Moussilou : "Il faut juste un petit déclic, un match référence"
Matt Moussilou est un des nombreux joueurs ayant porté le maillot des deux clubs (NDLR : ASSE et LOSC). A quelques jours de la confrontation entre deux de ses anciens clubs, l'attaquant qui évolue désormais en Suisse a répondu à nos questions.
Pour commencer Matt, on va prendre un peu de vos nouvelles, que devenez-vous ?
Je fais perdurer le plaisir, dans un club de 3e division en Suisse qui s'appelle le FC Meyrin. En parallèle, je m'occupe des jeunes de 14 ans à 20 ans, pour les former et peut-être les amener à effectuer une carrière professionnelle.
Dimanche, deux de vos anciens clubs s’affrontent. Qu’est-ce que vous retenez de votre passage au LOSC et à l'ASSE ?
Tout le monde connaît l'histoire à Lille, c'est l'histoire de ma vie footballistique. C'est là où j'ai connu mes plus grandes émotions, mes plus grandes sensations. J'ai débarqué de la région parisienne pour intégrer le centre de formation de Lille et aller jusqu'à devenir un élément important de cette équipe-là, jouer la Ligue des champions à quelques centaines de mètres de chez moi au Stade de France (NDLR : Le LOSC n'avait pas de stade homologué et jouait les rencontres de Ligue des Champions de la saison 2005-2006 au Stade de France). Vivre des émotions contre Manchester United, être champion de France à l'époque contre le grand Lyon. C'est beaucoup d'émotions. J'ai pu établir des records personnels, en inscrivant trois buts en cinq minutes. Je suis le meilleur buteur de l'histoire du LOSC en Coupe d'Europe. J'ai énormément de souvenirs à Lille.
Saint-Etienne, c'était court, mais j'ai vraiment apprécié ce passage qui m'avait fait du bien, après l'échec à Nice. Laurent Roussey m'avait appelé pour me changer les idées, et relever le défi à Saint-Etienne de retrouver du temps de jeu et confiance en moi. Malgré le fait que je n'ai pas suffisamment joué à mon goût, parce que "Bafé" (Gomis) commençait à éclore. J'ai passé un moment magnifique, avec un bon groupe, avec Roussey et Ivan Hasek qui était un bon entraîneur, respectueux. J'ai kiffé Saint-Etienne, l'ambiance du Chaudron, quand tu marques à Geoffroy-Guichard, je l'ai connu et c'est quelque chose. Saint-Etienne me rappelle la mentalité du Nord, ouvrière, terre à terre. Ils supportent l'équipe de A à Z, c'est une passion même une religion là-bas le football.
Justement, ce qui vous a le plus marqué à Saint-Etienne, c'est le public?
J'en ai connu des stades, j'ai joué à Lille, Marseille etc... Le public stéphanois est marquant. J'ai connu ça, j'ai eu la chance aussi de connaître le Derby Saint-Etienne - Lyon, c'est exceptionnel. C'est un souvenir magnifique.
Vous avez gardé des contacts avec des joueurs de l'époque ?
Oui, je suis toujours en contact avec Hérita Ilunga, Mouhamadou Dabo, Damien Perquis ou encore Jody Viviani et Zoumana Camara. Et aussi d'anciens amis Lillois, Geoffrey Dernis et Christophe Landrin. J'ai vraiment aimé mon passage à Sainté. Après Lille, c'est le club que j'ai le plus apprécié. C'est aussi là où j'ai le plus de regrets parce que j'aurais aimé poursuivre plus longtemps là-bas.
Après le prêt de six mois, les contacts n'étaient pas allés plus loin ?
Si, mais à l'époque, comme Nice m'avait acheté très cher, Saint-Etienne me voulait mais ne souhaitait pas mettre la somme que Nice attendait... Laurent Roussey que j'avais connu à Lille a fait le forcing, mais ça ne s'est pas fait. Après, Bafé Gomis commençait à exploser, il y avait aussi Ilan. Je suis retourné à Nice, et j'ai eu l'offre de Marseille ensuite.
