Romain Molina s'exprime sur la vente de l'ASSE

Club | Publié le par Joris | 17 commentaires

C'est l'un des sujets les plus chauds de l'actualité du football français : la vente d'un club historique, celle de l'AS Saint-Étienne, qui se profile. Le journaliste indépendant Romain Molina s'est exprimé sur le sujet et y a consacré une vidéo.  

Dans celle-ci, Romain Molina rappelle les différents épisodes de la vente de l'AS Saint-Étienne, feuilleton qui dure depuis 2017 désormais. Une durée qui n'a pas servi les deux actionnaires selon le journaliste indépendant puisque le club a perdu de son attractivité sur le marché : "Plus un club est en vente sur le marché, plus c'est dur pour lui de trouver un bon acquéreur. Pourquoi ? Parce que les bons acquéreurs vont se dire : "On a entendu quelque chose à propos de ce club", c'est un milieu où ça parle, et ils préfèrent ne pas y aller. Il y avait certaines exigences des actionnaires, vis-à-vis de l'égo, vis-à-vis de la continuité. Roland Romeyer voudra continuer à aller au stade par exemple."


Romain Molina révèle également que plusieurs autres potentiels acquéreurs avaient fait savoir leur intérêt pour le club : "Il y avait encore quelques groupes intéressés. Il y avait celui de Paulo Tavares mais il n'avait absolument pas les faveurs des propriétaires donc il a été éliminé. Un autre groupe américain était intéressé et il y avait d'autres intérêts. Sauf que beaucoup se disaient que financièrement c'était compliqué avec le club en Ligue 2. Une autre donnée est à prendre en compte : c'est le deal CVC. Ça dépasse Saint-Étienne mais la Ligue 1 et la Ligue 2 seront amputées l'année prochaine de 17 à 18% notamment quant aux droits TV. Vu qu'on a amputé une partie des revenus des clubs à vie, forcément les valeurs sont moindres, et ça décourage certains investisseurs qui espèrent faire des opérations financières."


Le journaliste s'exprime derrière sur Kilmer Sports Ventures, pressenti pour racheter l'ASSE : "À partir du printemps, Bernard Caïazzo qui est derrière cette piste-là, stoppe tous les pourparlers avec les autres groupes, pour se concentrer sur ce groupe canadien. L'argent n'est pas un problème pour eux et ça c'est une bonne nouvelle pour Saint-Étienne, quand on voit notamment le nombre de rachats foireux. (...) Quand tu vois Nancy, quand tu vois le Red Star et ce fameux 777 partners qui a également le Standard de Liège où c'est le début de la fin, quand tu vois tous ces groupes qui se font prêter de l'argent avec des taux d'intérêts par possibles, qui ne sont pas fiables, qui essayent de se faire de l'argent sur le dos des clubs, c'est quand même rassurant quand tu vois le nombre de margoulins, de voir que là tu as un groupe détenu par un milliardaire reconnu avec de l'argent traçable. C'est à dire que si Saint-Étienne connaît le purgatoire, il n'ira pas forcément en faillite quand tu vois son propriétaire. (...) Sur le projet présenté, on dit qu'on veut s'appuyer sur de la data, sur des jeunes etc mais c'est très dur d'en savoir plus. On nous donne des grandes lignes. Il ne faut pas oublier que ce groupe-là n'a aucun club en dehors de la ville de Toronto, que Gazidis ne connait pas le football français et qu'il a dirigé Arsenal et le Milan, des contextes totalement différents. Gazidis ne sera pas là continuellement à Saint-Étienne. Il devra s'appuyer sur d'autres hommes. On ne doute pas du côté professionnel mais là c'est un contexte totalement différent : un club intermédiaire qui essaie de remonter. Ce qui est intéressant c'est qu'on n'a pas prévu de dépenser énormément : on a prévu d'être raisonnable. Je rappelle que c'est géré par un grand businessman donc je ne pense pas qu'on va lui faire à l'envers de ce côté-là."

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Néanmoins, Romain Molina alerte sur le fait que rien n'est encore fait concernant la vente de l'ASSE, rappelant que deux autres potentiels acheteurs avaient atteint l'étape des négociations exclusives, sans que ça n'aille au bout : "Évidemment aujourd'hui, ce n'est pas encore fait. Je rappelle que l'AS Saint-Étienne a été en négociations exclusives deux fois et deux fois ça a foiré ! La première fois parce qu'on a demandé plus d'argent, la seconde parce qu'on avait caché certaines choses et que finalement on ne s'est pas mis d'accord, avec un problème d'égo et on va dire de différence culturelle, je dirais ça comme ça. Ce n'est pas encore fait. La piste vient de Bernard Caïazzo qui force la main à Roland Romeyer."


Le journaliste indépendant s'exprime ensuite sur le prix de vente, qu'il trouve tout de même anormalement bas en cas de remontée en Ligue 1 : "Le prix, on entend 20 millions d'euros et d'un bonus de 5 millions d'euros en cas de montée en Ligue 1, mais je ne comprends pas. À un moment donné, on évoquait un bonus de 10 millions d'euros en cas de montée voire un peu plus, 10 à 15 millions, ce qu'on peut comprendre. Là maintenant ce serait 5 millions... Je rappelle que le Red Star a été vendu 19 millions d'euros, en National 1. Si Saint-Étienne monte en Ligue 1 c'est 25 millions d'euros ? Alors petite nuance tout de même, les propriétaires ont tout de même le couteau sous la gorge. Ils ont tellement attendu, tellement rêvé du prince charmant et des millions, qu'il faut maintenant remettre au pot. Cela fait des années que j'explique qu'à Saint-Étienne il y a déficit structurel de 15 à 20 millions par an qui est seulement compensé par des ventes. C'est super risqué ce modèle-là. Cet été, malgré les joueurs corrects, il n'y a pas assez pour faire rentrer entre 15 et 20 millions d'euros. C'est à dire qu'il faut remettre au pot : là le nouvel acheteur va acheter le club et immédiatement ré-injecter 20 millions d'euros pour compenser le trou. Il faudra encore un peu plus parce qu'il y aura encore des pertes liées au déficit structurel. Si on analyse : il y a le prix de vente autour de 20 millions, directement 20 autres millions ré-injectés pour combler le déficit structurel et prévoir un peu plus pour compenser les pertes à venir de l'année prochaine. Ça fait donc une valeur moindre pour les actionnaires, même si je le répète, si ça remonte en Ligue 1, je trouve ça anormalement peu. (...)


Ce que les actionnaires vont récupérer, ce n'est pas tellement le problème des fans. Surtout cela démontre, que depuis des années et des années, le club aurait déjà dû être vendu sauf que la cupidité, la gourmandise et les égos font que nous sommes dans une situation quasiment inextricable. Bonne chance au peuple vert, on va dire qu'on est rassuré par le profil, on demande à voir. On va être réaliste : le projet va se dessiner mois après mois. J'ai passé beaucoup d'appels et aujourd'hui ils sont très intéressés (les futurs acheteurs, ndlr), ils veulent finaliser mais il n'y a pas encore d'accord. Il y a quelques points d'achoppements mais ça avance plutôt bien. Je le répète encore une fois : pour que Saint-Étienne retrouve son luxe d'antan, l'organigramme est totalement à changer. Ce n'est pas que les gens ne foutent rien et son incompétents mais c'est qu'ils ne sont pas mis aux bonnes positions, quand on va comprendre ça on aura tout compris. Je me dis aussi qu'un club qui ne serait plus phagocyté par l'influence de deux dirigeants qui ne s'aiment pas avec les clans, évidemment on peut espérer un avenir positif pour les Verts."

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