Mortel tape du poing sur la table concernant le foot féminin
Ce mercredi midi, avait lieu la conférence de presse avant l'ouverture du championnat de Première Ligue Arkema. À cette occasion, Laurent Mortel et Solène Champagnac étaient présents.
Alors que des évolutions positives étaient annoncées fin avril dernier pour le football féminin avec notamment la création de la Ligue féminine de football professionnel, inaugurée en juillet, celles-ci se font toujours attendre. Laurent Mortel ne mâche pas ses mots concernant la gestion du football féminin par les instances : "Il y a eu beaucoup d’effets d’annonces, je ne change pas d’avis sur ce que j’ai dit. C’est bien beau de véhiculer des projets, des effets d’annonces. J’attends maintenant que ça se traduise par des faits, si vous en avez à me faire remarquer, allez-y. J’attends. J’ai vu des projets, j’ai vu des Powerpoint. Je constate que la première décision est qu’on va jouer à 17 heures le samedi, ça veut dire qu’on va terminer à 19 heures, qu’on va partir à 20 heures ou 21 heures et qu’on va rentrer en bus, à 3 heures du matin. Si ça c’est professionnaliser le foot féminin, j’ai un doute. Il faut leur laisser peut-être du temps, on va leur laisser. J’attends des faits, je sais qu’il y a des règles évolutives sur l’arbitrage, j’espère qu’il y a un réel développement par rapport à ce chapitre pour éviter ce qu’on a connu l’an passé par exemple.
Ce n’est pas un projet uniquement sur le football féminin. Il faut penser au sport féminin sur notre territoire français. Si on continue à calquer le sport féminin sur celui masculin, je pense qu’on se trompe. Ça va plus loin dans la création de l’évènement. Les Américains sont très bons là-dedans, nous en France si on veut vraiment développer, allons sur l’évènementiel (…) Je pense que c’est un problème de politique nationale : est-ce pertinent de jouer le samedi à 17 heures quand tout le monde va jouer ? Est-ce qu’on va vraiment faire venir du monde ? Il faut s’interroger sur quel public est intéressé par la D1 et se donner les moyens. Est-ce qu’il ne faudrait pas penser à jouer dans la semaine, à d’autres dates pour donner envie de venir. Qui vient voir les filles au stade ? Ce ne sont pas des gens qui sont à 800 kilomètres, ce sont des gens des alentours. Il faut leur donner envie de venir. C’est un projet très large, qui englobe tous les sports, pour ne pas les mettre en concurrence."
Solène Champagnac la capitaine de l’ASSE, se montre moins revendicative mais attend également des évolutions : "On attend de voir des faits, des choses concrètes, pour l’instant on ne peut pas se prononcer, on attend de voir et après on pourra donner notre avis." La capitaine stéphanoise aimerait qu'on mette plus en avant les féminines : "Nous on aimerait avoir plus de spectateurs le week-end. Quand on voit à l’étranger 10 000 personnes dans les stades, nous on ne les fait pas... On aimerait jouer dans des grands stades, dans des beaux stades comme les garçons. Certains clubs le font en France de mettre les filles dans les grands stades. On aimerait pouvoir le faire, comme les garçons. Médiatiquement, je pense qu’on pourrait en faire un petit peu plus aussi, parce que je pense que ce sont souvent les garçons qui sont mis en avant. Des petits points peuvent être améliorés pour mettre les filles un peu plus en avant."
Laurent Mortel s'exprime ensuite sur le volet financier, soulignant les sacrifices effectués par les joueuses de football : "Je pense qu’on ne peut pas négliger l’aspect financier. Il faut remettre les choses dans leur contexte : les filles ont un salaire qui n’est peut-être pas à la hauteur. On demande à des joueuses, très vite avec l’arrivée des Centres de formation, d’arrêter leur scolarité et de percevoir un salaire qui à mon sens est limitant. Qu’est-ce que vous faites à 33 ou 34 ans quand vous avez arrêté l’école ? Qu’est-ce qui est prévu ? (...) Cette création de cette nouvelle ligue amènera peut-être des perspectives. Chez les garçons, si vous gérez correctement votre carrière, je pense que vous avez de quoi voir venir. Ce n’est pas du tout le cas dans le foot féminin. Je pense qu’il y a un réel effort à faire. Je ne suis pas rassuré, je suis père de famille et quand je vois les salaires des joueuses, je ne suis pas certain que j'encouragerais mes filles à jouer au foot… Il y a une vraie refonte à faire. Ces jeunes femmes qui deviendront mamans aussi ont besoin d’asseoir leur avenir et pour l’instant elles sont respectables de faire ces sacrifices-là. Elles font beaucoup de sacrifices même si c’est une vie plaisante mais il faut aussi asseoir son avenir."
Solène Champagnac finit par rappeler la récente prise de parole d'Alisha Lehmann à propos des disparités salariales entre elle, et son compagnon, Douglas Luiz, tous deux professionnels à la Juventus de Turin : "Une joueuse a pris la parole en disant qu’elle était en couple avec joueur de foot professionnel, que les deux faisaient les mêmes sacrifices mais que leur salaires n’étaient pas les mêmes. Il faudrait qu’encore plus de joueuses montent au créneau et que ce soit plus entendu."
🇨đź‡đź—Łď¸Ź Alisha Lehmann (Douglas Luiz's girlfriend):
— CentreGoals. (@centregoals) September 15, 2024
“I do the same job as Douglas, play for the same club but I earn 100 times less money. It's not fair. It's something that affects me, because I'm a woman...”
[@Gazzetta_it via @ForzaJuveEN] pic.twitter.com/BlBrXPZv4c