Réconciliation entre l'ASSE et ses supporters, tout reste à faire !
Si le retour des supporters à Dijon ressemblait en apparence à une micro réconciliation entre l'ASSE et ses ultras, en coulisses, l'histoire n'est pas si simple. La situation pourrait même encore un peu durer, au moins jusqu'à la réouverture de Geoffroy-Guichard au public.
Scène marquante de ce début de saison, le parcage visiteur du Stade Gaston-Gérard et plus globalement les tribunes dijonnaises dans leur intégralité se sont parées de vert lors de la réception de l'ASSE le 30 juillet dernier. Autorisés à supporter leur équipe, les supporters de l'ASSE se sont rués en masse dans la capitale de Bourgogne. Et pour cause, à quelques jours du match, l'Association de Défense des Supporters Stéphanois se félicitait de la décision du Préfet de Côte d'Or d'abroger son arrêté préfectoral interdisant les supporters stéphanois pour #DFCOASSE. Sur place, aucun incident à déplorer, encouragements et banderoles pour le premier match en L2 du club depuis 2004 : "Malgré la relégation, malgré les actionnaires, malgré la répression, pour l'amour de nos couleurs, on sera toujours là !". Au terme de la rencontre, le speaker du DFCO salua au micro le comportement et la présence des supporters de l'ASSE au stade.
Dans un match pas vraiment maitrisé sportivement, un autre manquement sur le terrain allait faire réagir les supporters des Verts. Pourtant soutenus pendant près de deux heures, la majeure partie de l'équipe décide de rentrer aux vestiaires sans passer par la case tribune. Une situation qui cristallise les tensions sur place et qui déçoit beaucoup de sympathisants de l'ASSE venus à Dijon. Interrogé sur cet épisode en conférence de presse la semaine dernière, Laurent Batlles tempère : "On a vu qu'il y avait énormément de monde. Je pense qu'ils étaient très déçus de leur prestation, ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas aller saluer les supporters en fin de match. Mais il faut savoir ce qu'il s'est passé pour certains en amont aussi (face à Auxerre, ndlr). Je pense qu'au fur à mesure, cela va s'atténuer dans le temps. De toute façon, il faudra le faire, il faudra y aller. Des deux côtés, il faut que l'on arrive à trouver un juste milieu pour que ça se passe très bien, et ça se passera très bien. Mais je pense qu'il faut par moment, comme dans la vie, prendre du temps pour que certaines choses s'atténuent. On n'a rien contre personne et notamment pas contre nos supporters, vous vous doutez bien qu'on en a vraiment besoin."
Du côté des Ultras, c'est une autre histoire que l'on nous raconte. Alors que le dialogue est rompu avec le club depuis les incidents de Geoffroy-Guichard face à Auxerre, les principaux groupes du supporters pointent du doigt le comportement de la direction stéphanoise qui aurait demandé aux différentes composantes du sportif de l'ASSE de ne pas échanger sur ce début de saison avec ses Ultras. Interrogé sur le sujet, le club dément cette information catégoriquement. Jeudi dernier, trois groupes de supporters communiquent (MF91, IS98 et GA92) en demandant plus de clarté au club. Ils accusent ce dernier de mettre des bâtons dans les roues de ses propres supporters. Se félicitant de la bonne organisation du déplacement à Dijon, ils précisent : "Nous ne pouvons par contre que regretter l'absence totale de bonne volonté d'une seule partie, qui n'a strictement rien fait pour permettre la bonne tenue de ce déplacement : I'AS Saint-Etienne. En ne donnant aucune
information sur les modalités de déplacement de ses supporters, en indiquant à qui veut l'entendre avoir rompu le dialogue avec ses groupes, c'est notre propre club qui nous a mis des bâtons dans les roues. Nous demandons donc à nouveau des précisions à l'AS Saint-Etienne concernant la gestion du supportérisme dans notre club mythique mais en pleine déliquescence administrative et sportive. Depuis un mois, nous n'avons obtenu aucune des réponses que nous avions demandé. Il est grand temps que l'ensemble des membres et sympathisants de nos tribunes sachent s'ils vont être considérés comme indésirables à Geoffroy-Guichard et à l'extérieur et quelles sont les mesures qui vont être prises par la direction à ce sujet."
La situation devrait se décanter au terme des six matchs de huis-clos dont a écopé l'ASSE (dont deux avec sursis) lors du verdict de la commission de discipline de la LFP le 23 juin dernier. L'instruction pénale étant toujours en cours après le dépôt de plainte du club contre X à l'issue du barrage retour entre l'ASSE et Auxerre, le dialogue entre les deux parties est pour le moment difficilement envisageable et ce, même si la volonté commune est de communiquer pour insuffler une nouvelle dynamique au supportérisme stéphanois en L2. En attendant, chacun campe un peu sur ses positions, les Ultras réclamant le retour des échanges autour de l'organisation des matchs, le club ne pouvant pas lui fournir de réponse tant que le chapitre #ASSEAJA n'est pas clos définitivement.
De cette absence de communication du club découle un gel de sa campagne d'abonnement, puisque sans position claire, il a été demandé par les groupes, "à ceux qui se sentent concernés", de patienter avant de se réabonner. Il y a également un risque de voir d'autres déplacements interdits. La position du préfet de Côte-d'Or autorisant la venue des Stéphanois faisant office d'exception dans une politique du tout répressif en France sur la question du supportérisme. Reste le SLO (réfèrent supporter), Romain Ducarre, pour maintenir les relations, fraîchement nommé au cœur de la saison et qui ne jouit pas de bonnes relations avec les groupes ultras. Son remplacement a d'ailleurs été évoqué, mais la direction a finalement tranché en sa faveur, malgré un certain scepticisme.
Enfin, il convient d'évoquer le rôle de la Préfecture de la Loire dans cette relation tendue entre le club et ses supporters. Très remontée après les incidents du match face à Auxerre, cette dernière tient pour responsable l'ASSE et ses ultras à parts égales. Pour rappel comme nous vous le révélions il y a un mois, la dissolution des groupes est clairement sur la table. Même si cette décision ne relève pas de son autorité directe, la Préfecture pousse très clairement en ce sens. Une solution qui n'est pas préconisée au club, la décision reste néanmoins entre les mains de la Préfecture, l'ASSE n'ayant qu'un rôle consultatif sur ce dossier.
La clé pour l'ASSE dans ce dossier chaud va donc être de trouver le bon timing pour renouer le dialogue en conciliant les desiderata de ses supporters sans pour autant aller à l'encontre des décisions préfectorales. La nomination du nouveau Directeur Sureté Sécurité du club se fera d'ailleurs avec la validation de la Préfecture. La question se posera ensuite du discours tenu : tout répressif ou ouverture du dialogue avec les supporters ? Une chose est certaine, et Laurent Batlles l'a rappelé cette semaine, l'ASSE a plus que jamais besoin de son public.