Puel "Lui, s'il joue au haut niveau, je mange un âne"
Reconnu pour être un excellent formateur, Claude Puel a livré les clés pour réussir le passage de la formation au monde professionnel, dans un entretien accordé à Libération. Il raconte d'ailleurs un anecdote à ce sujet.
"Partout où je suis passé, j'ai constaté qu'on laissait le joueur s'exprimer et se développer sans vraiment lui mettre de contraintes. Du coup, on exacerbe les qualités dominantes en perpétuant les manques initiaux, les plus forts passent là-dessus et on en perd d'autres (ndlr : aux qualités plus équilibrées) qui auraient pu s'en sortir dans un autre contexte. Un jeune joueur peut percer grâce à sa vitesse mais au niveau professionnel, les qualités de lecture et d'anticipation des défenseurs peuvent annihiler cette vitesse et il se retrouve neutralisé, dans une forme d'impasse.
Pareil pour un joueur au physique précoce : il passe les étapes malgré des manques techniques parce qu'il efface trois joueurs à chaque fois mais quand l'avantage physique s'estompe... Chaque joueur a sa propre histoire, son contexte. Mon rôle, c'est de sortir ce truc qu'il a en lui, parfois de lui faire découvrir. Il peut avoir deux, trois critères qui lui permettraient d'exercer au haut niveau mais il suffit qu'un seul manque pour qu'il n'y arrive jamais. Je me souviens d'une phrase que j'avais entendu à Nice : "Lui, s'il joue au haut niveau, je mange un âne." Je ne dirais pas le nom du joueur en question. Mais l'auteur de la phrase a dû le manger, l'âne."