Vous suivez toujours la Ligue 1 et vos anciens clubs ?
Je suis toujours mes anciens clubs, la Ligue 1 en elle-même plus trop. J'aime regarder mes anciennes équipes, ce qu'elles font. C'est naturel, c'est propre à tous les anciens joueurs.
Vous avez un avis sur le début de saison de Saint-Etienne ?
C'est compliqué, ça avait bien commencé avec un fond de jeu intéressant qui commençait à voir le jour avec Puel. Malheureusement, il y a commencé à y avoir du doute, une mauvaise spirale, le transfert de Wesley Fofana en Angleterre. Ça a un peu flanché, alors qu'il y a de très bons joueurs dans cette équipe. Le championnat est long, connaissant Claude Puel, ça va le faire à un moment donné ou un autre, il faut juste un petit déclic, un match référence.
"Puel est quelqu'un de très exigeant, sur le long terme il faut le suivre. Il déteste les joueurs qui se relâchent."
Vous connaissez bien l’entraîneur et manager de l’ASSE, Claude Puel, que vous avez côtoyé au LOSC à vos débuts. C’est lui qui a contribué à votre éclosion, ce fut un entraîneur important dans votre carrière ?
Très important, parce que c'est lui qui est venu me lancer lorsque j'étais jeune. Il a cru en moi, en mon potentiel. Il a su comment tirer le meilleur de moi-même. Mon football est basé sur la puissance, la vitesse, la technique et j'ai trop tendance à être nonchalant. Lui a su combler mes défauts pour tirer le meilleur de moi-même et c'est là que j'ai connu les meilleures années de ma vie. Puel est quelqu'un de très exigeant, sur le long terme il faut le suivre. Il déteste les joueurs qui se relâchent. Lorsqu'on est jeune, on a ce défaut de parfois se reposer sur nos acquis, et c'est quelqu'un qui est toujours derrière toi pour obtenir le meilleur résultat collectif et la meilleure progression individuelle.
Puel est souvent présenté comme un entraîneur rigide, dur, peu dans le dialogue. Vous le décririez également comme ça ?
A l'époque à Lille, il était comme ça. Je pense qu'il s'est assagi avec le temps, c'était il y a 15 ans ! Il ne transmettait pas ses émotions aux joueurs, mais le faisait montrer dans la confiance qu'il pouvait nous accorder. Dans le quotidien, sur ce volet communication, ce n'est pas facile de deviner ce qu'il pense.
Avec le temps, suite à son passage à Lyon notamment il a dû améliorer la chose. Lors de son passage à Nice aussi, de ce que j'ai pu entendre. Je ne sais pas si cette image lui colle encore 15 après. Le connaissant un peu, je pense qu'il a beaucoup évolué en 15 ans. Si certains le ressentent comme on a pu le ressentir à l'époque, il faut s'adapter, c'est l'entraîneur. Il faut savoir où tu veux aller, ça s'appelle prendre ses responsabilités. Si tu veux savoir quelque chose, tu demandes.
Lui est plus dans ce cheminement : si tu veux progresser, donne-toi les moyens. Je suis là pour t'aider, si tu te contentes de peu, ne compte pas sur moi. Il est plus dans cette optique-là, c'est sa façon de voir les choses.
La rencontre de dimanche semble déséquilibrée. Vous pensez Saint-Etienne capable d'accrocher Lille, vous avez un pronostic ?
Il y a une petite chance pour Saint-Etienne, Lille dispute la Coupe d'Europe, ils enchaînent les rencontres, ils vont avoir à un moment donné ce petit coup de mou. Saint-Etienne peut jouer sa chance là-dessus, connaissant Puel, il connaît les ingrédients nécessaires pour titiller ses adversaires. Il va tout faire pour trouver la solution.
Je vois un match équilibré, Saint-Etienne est dans le dur, ils n'ont pas le choix. Lille est bien, mais les matchs commencent à s'empiler, avec la COVID-19, ça devient vraiment compliqué le calendrier avec la Coupe d'Europe. Saint-Etienne a sa chance, même si Lille ça reste solide. Je partirais sur un match nul.