il faut être plus fort qu’ils ne le sont actuellement même si je sais que ce n’est pas simple.
"J’étais au stade pour le barrage (retour face à Auxerre, ndlr). Pouah (sic) ! On a pris une gifle !"
Toi qui a porté le maillot vert pendant sept ans, comment as-tu vécu cette relégation et plus globalement cette descente aux enfers de l’ASSE ?
J’étais au stade pour le barrage (retour face à Auxerre, ndlr). Pouah (sic) ! On a pris une gifle ! Je suis toujours en contact avec certaines personnes, dès que je suis sur Sainté je vais les voir. Cela nous a mis une vraie gifle de voir Sainté couler comme ça. C’est un peu la suite des deux-trois dernières saisons, où cela a toujours été à la limite. Au bout d’un moment, je pense que le club a payé les erreurs de stratégie, de recrutement, de plein de choses. Plein de choses ne fonctionnaient pas et on l’a payé. J’espère que cela va permettre aussi d’écrire une nouvelle page et de remonter avec un nouvel effectif. On parle beaucoup de la vente, peut-être qu’avec de nouveaux actionnaires, cela pourra insuffler un nouveau souffle au club. C’est clair que même quand tu n’es plus au club mais que tu restes attaché à Saint-Étienne, tu prends une tarte (sic) quand tu vois le club descendre comme ça. C’est clair et net !
La rédemption du club passe par la vente selon toi ?
C’est toujours pareil : cela dépend à qui tu vends le club et des nouvelles ambitions de l’acheteur. Déjà, est-ce que c’est possible de vendre le club dans cet état-là ? C’est ça le truc. C’est ça le problème, c’est possible de le vendre mais tu ne le vendras pas beaucoup. On a vu maintes et maintes fois dans la presse que les présidents actuels voulaient vendre le club donc je pense qu’ils essayent de trouver et je pense également que le salut de Saint-Étienne passera par là aussi.
"Quand l’entreprise ne va pas, on regarde aussi en haut. Tout le monde a sa part de responsabilité"
La direction du club est souvent pointée du doigt, à juste titre selon toi ?
Quand l’entreprise ne va pas, on regarde aussi en haut. Tout le monde a sa part de responsabilité : les joueurs qui ont fait descendre le club, l’entraineur lors de la descente, celui qui était là auparavant… Tout le monde a sa part de responsabilité dans cet échec et on ne peut pas enlever les dirigeants dans cet échec-là. On connait tous les problèmes qui ont lieu à Saint-Étienne. Maintenant, rien n’est définitif dans la vie et dans le football encore plus. Il faut aller de l’avant, avoir des idées. De toute façon, il n’y a pas le choix. C’est un beau challenge : il faut sauver le club et j’espère que l’année prochaine on partira mieux en championnat avec le public qui pousse pour viser la montée. Mais on voit que la Ligue 2 c’est difficile, avec des clubs comme Lens qui y ont végété longtemps, c’est un challenge qui n’est pas facile à relever.
Qu’est-ce qui ne va pas depuis maintenant plus de trois ans au club selon toi ?
Je pense que le club a mal négocié le tournant après Jean-Louis Gasset. On est passé de la quatrième place jusqu’à fleurter avec la zone de relégation… Ce moment-là a été mal géré. Après le football, quand tu es dans une spirale négative c’est dur de s’en sortir. Je pense que c’est à partir de là que cela a un peu coincé. Maintenant on voit que c’est très dur de remonter la pente.
"Charbonnier, un joueur d’expérience qui connait la Ligue 2 et qui a toujours marqué dans ce championnat"
Quels leviers sont à activer selon toi durant ces deux prochains mois ?
J’ai cru voir et comprendre que ça allait passer par un mercato, ils veulent faire venir des joueurs pour améliorer l’équipe. Ils ont déjà pris Charbonnier, un joueur d’expérience qui connait la Ligue 2 et qui a toujours marqué dans ce championnat. Cela va forcément passé par des arrivées de nouveaux joueurs et je pense que mentalement il faut être plus fort que ça. Ce sont des bons joueurs de ballon, on l’a vu avec un bon petit milieu de terrain qui a des qualités à faire valoir. Mais on a l’impression qu’on s’écroule vite cette saison. Mentalement il faut être au dessus parce que cela peut vite mal tourner. On ne peut pas faire pire puisqu’on est dernier, on ne peut pas descendre plus bas. Il va falloir s’accrocher parce que ça va se jouer jusqu’au bout. Je souhaite beaucoup de courage à Lolo Batlles, je sais qu’il est déterminé pour sauver le club et je pense que ça va le faire même si ça va être dur. Je ne vois pas Sainté descendre en National.
Tu as connu Laurent Batlles du côté de l’ASSE ?
Oui quand je suis arrivé il était adjoint de Christophe Galtier pendant une saison. Je me suis toujours très bien entendu avec lui.
Est-ce l’homme de la situation pour l’ASSE cette saison ?
Il a fait ses preuves avec Troyes avec lequel il est monté en Ligue 1. Il avait bien commencé avec Troyes en Ligue 1 mais il en est parti parce qu’il y avait des désaccords avec la direction je pense. C’est quelqu’un qui est jeune dans le métier, qui est motivé et qui a fait de belles choses avec l’ESTAC. Je ne vois pas pourquoi il faudrait encore changer d’entraineur. C’est lui qui a aussi fait un peu le recrutement, il connait bien les joueurs, il va se démener pour trouver les solutions et je pense que ça va le faire.
"Loïc (Perrin) est assez solide pour surmonter cette épreuve"
Pour le recrutement, une autre personne que tu connais très bien va jouer un grand rôle, c’est Loïc Perrin. T’attendais-tu à le voir dans ce rôle de coordinateur sportif à l’ASSE ?
C’était sûr de toute façon que Loïc (Perrin) allait travailler dans le club après sa carrière. C’était important de s’appuyer sur Loïc qui avait été capitaine et qui a passé toute sa carrière au club. Il le connait parfaitement et l’aime. Après c’est clair que cela ne fait pas tout mais il apprend aussi le métier, ce n’est pas facile de passer de l’autre côté. Il est en première ligne, il faut aussi avoir des résultats dans ce qu’il fait, je sais que ce n’est pas facile mais j’ai confiance, il faut s’accrocher. Il apprend en accéléré parce que la situation est urgente. Il est sous le feu des critiques parce qu’il fait partie de la cellule de recrutement donc quand ça se passe mal, on pointe du doigt. Cela fait partie du métier et il est assez solide pour surmonter cette épreuve.
Pour finir, tu étais revenu à Geoffroy-Guichard la saison dernière, l’ambiance du Chaudron te manque ?
C’est sûr que le Chaudron plein cela manque. J’étais revenu pour le barrage et comme j’étais blessé j’étais revenu plusieurs fois, notamment pour ma rééducation. Je l’ai commencée à Saint-Étienne, cela me permettais d’être en famille et de voir les gens au club pour les saluer, voir le doc’, les kinés et quelques joueurs. Cela fait toujours plaisir quand je suis dans le coin de venir au club. Tant que je suis bien accueilli j’irais, cela fait toujours plaisir de voir des gens que j’ai côtoyés pendant des années. On a toujours de bons contacts.