Yahia : "Pointer Moulin du doigt, c'est se tromper de combat"
Ancien Vert, Alaeddine Yahia garde un œil attentif sur les performances du club du Forez. Après le Derby "rassurant" contre Lyon, le joueur a répondu à nos questions et livré son avis sur ce Saint-Etienne version 2020-2021.
Après la défaite contre Montpellier, vous avez confié dans l’émission LensFoot « tu ne peux pas te maintenir avec une équipe aussi jeune. C'est impossible. Heureusement qu'ils ont pris dix points »...
On m'a demandé mes trois prétendants pour la descente. Je me suis prêté au jeu et sur ce que je voyais depuis quatre matchs. Je ne le souhaite en aucun cas, parce que Saint-Etienne est un très grand club mais sur ce que j'ai vu, et notamment suite aux matchs face à Metz et Montpellier, je me suis dis "tu ne peux pas te maintenir avec une équipe comme ça". Avec autant de jeunes en même temps dans cette équipe c'est impossible. Après dans le foot ça va très vite. Le match contre Lyon m'a rassuré, malgré la défaite, c'est un match rassurant.
Justement dans ce Derby il y a des motifs d’espoirs ?
Déjà sur ce match de Lyon, tu retrouves Moukoudi et Kolodziejczak dans l'axe, ce n'est pas rien, Trauco à gauche. Mahdi Camara est plus un latéral droit qu'un milieu de terrain, à mon sens. La preuve, il a fait un bon match. Devant tu retrouves Bouanga, Khazri qui entre, Hamouma. C'est déjà plus consistant. Je n'ai rien contre les jeunes, ils sont bons. Mais un jeune dans cette situation là sans expérience, c'est très compliqué.
Il y a un joueur que je ne connais pas personnellement, mais que je trouvais bon lorsque j'évoluais contre lui, c'est Ryad Boudebouz. Le dernier match que j'ai vu de lui avec Saint-Etienne, c'est celui où il marque contre Rennes et qualifie Sainté pour la finale. Boudebouz est un bon joueur de Ligue 1, il pourrait faire énormément de bien à cette équipe de Saint-Etienne. Que ce soit sur les coups de pied arrêtés, dans l'entrejeu avec sa qualité de passe, sa capacité à éliminer. C'est un luxe de l'avoir dans son effectif.
Dans cette lutte pour le maintien, des équipes comme Nîmes ou Dijon ne sont pas plus faibles ?
Sans offenser Nîmes ou Dijon, en début de saison, ils sont préparés pour jouer le maintien. Ce n'est pas le cas d'un club comme Saint-Etienne. Ok, c'est peut-être une année de transition, mais tu as consentis des efforts sur certains joueurs, pas pour jouer le maintien. En aucun cas, on s'est dit Saint-Etienne joue le maintien comme Nîmes, Dijon, Lorient ou encore Brest. C'est plus une anomalie de voir Saint-Etienne dans ce classement là que Nîmes ou Dijon.
La jeunesse de l’effectif est pointée du doigt, l’absence de cadres… Pourtant, les Verts en ont pratiquement dans toutes les lignes : Moulin, Debuchy, Kolodziejczak, Hamouma, Khazri, Monnet-Paquet, Bouanga dans une moindre mesure, ça reste insuffisant ?
Justement, il manque un joueur qui est énorme dans l'impact, c'est Debuchy ! Il n'est pas là. Si on regarde l'équipe du début de saison, et celle du moment, ça n'a rien à voir. Tu as Fofana, Debuchy, tu viens de récupérer Moukoudi et Kolodziejczak, ce n'est pas pareil.
Dans ces moments difficiles, le poste de gardien est important. Que pensez-vous des performances de Jessy Moulin, propulsé numéro 1 cette saison ?
Jessy Moulin c'était le meilleur gardien de France en début de saison, et maintenant tout est de sa faute. C'est un très bon gardien, qui doit toujours prouver plus que les autres. Certes, il a moins d'expérience que Ruffier mais c'est un excellent gardien. Le pointer du doigt, c'est se tromper de combat. Avoir un Moulin dans son effectif, c'est un luxe. Je connais le joueur, je connais l'homme, c'est vraiment un luxe. Mais on aime bien chier dans les bottes de certains, parce qu'il vient du club, parce que ceci, parce que cela, il ne dit rien Jessy... C'est un bon gardien.
Vous avez eu l’occasion au cours de votre carrière de lutter pour le maintien. Quelles sont les qualités dont il faut faire preuve pour s’en sortir ?
Ce n'est pas une question de qualité. Il y a trois choses primordiales. Le travail, la solidarité et conserver une ambiance bonne et saine, et tu t'en sors. En te réfugiant dans le travail, en ayant un groupe solidaire qui ne se tire pas dans les pattes, tu t'en sors. J'ai connu des descentes, et c'était toujours parce que le groupe n'était pas sain. Des gens te tirent vers le bas et lorsque c'est le cas, c'est forcément compliqué.
Claude Puel reste l'homme de la situation ?
Bien sûr. Ce n'est pas n'importe qui comme entraîneur Claude Puel. Au mois d'août ou septembre, c'était le meilleur entraîneur du monde et désormais il est remis en question. Il est reparti sur un nouveau projet avec des jeunes qui est risqué, c'est vrai. Mais il y a des choses qu'il ne maîtrise pas. Certes, il souhaite jouer avec des jeunes, mais pas autant que lors des derniers matchs, j'en suis sûr à 1000%. Mais il y a des blessures, la COVID-19, des situations avec des joueurs dont on ne sait pas s'ils vont ou pas partir. Il aime faire jouer des jeunes, comme le petit Gourna-Douath. Mais faire jouer huit jeunes pendant dix matchs, tu peux être sûr que ça va être compliqué. Il ne faut pas non plus oublier que plusieurs jeunes qui jouent sont descendus en N3 avec la N2 la saison passée...