Soucasse prend enfin la parole et revient sur le fiasco stéphanois
Plus de 48 heures après la relégation de l'AS Saint-Étienne et la soirée cauchemardesque vécue par le club et ses supporters face à Auxerre, Jean-François Soucasse, président exécutif de l'ASSE s'est enfin exprimé sur l'antenne de notre partenaire France Bleu Saint-Etienne Loire.
Le dirigeant stéphanois a dans un premier temps cherché péniblement à justifier ce silence assourdissant après la descente, qui a fragilisé l'institution : "On va essayer de faire beaucoup de pédagogie. Il y a eu un communiqué des actionnaires à la fin du match qui abordait certains sujets. Quand vous vivez une sorte de deuil, qu'il y a double sidération : celle liée à la descente du club et celle liée aux incidents. Que vous descendez dans un vestiaire qu'il y a des pleurs, des cris, des joueurs et un staff prostré, qu'il y a de la fumée, de la lacrymogène. J'ai considéré et je considère que mon rôle et ma place n'est pas de montrer ma tête pour sortir 2,3 mots convenus aux médias. Ma place était avec les gens avec qui je travaille au quotidien. J'entends, je suis ouvert, j'essaie de comprendre ce qu'il se passe. La violence de ces événements, on l'a aussi découvert au fur et à mesure du déroulement de la soirée. Je comprends ce qu'on ressenti ces gens. Notre responsabilité aujourd'hui est bien plus grande que derrière une prise de parole convenue, c'est un peu plus complexe que ça."
Si celui qui a déjà connu la relégation avec Toulouse a donc fait le choix de rester avec un staff et des joueurs, qui pour plus de 50% d'entre eux ne connaîtront pas la Ligue 2 avec les Verts. Il assume néanmoins cet échec et veut en prendre la responsabilité. Il est également revenu sur les incidents qui ont émaillé l'après-match avouant l'impuissance du club face à ces faits se généralisant : "Je crois que la descente et les événements sont graves. Il ne faudrait pas non plus avoir le manque de décence de se cacher derrière ces événements. Première chose, saison manquée, relégation à laquelle on n'a jamais voulu croire, encore plus dans une double confrontation avec une équipe de Ligue 2 se terminant dans un stade acquis à notre cause. Ce groupe avait flirté avec le vide, il avait toujours su faire preuve de résilience. Il ne faut pas fuir nos responsabilités, on ne peut trouver d'autres responsables que nous. Sur les événements, ce sont des comportements qui se radicalisent, dont la fréquence augmente, qui se généralisent sur notre territoire, pas seulement dans des clubs habitués. Ce sont des problèmes d'une complexité très forte, qui nécessite le concours de beaucoup de parties prenantes et des solutions. Le club doit évidemment chercher à en trouver. Ce qui est certain, c'est que les incidents sont en croissance, les coûts pour le club multipliés par deux en deux mois : 500 stadiers, entre 200 et 300 forces de l'ordre des effectifs ne cessant de croître. Force est de dire que les solutions ne sont pas trouvées. Lorsque face à Monaco vous arrivez à avoir 500 fumigènes. Un fumigène ça a la taille d'un doigt. Il y a aussi des contraintes techniques. Aujourd'hui, quelqu'un qui veut obstinément l'intrusion d'un fumigène dans un stade, c'est faux de dire que le club a la capacité, pas plus que les forces de l'ordre, à juguler ce phénomène. On doit sûrement faire mieux. Il faut faire preuve de pédagogie. Je pense qu'on a un sujet qui est loin d'être neutre, ce sont les sanctions collectives. Aujourd'hui ça heurte le bon sens de tout le monde, 50 fumigènes 8000 personnes qui n'ont pas le droit de stade. Est-ce que c'est juste ? Non ! Est-ce que c'est pédagogique ? La preuve, ça continue. Est ce que ce n'est pas de nature à créer un sentiment d'impunité ? Nous défendons les sanctions individuelles qui existent a peu près sur tous les autres faits et délits dans la société."
Des incidents qui vont évidemment avoir des conséquences, potentiellement graves pour le club qui pourrait débuter en Ligue 2 avec des points retirés : "Ce dossier est en instruction au vu de la gravité des faits, on écarte aucune hypothèse dont le retrait de points. Il y a des plaintes déposées, des analyses mises en place pour définir les identités des personnes qui se sont rendues coupables d'actes graves."
L'ASSE et ses dirigeants sont désormais tournés vers l'avenir et ce retour en Ligue 2, avec l'objectif de reconstruire ambitieusement le club : "Aujourd'hui, ce que je peux dire, c'est que je porte la charge de l'échec. Ce n'est pas parce qu'on est dans le silence qu'on est dans l'inaction. Je porte aussi la responsabilité de permettre au club de se relever. Une relégation en L2 c'est un budget divisé par 2, une incidence financière, économique, juridique, commerciale... Voilà pourquoi on se laisse 48 heures pour respirer, être auprès des équipes et lundi matin pour reconvoquer tous vos cadres. Redéfinir un plan d'action, certes c'est un club de football mais aussi une entreprise qui doit faire face à un chiffre d'affaires divisé par deux. Je me suis donc attaché à redéfinir le plus vite possible et de manière précise un plan d'action. Comment on redimensionne un club en se réjouissant que les derniers 18 mois aient permis de consolider de manière très significative les fonds propres. Le challenge est immense. Avec moi, il y a une équipe. Je confirme qu'il n'y aura pas de plan social à l'ASSE. Le chiffre d'affaires sera divisé par 2 en L2. Les arbitrages se font dans un premier temps autour de l'équipe professionnelle. Il se trouve qu'avec autant de joueurs en fin de contrat, nous avions la possibilité de repartir d'une feuille blanche en Ligue 1 mais aussi d'aborder ambitieusement une saison en L2."