Puel aurait pu succéder à Mourinho
Claude Puel est un personnage singulier dans le milieu du football, l'anecdote racontée dans un entretien accordé à So Foot le prouve. Alors qu'il entraînait le LOSC, Puel a été contacté par les dirigeants du FC Porto qui cherchait un successeur à Mourinho, pour prendre en main l'équipe qui venait de remporter la Ligue des Champions...
"C'était la fin de ma deuxième année à Lille et on venait de se maintenir de justesse. Arrive le premier match de championnat, on joue contre Auxerre, on gagne 2-0. Juste avant la rencontre, un dirigeant de Porto m'appelle pour me faire part de l'intérêt du club. C'est assez perturbant, bien sûr. J'en informe mes dirigeants de l'époque, Xavier Thuilot et Michel Seydoux. Après le match, j'ai rendez-vous à l'hôtel. Les dirigeants portugais m'exposent le projet. Mourinho vient de partir à Chelsea, ils ont besoin d'un entraîneur et ont jeté leur dévolu sur moi. Pour eux, c'est fait, et c'est vrai que le poste est énorme : ils viennent de remporter la ligue des champions, il y a la supercoupe d'Europe à Monaco, la coupe intercontinentale, un truc de dingue qui, derrière, peut m'ouvrir plein de perspectives dans les grands clubs européens. Ils veulent une réponse pour le lendemain. Je ne dors pas beaucoup ce soir-là, autant vous le dire. J'en discute avec mon épouse, mais je n'arrive pas à me détacher d'un truc : si je pars, je dois laisser Lille en plan, tous les joueurs qui comptent sur moi. Et le club n'est pas encore prêt pour le haut-niveau. Je pars comme un voleur, sans même dire au revoir, juste après le premier match de la saison ?
Ça m'a tellement perturbé que j'ai eu un petit accident de voiture à l'époque. Beaucoup, peut-être, n'ont pas compris ma décision, en tout cas ceux qui étaient au courant, mais je suis revenu à l'entraînement. Je n'ai pas gambergé. J'ai dit à Xavier Thuilot et Michel Seydoux que je n'avais pas donné suite et j'ai continué la séance comme si de rien était. Je ne sais pas si les joueurs l'ont su. En tout cas, derrière, on gagne l'Intertoto, on fait un huitième de coupe de l'UEFA et on finit seconds du championnat. Quand je vais dans une direction, je me force à ne pas regarder derrière. Ne pas penser aux regrets, à ceci, à cela. Je n'ai jamais été carriériste, ni n'ai essayé de flamber ou de me monnayer. Ce sont les projets qui m'intéressent. C'est ça, le fil conducteur de ma carrière."