"Je suis persuadé que c'est Laurent Batlles qui fera remonter l'ASSE"
Avant le déplacement des Verts au Stade de l'Aube, nous avons posé trois questions à Jonathan Sottas, journaliste NRJ Aube et pigiste pour le Parisien. L'occasion de mieux appréhender le climat actuel à l'ESTAC et de connaître le regard de l'adversaire sur les Verts.
Comment est vécu ce début de saison du côté de Troyes, quelle est la situation du club ?
Le début de saison est dans la continuité de la saison précédente. Cela dure depuis un an et la nomination de Patrick Kisnorbo. C'est très très simple, Troyes n'a gagné que deux matchs en compétition officielle. Un en Ligue 1 qui ressemble plus à un accident aujourd'hui, c'était à Strasbourg début janvier. Un en Ligue 2, en début de saison contre Laval qui est aujourd'hui le leader (ndlr : victoire 3-1). Troyes c'est très compliqué. Il y a une erreur de casting manifeste avec un entraîneur qui ne parle toujours pas le Français et ne le comprend pratiquement toujours pas après près d'un an ici. C'est quelqu'un de manifestement obtus dans ses idées, qui n'a pas bien compris ce qu'on lui demandait de faire à Troyes. Il est venu pour un projet de jeu qu'il a décidé de mettre en place en Ligue 2, en Ligue 1 il a joué différemment. Il a vendu son projet pour la Ligue 2 à City en expliquant que ça ne fonctionnait pas en Ligue 1 parce qu'il n'avait pas les joueurs dans l'exigence du "City Game". Il a décidé de faire un grand reset avec le soutien de l'actionnaire, en changeant la quasi-totalité de l'effectif. Le fait est que ça ne fonctionne absolument pas depuis le début de la saison.
De match en match, les résultats du club se sont effondrés. Il y a un effectif très jeune, qui a du potentiel mais qui gamberge forcément un peu. Ils ont du mal à progresser, pour certains ils régressent ce qui est problématique pour un entraîneur qui est censé faire progresser les jeunes pour pouvoir les monnayer dans le City Group.
La situation est catastrophique. Patrick Kisnorbo risque probablement le licenciement après Saint-Étienne, quelque soit le résultat, son sort est scellé. Il se pourrait que le directeur sportif soit menacé. On va voir ce qu'il va se passer. Il est évident que ce match pour l'ESTAC est la fin d'une première partie de saison ratée et qu'il va y avoir des changements derrière.
Saint-Étienne a pas mal pioché à l'ESTAC au cours des deux dernières saisons. Quel regard vous avez sur les Troyens désormais dans le Forez (Tardieu, Chambost et Batlles) ?
Ce sont deux joueurs et un entraîneur qui ont marqué de leur présence le club. Il faut se rappeler que Laurent Batlles, Florian Tardieu et Dylan Chambost sont Champions de Ligue 2 dans une saison très particulière. C'est la saison qui s'est terminée à huis-clos, sans public. Ils ont vécu une aventure humaine assez forte. Elle l'a été aussi parce qu'à cette époque, il n'y avait pas vraiment de dirigeant à Troyes. Le club venait d'être racheté et à l'exception du directeur sportif, il n'y avait pas encore de présence nette de dirigeants estampillés City. Laurent Batlles a vécu un peu en auto-gestion à cette période là et il a su construire un groupe qui lui ressemblait. Qui ressemblait aussi à l'ancienne direction, clairement à Luis de Sousa qui est passé quelques mois par Saint-Étienne aussi et qui avait bâtît ce groupe. Beaucoup de Troyens ont apprécié cette aventure humaine, parce qu'il y avait du beau jeu, parce que tout le monde a eu conscience qu'il n'était pas facile de construire un projet dans cette période là et puis parce que Laurent Batlles est tout simplement un passionné de football. Florian Tardieu incarnait très bien ce jeu à la Batlles avec sa petite touche technique.
Tardieu a su marquer son passage et son empreinte dans le jeu. D'autant plus qu'il a joué durant une bonne partie de la saison blessé cette année là, ce qui lui a posé des soucis par la suite avec une opération. C'est un joueur généreux dans le ballon et dans l'effort. Les supporters l'ont beaucoup apprécié.
Dylan Chambost c'est un peu l'éternel espoir et j'ai le sentiment que c'est encore un peu le cas aujourd'hui. C'est un joueur offensif qui n'a pas encore réussi à s'imposer durablement dans une équipe. C'était un peu le numéro 12 à l'ESTAC à son époque. Parfois titulaire, parfois remplaçant, pas toujours constant en terme de résultat mais un superbe état d'esprit et un joueur qui est à mon sens important dans un collectif. C'est pour ça que Laurent Batlles a été le rechercher. Ce n'est pas quelqu'un qui rechigne au moment de s'asseoir sur le banc, il sera là et il sera prêt à rentrer. C'est aussi pour ça que les supporters troyens l'appréciaient.
Quel regard vous avez sur le Saint-Étienne de cette saison. Est-ce que vous voyez les Verts se mêler à la lutte pour la montée ?
Il y a eu une certaine inconstance dans le projet ces dernières années, qui est à mon sens responsable de la relégation de Saint-Étienne en Ligue 2 et qui aurait sans doute pu causer de très graves soucis si il n'y avait pas eu ce choix de faire venir Laurent Batlles. Je suis persuadé que c'est Laurent Batlles qui fera remonter Saint-Étienne et je suis persuadé qu'il faut lui laisser le temps de construire un effectif qui lui ressemble. Il faut le laisser perdre et cesser de mettre une pression négative autour de cette équipe. Aujourd'hui, on voit que les résultats s'améliorent progressivement. Saint-Étienne n'a plus non plus les moyens financiers que le club a pu avoir il y a quelques années. Il faut construire quelque chose de solide et Batlles est l'homme de la situation. C'est quelqu'un qui est attaché aux jeunes, qui est capable de relancer des joueurs, de convaincre des joueurs de rejoindre son projet. Je pense qu'il ramènera Saint-Étienne tôt ou tard en Ligue 1. Pour cette saison, ce sera peut-être encore un peu juste. Le championnat a l'air très ouvert, très serré. Je ne suis pas persuadé que Laval tiendra en tête toute la saison, je me trompe peut-être. La hiérarchie ne s'est pas faite. Qui sait ? Si Saint-Étienne se mêle à la montée, au bon wagon des play-offs à dix journées de la fin, tout est possible, même une montée directe. Il y a de la qualité dans cette équipe. On est dans un championnat à 20 clubs avec quatre descentes ce qui signifie qu'il y aura de très forts enjeux à tous les niveaux. Les matchs seront disputés jusqu'à la fin. Même en rencontrant des "petites équipes", il y aura des matchs difficiles. Pour moi, il faut laisser travailler Laurent Batlles. Si ce n'est pas cette saison ce sera la prochaine !