Tactiquement, physiquement, que se passe-t-il à l'ASSE ?
Face à Nice quelques jours plus tôt, puis face au Stade de Reims samedi dernier, Pascal Dupraz et son staff ont perdu la bataille tactique. Laissant une équipe sans réponse sur le terrain, là où l'adversaire a su se réajuster pour performer.
C'est un sujet qui a souvent titillé l'entraîneur de l'AS Saint-Étienne depuis sa signature dans le Forez. Vu par les observateurs uniquement comme un "gueulard", le technicien haut-savoyard a toujours défendu ses capacités tactiques. Il a même parfois pu compter sur le soutien de ses joueurs, comme Paul Bernardoni il y a quelques semaines de cela : "Ça me fait toujours rire les gens qui disent tacticien, pas tacticien. Ça veut dire quoi tacticien ? On n'a pas forcément la même façon de penser tactique. L'essentiel, c'est que cela nous convienne à nous, à nous les joueurs."
Après des débuts idylliques, la dynamique s'est inversée : un seul succès sur les dix derniers matchs, quatre défaites de suite série en cours. Une série noire qui correspond avec la blessure de Falaye Sacko, la recrue hivernale de Saint-Étienne. Son profil atypique dans la défense à cinq n'a jamais pu être compensé. Saïdou Sow qui possède le profil s'en rapprochant le plus a longtemps été mis de côté, la faute à une blessure, mais pas seulement, Sow rongeant son frein en réserve avant de revenir dans le groupe professionnel. Résultat, Pascal Dupraz persiste à maintenir une défense à cinq qui prend l'eau en l'absence de Sacko : 25 buts encaissés en 8 matchs soit plus de 3 buts par rencontre.
Avant Rennes, les journalistes présents avaient d'ailleurs posé une nouvelle fois la question du système de jeu, Pascal Dupraz se montrant totalement hermétique au changement : "C’est impossible de jouer à quatre derrière sur 94 minutes. Comme je décide, je me convaincs que ce n’est pas possible. Tous les jours je m’en rends compte, pour des raisons tactiques et techniques." Cette absence de capacité d'adaptation selon les adversaires, les joueurs à disposition ou selon l'évolution d'un match ont éclaté au grand jour lors des deux dernières rencontres.
Face à Nice, Saint-Étienne réalise une première mi-temps qualifiée de parfaite, le score est de 2-0 à la pause en faveur des Verts, on pense alors que l'ASSE va réaliser la bonne opération. À la pause, les cadres niçois prennent la parole et surtout, Christophe Galtier effectue des réajustements tactiques payants. Nice est transfiguré et Saint-Étienne perd pied. Les changements interviennent tardivement et en face, aucune réponse n'est apportée pour contrecarrer les modifications de l'ancien coach de l'ASSE. Todibo ne manquera pas de souligner ce tournant tactique dans la rencontre.
Ce samedi, face à Reims, bis repetita, Saint-Étienne malgré l'ouverture du score rapide des visiteurs réalise une belle première mi-temps, mettant en difficulté Reims. À la pause, Oscar Garcia change de système de jeu et effectue trois changements, l'effet est immédiat. Le Stade de Reims est bien plus séduisant, tranchant et surtout, Saint-Étienne souffre et ne parvient plus à bousculer cette équipe. Là encore, aucune réponse tactique n'est apportée dans l'immédiat, Arnaud Nordin qui devait effectuer son entrée en jeu est rappelé sur le banc par son coach à la seconde même où le deuxième but rémois est inscrit, Harold Moukoudi lui étant préféré. L'ASSE garde le même schéma, la même animation, avant de rectifier le tir en fin de rencontre. Problème, les joueurs n'évoluent plus à leur poste, Gourna vient couvrir en défense un Moukoudi s'improvisant milieu de terrain, Bouanga termine la rencontre arrière gauche, Sacko à droite.
Lors de ces deux rencontres, l'entraîneur des Verts évoque "des carences athlétiques ahurissantes" pour expliquer ce Saint-Étienne à deux visages. Face à Nice, les Verts manquaient peut-être de rythme après une coupure de dix jours... Les Aiglons étaient eux au milieu d'une semaine à trois matchs. Contre Reims, la formation ligérienne avait joué trois jours auparavant et devait donc ressentir de la fatigue, des arguments qui peinent à convaincre. De surcroît, il convient de rappeler que Pascal Dupraz est venu dans le Forez accompagné d'un adjoint en charge de la préparation physique : Baptiste Hamid, lui même soutenu par Thierry Cotte et un staff étoffé dans ce domaine sous l'ère Claude Puel.
Une addition qui passe mal quand Wahbi Khazri, en zone mixte ce samedi explique lui aussi ce déficit physique criant : "À la 60ème minute, on avalait la soupe et on n'arrivait pas à tenir le ballon". Endurants sous Claude Puel, les Verts n'étaient pas séduisants dans le jeu. Entreprenants avec Pascal Dupraz, ils sont désormais friables sur la durée, laissant apparaitre de nombreux trous d'air pendant les matchs. Un discours difficilement recevable pour les supporters du club qui ne conçoivent pas que l'ASSE et ses joueurs ne se "dépouillent" pas pour rester en L1.
Pascal Dupraz dispose de cinq jours pour trouver des solutions tactiques et physiques pour sauver le club, bien que les Verts soient dépendants du résultat des Messins. Dernier acte et ultime élément de réponse, samedi soir sur la pelouse de Nantes, avant peut-être de disputer un barrage pour laisser l'ASSE au plus haut niveau du football français.