Piazza : "Tout ce qui nous est arrivé c'est grâce à Robert Herbin"
Pour les 90 ans du club, France Bleu Saint-Étienne Loire revient sur certains faits marquants de l'histoire des Verts. Passage obligatoire, l'épopée 76, plus précisément la double confrontation contre le Dynamo Kiev. Le défenseur Oswaldo Piazza est revenu sur ces deux matchs où l'entraîneur Robert Herbin a joué un rôle déterminant dans la qualification de ses hommes.
Pour le quart de finale de la coupe des clubs champions, l'ASSE joue le Dynamo Kiev considéré comme la meilleure équipe du moment car elle venait de remporter la Supercoupe d'Europe contre le Bayern Munich. Dans ses rangs, l'actuel ballon d'or Oleg Blokhine. Les hommes de Robert Herbin se préparent à disputer un vrai combat pendant cette double confrontation, Oswaldo Piazza se rappelle qu'il n'avait pas beaucoup d'information sur l'équipe adverse mais qu'il avait des certitudes sur les qualités de son équipe : "La seule chose que l'on savait c'était que pendant l'hiver cette équipe n'avait pas de match de championnat car les conditions climatiques de ce pays étaient très compliquées. Nous, on n'avait pas de doute, on avait des joueurs qui jouaient avec le cœur, avec les valeurs que le coach nous avait inculquées : être agressif, être attentif et surtout être généreux dans l'effort pour donner le meilleur et pour rendre fier les supporters. En sachant qu'on jouait une très grande équipe, il ne fallait pas donner une seule minute d'inattention, on a donc été encore plus vigilant sur ce match-là. Mais l'avantage que l'on a eu c'était que le Dinamo Kiev n'était pas préparé pour jouer ce match contre nous. Notre coach nous avait préparé à subir, on ne devait pas prendre de risque et attendre ce que eux allaient faire. C'était plus facile pour nous en fin de match car ils ont baissé le pied et nous on a conservé notre concentration jusqu'à la fin. Ils ont dominé la plupart du match, il aurait pu y avoir bien plus que deux zéro. Il y avait Oleg Blokhine qui était très rapide, même Janvion qui était notre joueur le plus rapide n'a pas réussi à le rattraper donc quand on voit ça on se dit : "Piazza ce n'est pas la peine que tu ailles défendre sur lui, tu vas te faire déborder.""
Malgré la défaite deux buts à zéro au match aller, Robert Herbin et ses hommes croient toujours à la qualification dans un stade plus que plein. C'est le 17 mars que l'histoire de l'AS Saint-Étienne continua à s'écrire. Oswaldo Piazza le raconte avec beaucoup d'émotions : "Je me trouve au milieu de terrain, le ballon se trouve dans les pieds de Blokhine et Janvion est au marquage mais ne peut pas le bloquer. Je me dis, si Gérard n'a pas pu l'arrêter, ce n'est pas la peine d'y aller. Christian Lopez y a cru, l'intelligence c'est qu'il a couru vers le but et non vers Blokhine, arrivé devant le gardien, il a voulu faire un crochet de plus en voyant le retour du défenseur, et puis il (Lopez) dégage le ballon sur moi. Je fais un une-deux avec Patrick Revelli et on arrive devant la cage tous les deux, Patrick frappe et marque (1-0), c'était fou ! Je me suis précipité pour prendre le ballon et le poser au milieu du terrain. À ce moment-là, il s'est passé quelque chose, ils se sont désorganisés défensivement, et Larqué marque un sublime coup-franc (2-0). C'est la première fois de ma vie que j'ai eu des crampes, j'ai été au bout de mes forces. En prolongation, Revelli va chercher un ballon que tout le monde pensait perdu, centre en retrait et Dominique (Rocheteau) qui était par terre car il avait des crampes lui aussi, marque le troisième but (3-0). C'était le délire ! On se prenait dans les bras, on s'embrassait, on pleurait, on savait que l'on venait de faire un exploit parce que c'était l'équipe la plus forte du monde."
Cet exploit, Piazza le dédie à son coach de l'époque Robert Herbin qui est parvenu à emmener son équipe sur le toit du football français et européen : "Notre coach est rentré dans le vestiaire et nous a dit : "Il faut penser au match de dimanche". Il ne pouvait pas fêter la victoire, il pensait déjà au prochain match de championnat, mais grâce à ça il nous a apporté un collectif qui laissait tout sur le terrain, avec l'amour du maillot. Il n'y avait pas de vedette, c'est pour cela qu'on a touché un public plus large que les simples suiveurs des Verts. Robert Herbin n'avait pas le diplôme mais ce qui nous est arrivé c'est grâce à lui. "